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Actualités - OPINION

TRIBUNE Utiliser l’aide à bon escient Nouhad BAROUDI

L’aide non remboursable dépasse à ce jour 1,8 milliard de dollars : 1 045 millions octroyés par l’Arabie saoudite (500 millions), le Koweït (300 millions), les États-Unis (175 millions) et la Banque mondiale (70 millions), auxquels s’ajoutent 776 millions promis par 38 pays le 31 août dernier à Stockholm (mis à part 120 millions de prêts bonifiés), dont 70 % proviennent de 5 sources : le Qatar (300 millions), les Émirats arabes unis (70 millions), l’Arabie saoudite (60 millions), les États-Unis (55 millions) et l’Union européenne (54 millions). Une bonne partie de cette aide est laissée à la discrétion de l’État libanais quant à son utilisation. Il me semble que la priorité devrait aller à deux domaines bien précis : alléger le déficit des finances publiques et payer la part « locale » du coût des projets financés par des prêts étrangers. 1- Alléger le déficit des finances publiques Le ministère des Finances estime que, du fait de la guerre, le déficit budgétaire pour cette année passerait des 2,3 milliards de dollars initialement prévus avant la guerre à... 3,9 milliards. Cette ardoise supplémentaire de 1,6 milliard proviendrait d’une baisse des recettes de plus de 900 millions associée à une hausse des dépenses de près de 700 millions. J’avais évoqué récemment dans ces colonnes la non-transparence du budget de l’État dans sa structure présente. J’avais cependant omis de signaler que cette structure obsolète date de plusieurs dizaines d’années déjà et n’est donc nullement le fait de notre très compétent ministre actuel. M. Azour, qui réalise mieux que personne la gravité de la situation, sait qu’une injection d’argent frais de quelques centaines de millions dans son budget en tant que recette exceptionnelle serait la bienvenue. D’ailleurs, toutes ces aides qui affluent au Liban sont bien dans le but de faire face aux sequelles de la guerre en soutenant l’action du gouvernement de M. Siniora dans ses efforts de reconstruction, de redressement économique et d’application de la résolution 1701. Et quoi de plus approprié que d’aider l’État à réduire cette ardoise de guerre, ce déficit supplémentaire anticipé de 1,7 milliard ? Une décision en ce sens serait également très bien vue de la communauté financière internationale (le FMI, les « rating agencies ») qui pourrait l’interpréter comme une volonté de subventionner les intérêts sur la dette publique qu’il faudra payer cette année et qui se montent à plus de 3 milliards de dollars... cela en guise d’exemple à suivre par les bailleurs de fonds chers. 2- Payer la part « locale » du coût des projets financés internationalement Les prêts consentis pour l’exécution d’un certain nombre de projets, soit par des institutions (Banque mondiale, Banque européenne d’investissement, Fonds arabe, Fonds koweïtien, Banque islamique, etc.), soit par des protocoles d’accord bilatéraux, ne financent jamais ces projets à 100 %. Une part du coût est laissée à l’État, en général entre 10 et 15 %. Cette part « locale » comprend par exemple le coût des expropriations des terrains nécessaires à l’exécution du projet, que les bailleurs de fonds refusent systématiquement de payer. Malheureusement, il est souvent arrivé que le coût des expropriations relatif à un projet n’ait pas été inscrit dans le budget de l’État, occasionnant des retards considérables dans l’exécution. Il y a même eu des cas où le prêt a été tout simplement annulé, faute d’exécution dans les délais prévus, le prêteur se trouvant dans l’obligation d’utiliser les fonds ailleurs (et pas au Liban) plutôt que de les garder gelés pour un projet qui n’arrive pas à démarrer. C’est pour pallier ce genre de situation qu’il serait justifié d’orienter une partie de l’aide vers le financement de cette fameuse part « locale », afin de ne plus encourir le risque de retard d’exécution, très coûteux économiquement et financièrement, ainsi que le risque, encore plus coûteux, d’annulation pure et simple des crédits.
L’aide non remboursable dépasse à ce jour 1,8 milliard de dollars :
1 045 millions octroyés par l’Arabie saoudite (500 millions), le Koweït (300 millions), les États-Unis (175 millions) et la Banque mondiale (70 millions), auxquels s’ajoutent 776 millions promis par 38 pays le 31 août dernier à Stockholm (mis à part 120 millions de prêts bonifiés), dont 70 % proviennent de 5...