Double aberration

Plus je l’attendais, plus je rêvais de lui, plus il me semblait lointain, douteux et inaccessible. Un beau matin, quelques heures après le lever du soleil, on me l’annonça ! Le cessez-le-feu, tant espéré, est finalement entré en vigueur. Les premiers jours, j’étais méfiante. Un mois auparavant, la guerre m’avait prise au dépourvu ; depuis, je m’étais juré de ne pas me laisser prendre une deuxième fois. Apaisée par le silence des bombardements, j’ai pris une grande décision. J’ai brisé une liaison à laquelle j’étais devenue dépendante, une liaison qui a failli coûter bien cher à mon couple. Oui, incroyable mais vrai, j’ai réussi à laisser tomber, comme une chaussette sale, la télévision et avec elle tous les débats des politiciens ou des pseudopoliticiens. Mais curieuse comme je suis, je n’ai pas pu me couper des nouvelles. Et ce soir, je dois l’avouer, je me suis trouvée confrontée à un problème qui m’a vraiment inquiétée. Je n’ai pas compris certains propos que j’ai entendus ! J’ai eu peur : est-ce que cela est une conséquence de la guerre ? Je me suis calmée une demi-heure plus tard, en réussissant à remplir correctement toutes les cases du Sudoku que je faisais. Mes méninges fonctionnent bien. Alors ? Revenons à cette fameuse phrase que je n’ai pas comprise : « Suite à la victoire du Hezbollah, le gouvernement doit démissionner. » Est-ce que finalement cette guerre n’était autre chose que des élections ? Non, sérieusement. À mon bien modeste avis, confondre l’échec des opérations militaires d’Israël contre le Liban et la « victoire » du Hezbollah est une aberration. Si Israël a essuyé un échec au Liban, il faut en voir les raisons, qui sont les suivantes : 1- Les différentes et importantes erreurs commises par les Israéliens. Les résultats de l’enquête en cours en Israël nous éclaireront plus là-dessus. D’après certains médias de l’ennemi, on parle d’un manque au niveau des préparations de l’attaque, d’un retard dans le rappel des réservistes, de cartes du Liban datant de 2002... 2- L’unité des Libanais. 3- La merveilleuse performance du gouvernement libanais, notamment celle de notre premier ministre, M. Siniora. 4- Le courage des résistants de Hezbollah, leur amour du martyre et leur idéologie. 5- Le grand réseau de communications, de médias et d’Internet, donc de propagande, mis en place par un grand nombre de Libanais au Liban et par l’immense diaspora libanaise, qui ont œuvré d’arrache-pied, à titre individuel ou institutionnel, pour transmettre au monde entier la vraie image de la guerre et des atrocités commises par Israël. Pour moi, c’est clair, le gouvernement doit rester. Roula DOUGLAS