Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Génocide ou non?

Dire, comme M. Georges Chebib, qu’il vaudrait mieux éviter à l’État libanais le ridicule dans les sphères internationales s’il décide de porter plainte contre Israël pour génocide (L’Orient-Le Jour du 6/10/2006) est une prise de position très discutable au regard des pratiques qui dépassent les crimes de guerre et ceux contre l’humanité. Je cite: l’emploi de jouets piégés visant les enfants (tablettes de chocolat, grenouilles, porte-clés, etc.), avertir les populations civiles de sortir de leurs localités pour ensuite les bombarder en groupe lors de leur sortie (ce qui rend plus facile et moins coûteuse leur extermination), les raids contre les cortèges funèbres des victimes civiles tuées, l’emploi des armes à extermination massive dont certaines restent inconnues jusqu’à présent, etc. Les dirigeants israéliens avaient déclaré sans aucun scrupule, lors du déclenchement de leur guerre contre le Liban, leur intention «de faire ramener le Liban vingt ans en arrière», démontrant ainsi leur refus du droit à l’existence de tout un pays et d’un groupe humain en entier. D’autre part, Israël est un État récidiviste dans ce domaine, puisqu’il a été déjà condamné pour génocide par l’assemblée générale de l’ONU pour les massacres de Sabra et Chatila (rés. 37/123, D du 16 décembre 1982) qui : «1- condamne dans les termes les plus énergiques le massacre massif de civils palestiniens (et libanais en l’occurrence – AF) dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila ; 2- décide que le massacre a été un acte de génocide». Plus récemment, Frances A. Boyle, professeur de droit à l’Université de l’Illinois, a adressé un appel au secrétaire général de l’ONU dans lequel il demande la formation immédiate d’un tribunal criminel international pour poursuivre Israël «pour ses crimes contre l’humanité et son génocide à l’encontre des peuples du Liban et de la Palestine». D’autre part, la conférence extraordinaire sur la détérioration de la situation au Moyen-Orient au regard de la loi internationale, tenue à Paris les 26 et 27 août 2006, a constaté à l’unanimité dans sa déclaration finale que l’agression des forces armées israéliennes à Gaza et au Liban constitue «une grave violation» de (...) la convention sur le génocide de 1948. Quant à la possibilité de saisir le TPI, bien que le Liban n’ait pas adhéré au traité de Rome, il est loisible de consulter l’article 15 des statuts qui donne au procureur général de cette cour le pouvoir de prendre l’initiative d’une poursuite sur la base d’une dénonciation faite par une entité étatique ou privée. Enfin, je comprends bien l’inquiétude que suscite le risque de l’action gouvernementale aux «calicots brandis lors des manifestations», car il ne faut pas que «la qualité» soit noyée par «la quantité». Albert FARHAT Avocat à la cour Membre du barreau pénal international

Dire, comme M. Georges Chebib, qu’il vaudrait mieux éviter à l’État libanais le ridicule dans les sphères internationales s’il décide de porter plainte contre Israël pour génocide (L’Orient-Le Jour du 6/10/2006) est une prise de position très discutable au regard des pratiques qui dépassent les crimes de guerre et ceux contre l’humanité. Je cite: l’emploi de jouets...