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50 % des Américains veulent un retrait des troupes US Malgré la violence et les élections, Bush garde le cap, mais sans le dire

Le président George W. Bush a livré, mercredi, une de ses plus sombres appréciations à ce jour de la situation en Irak, sans toutefois annoncer un changement de cap devenu peut-être l’enjeu le plus important des élections parlementaires américaines du 7 novembre. Devant la vague de violences des dernières semaines, M. Bush a exprimé mercredi son inquiétude et un début d’impatience comme jamais depuis mai et l’investiture du gouvernement irakien. « La patience de l’Amérique n’est pas illimitée », a-t-il dit. Mais il s’est bien gardé de dire ce que l’Amérique ferait quand sa patience serait épuisée, parmi d’autres questions laissées sans réponse. Celles-ci risquent de conforter les Américains dans leur opposition à la guerre en Irak, mais aussi dans leur sentiment, partagé par 64 % d’entre eux selon un sondage mené pour la chaîne de télévision CNN mi-octobre, que M. Bush ne fait pas ce qu’il faut en Irak. Selon un sondage Reuters/Zogby rendu public hier, 50 % des Américains se déclarent en outre favorables à un retrait des troupes au plus tard à la fin 2007. Parmi eux, 15 % demandent un retrait immédiat. Ils sont par ailleurs 41 % à souhaiter que le contingent américain reste en Irak jusqu’à ce que « la situation soit stable ». Environ un an après les élections législatives irakiennes, ces dernières sont désormais trop lointaines pour convaincre les Américains du bien-fondé du combat irakien, tout comme la capture de Saddam Hussein, l’adoption d’une Constitution, l’installation du premier gouvernement permanent élu depuis le renversement de Saddam Hussein, ou la mort du chef d’el-Qaëda dans le pays, Abou Moussab al-Zarqaoui. Ce que les Américains voient aujourd’hui, c’est, selon les mots d’un membre éminent de la majorité de M. Bush, le sénateur John Warner, un Irak qui « part tout simplement à la dérive ». Ce que les républicains voient, c’est que cette dérive risque de leur être fatale le 7 novembre. Lors de sa conférence de presse mercredi, M. Bush a évoqué les « très importants progrès » réalisés. Mais il a beaucoup parlé de « bain de sang », de « revers », il a reconnu que le mois d’octobre serait le plus meurtrier pour l’armée américaine depuis un an. Il a, pour la première fois aussi clairement, affirmé la nécessité de faire pression sur le gouvernement de Nouri al-Maliki. Il a insisté sur les ajustements tactiques auxquels les Américains procèdent « constamment » selon lui. Et il ne dit plus que les États-Unis « maintiendront le cap » vaille que vaille, des mots dont l’opposition démocrate a fait l’un de ses principaux slogans pour dénoncer un entêtement aveugle et battre les républicains aux élections. Mais il a refusé de répondre aux questions « hypothétiques » sur ce que feraient les États-Unis si leur patience était à bout ou si l’Irak sombrait dans la guerre civile. « La rhétorique a changé, c’est indéniable », setime Justin Logan, un expert de l’institut Cato de Washington, « le président a reconnu de manière significative les échecs subis. Mais il n’a donné absolument aucun signe d’un changement de cap, et il ne semble pas comprendre que ce dont les Américains sont fatigués, ce n’est pas de la rhétorique du maintien du cap, c’est de la politique du maintien du cap ». « La bouteille est neuve, mais le vin a tourné, renchérit Derik Chollet, expert au Centre d’études stratégiques et internationales. C’est une caractéristique constante : quand l’Administration est confrontée aux critiques, elle essaie de reprendre le contrôle du débat. C’est ce qu’elle a fait en novembre 2005 quand elle a sorti ce qu’elle appelait sa stratégie pour la victoire en Irak. Mais cela ne change rien aux réalités sur le terrain. » « On verra dans quelques semaines si les Américains mordent à l’hameçon. Mais je crois que les Américains se sont déjà fait leur opinion. Ils voient ce qui se passe en Irak et ils voient que cela se passe mal, quoi que les politiciens disent, et que l’Administration n’a pas de plan ». Et le 7 novembre, dit-il, la question qu’ils se poseront au sujet de l’Irak, « c’est comment on peut améliorer les choses et en votant pour qui ».
Le président George W. Bush a livré, mercredi, une de ses plus sombres appréciations à ce jour de la situation en Irak, sans toutefois annoncer un changement de cap devenu peut-être l’enjeu le plus important des élections parlementaires américaines du 7 novembre.
Devant la vague de violences des dernières semaines, M. Bush a exprimé mercredi son inquiétude et un début d’impatience...