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Il y a 25 ans, Anouar Sadate, l’homme de la paix avec Israël, était assassiné L’Égypte de Moubarak : une stabilité menacée par un islamisme rampant

L’Égypte du président Hosni Moubarak incarne depuis un quart de siècle la stabilité dans une région en permanente ébullition, mais semble aujourd’hui minée par l’islamisme et la question sociale. C’est il y a 25 ans, après l’assassinat le 6 octobre 1981 de Anouar Sadate, l’homme de la paix avec Israël, que Hosni Moubarak, également issu du sérail militaire, s’est hissé à la tête du pays phare du monde arabe. Au-delà des épreuves, dont six tentatives d’assassinat, c’est la stabilité d’abord, mais seulement la stabilité, que Hosni Moubarak, âgé de 78 ans, a offerte à son pays, tout en l’ancrant dans une impopulaire alliance avec l’Occident. Si de remarquables réformes économiques ont été lancées sous son règne, assurant une croissance annuelle de 6 %, les questions-clefs restant en suspens portent sur la transition politique et la fracture sociale. Depuis son arrivée au pouvoir, la population de l’Égypte a en effet doublé pour atteindre 72 millions d’habitants, le chômage toucherait moins d’un actif sur dix, selon les chiffres officiels, mais les experts indépendants l’estiment à trois fois plus important. Selon la Banque mondiale, 43,9 % des Égyptiens vivent avec moins de deux dollars par jour, n’ayant clairement pas profité d’une redistribution des richesses ayant permis l’émergence d’une classe moyenne urbaine. Sur le plan politique, M. Moubarak a été réélu, il y a un an, jusqu’en 2011. Mais les signes s’accumulent d’un possible scénario dynastique, plaçant son fils cadet Gamal, 42 ans, en position de lui succéder. Reste le problème des Frères musulmans, le mouvement islamiste fondé dans les années 1920, devenu depuis les législatives 2005 le principal groupe d’opposition parlementaire, avec un député sur cinq. Officiellement interdite, mais tolérée, la confrérie s’est donnée pour slogan « L’islam est la solution ». Son courant le plus politique, qui se veut moderniste, reste la cible du régime, qui en a emprisonné les chefs de file. Exaspéré par une volée de critiques américaines, Hosni Moubarak a récemment rejeté les leçons de démocratie de Washington. Une accélération des réformes, selon lui, n’aboutirait en Égypte qu’à une chose : « le chaos ». Et c’est à son Premier ministre, Ahmad Nazif, qu’il a laissé le soin de préciser que la démocratie ne conduirait aujourd’hui à rien d’autre qu’à amener les islamistes au pouvoir. Hosni Moubarak, considéré officiellement comme le « héros » de la guerre d’octobre 1973 contre Israël, se voit aujourd’hui reprocher la perte de prestige de l’Égypte par un front d’opposition cimenté par le nationalisme. La guerre du Liban, et son dénouement d’apparence favorable au chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a fait ressurgir en Égypte le spectre encombrant de Nasser, dont l’héritage avait déjà été renié par Sadate. « Si Nasrallah est devenu un héros de la résistance, c’est aussi parce que Moubarak n’a pu être un héros de la paix, l’Égypte est orpheline d’un grand homme comme Nasser », estime Amr Choubaki, un chercheur du Centre d’études d’al-Ahram. Avec Israël, la paix s’est maintenue, mais fraîchement, sauf pour les affaires, qui prospèrent dans l’ombre pour ne pas irriter l’opinion publique.
L’Égypte du président Hosni Moubarak incarne depuis un quart de siècle la stabilité dans une région en permanente ébullition, mais semble aujourd’hui minée par l’islamisme et la question sociale.
C’est il y a 25 ans, après l’assassinat le 6 octobre 1981 de Anouar Sadate, l’homme de la paix avec Israël, que Hosni Moubarak, également issu du sérail militaire,...