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Actualités - OPINION

Aphorismes Peau d’bœuf pour peau d’vache

George W. Bush se verrait bien en père accoucheur d’un Nouveau Moyen-Orient dont la mère serait la sinon blanche du moins virginale Condoleezza. Mais pour mettre son bébé au monde, le président américain n’y va pas de main morte. Ce nouveau César, on l’aura compris, est un adepte de la césarienne. Or, à chaque fois qu’il applique le bistouri quelque part, un trublion se lève ailleurs pour le narguer. Cela me fait penser à cette histoire que Plutarque rapporte dans sa Vie d’Alexandre. Arrivé à l’Indus, Alexandre fit venir le philosophe indien Calanos qui lui proposa une image du pouvoir. Prenant une peau de bœuf sèche et « racornie », ce sage en piétina l’un des bouts. Pressée d’un côté, la peau se redressa ailleurs. Calanos fit ainsi le tour de la peau et il montra au grand conquérant que chaque fois qu’il pressait d’un côté, le même phénomène se produisait. En fin de compte, il se plaça au milieu de la peau et là, plus rien ne bougea. Alexandre comprit alors qu’il devait peser surtout sur le centre de son empire, au risque, sinon, de perdre tout pouvoir. Je me demande si l’un ou l’autre des conseillers du président américain a eu l’idée de lui faire part de cette histoire riche en enseignements. J’en doute. L’aurait-on fait qu’il ne se disperserait pas ainsi aux confins de son empire où il se trouve débordé de partout: il met l’Irak sous coupe réglée et le Venezuela lui fait un pied de nez; il met la pression sur l’Iran et la Corée du Nord lui rit au nez; il met le Soudan au pied du mur et la Somalie montre le bout de son nez; il met le paquet en Afghanistan et c’est au Liban qu’il se casse le nez. À croire que la géopolitique n’échapperait pas aux lois de la physique. Aurait-on raconté à Bush l’histoire d’Alexandre, du sage indien et de la peau de bœuf, nul doute qu’il penserait d’abord à peser de tout son poids au centre de son empire peau d’vache, là où même ses alliés et ses concitoyens contestent désormais son autorité. Le ferait-il, que le monde serait un meilleur endroit où vivre en paix. Percy KEMP

George W. Bush se verrait bien en père accoucheur d’un Nouveau Moyen-Orient dont la mère serait la sinon blanche du moins virginale Condoleezza. Mais pour mettre son bébé au monde, le président américain n’y va pas de main morte. Ce nouveau César, on l’aura compris, est un adepte de la césarienne. Or, à chaque fois qu’il applique le bistouri quelque part, un trublion se lève...