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Actualités - REPORTAGE

Correspondance Les Amish, une communauté hors du temps, rattrapée par la violence

WASHINGTON - Irène MOSALLI Ils sont l’image d’Épinal d’une existence vécue sur le mode nature au pays de l’Oncle Sam, terre de la supermodernité où la technologie est en évolution permanente. L’environnement bucolique des Amish (dans l’État de la Pennsylvanie) n’a pas changé d’un iota depuis plus d’un siècle. On s’y déplace toujours en voiture à chevaux, on s’éclaire aux lanternes et aux bougies et on ignore souverainement l’électricité, les téléphones, cellulaires ou non, et autres télévisions... C’est à peine si l’État a pu éclairer les routes par mesure de sécurité. Au sein de la communauté amish, on vit des produits des fermes, des champs et de l’artisanat. Les hommes laissent pousser leur barbe et les femmes sont vêtues de robes longues et de bonnets. Les Amish cultivent en outre le pacifisme et refusent totalement de servir dans l’armée. Cet univers où règnent la simplicité, la modestie et la sécurité (ici pas besoin de fermer ses portes), a néanmoins été rattrapé il y a quelques jours par la violence. Un homme armé, présenté comme un père de famille tranquille, a tué de sang-froid, d’une balle dans la tête, cinq enfants (des petites filles) et en a blessé huit dans une paisible école amish de Pennsylvanie, avant de se donner la mort à l’arrivée de la police. Cet homme, nommé Charles Robert, 32 ans, en voulait à Dieu qui lui a pris une fille morte 20 minutes après sa naissance. Il aurait aussi confié à son épouse qu’il était hanté par un terrible sentiment de culpabilité après avoir molesté, il y a 20 ans, deux enfants de sa famille et l’envie de perpétrer, à nouveau, ce crime. Il ne faisait pas partie de la communauté amish où il se rendait néanmoins régulièrement à bord de son camion pour collecter le lait produit dans cette région. Agressés par le monde qu’ils rejettent Ce crime odieux a laissé les Amish complètement atterrés. Généralement le pardon et l’acceptation de la souffrance font partie de leur culture religieuse. Ils n’ont pas l’esprit de vengeance. Au contraire, ils tendraient plutôt la joue droite si on les frappait sur la joue gauche. Ils ont la réputation d’accepter avec calme la volonté de Dieu et se montrent très solidaires en toutes circonstances, en particulier dans la douleur. Les Amish sont une branche de l’église mennonite fondée en Alsace en 1693 par le Suisse Jakob Ammann. Ils sont arrivés aux États-Unis au XVIIIe siècle et continuent de pratiquer leur religion comme au XVIIe siècle. Ils parlent un dialecte dérivé de l’allemand et leur principale règle de vie est la suivante : « Tu ne te conformeras point à ce monde qui t’entoure. » Ils l’ont suivie à la lettre mais le XXIe siècle et sa violence, qu’ils rejettent en bloc, viennent d’agresser leur monde paisible qui jusqu’à présent avait pu éviter d’être contaminé. Aux États-Unis, les Amish sont établis en Pennsylvanie et dans les États de l’Ohio et de l’Indiana. Leur société est dirigée par un consistoire d’anciens. Au sein de cette communauté, les femmes n’ont pas voix au chapitre. Chez eux, pas de sécurité sociale ni de cotisation à la retraite : l’entraide et la solidarité suppléent à tout cela. Les familles ont entre 8 à 10 enfants qui sont scolarisés jusqu’à l’âge de 14 ans seulement, en vertu d’une décision de la Cour suprême en 1972. Les classes sont en anglais et en allemand et la science et le sport sont exclus de l’enseignement. Il arrive que le père transmette la ferme à l’aîné dès le mariage. Le père devient alors généralement sculpteur artisanal ou tisserand. À noter que la tuerie de l’école amish est la troisième du genre survenue dans un établissement scolaire en une semaine aux États-Unis. Ce qui a poussé le président George W. Bush à mettre sur pied un organisme chargé d’étudier des mesures aptes à arrêter ces violences dans les écoles.

WASHINGTON - Irène MOSALLI

Ils sont l’image d’Épinal d’une existence vécue sur le mode nature au pays de l’Oncle Sam, terre de la supermodernité où la technologie est en évolution permanente. L’environnement bucolique des Amish (dans l’État de la Pennsylvanie) n’a pas changé d’un iota depuis plus d’un siècle. On s’y déplace toujours en voiture à...