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Actualités - CHRONOLOGIE

CIMAISES Picasso et l’art américain, une rétrospective majeure au Whitney de New York

«Ce type n’a rien manqué! » s’est un jour exclamé l’artiste américain Jackson Pollock à propos de Pablo Picasso. Ce commentaire admirateur ouvre une exposition majeure organisée à New York au Whitney Museum of American Art et consacrée à l’influence du maître andalou sur l’art américain. Né en Espagne, installé en France, Picasso n’a jamais mis les pieds aux États-Unis, mais ses œuvres y sont arrivées dès le début du XXe siècle et n’ont depuis cessé d’influencer. Sur tout un étage du Whitney, des œuvres de Picasso et d’artistes américains directement inspirés par lui se retrouvent côte à côte, des pièces souvent exceptionnelles rarement montrées au public, comme Nature morte (1908), le tout premier Picasso introduit aux États-Unis. De recherches documentaires en tentatives parfois ardues pour localiser les tableaux, le montage de cette exposition a nécessité 10 ans, dont près de la moitié passés à tenter de convaincre musées et collectionneurs d’Amérique, d’Europe ou du Japon de prêter leurs précieuses toiles. «Il n’a pas été facile de les convaincre de prêter ce qui est souvent leur pièce centrale», explique Adam Weinberg, le directeur du musée, pour qui cette exposition est «une des plus importantes jamais organisées» en 75 ans d’existence du Whitney. À travers 170 œuvres (dont 40 de Picasso), le musée offre d’abord un voyage dans le processus créatif des Américains, en focalisant sur neuf d’entre eux, ceux qui ont sans doute été les plus influencés par l’Espagnol, qui ont le plus assimilé ou au contraire transformé sa vision. L’héritage américain de Picasso s’est fait sentir tôt, avec le peintre Max Weber qui, en 1908, ramène Nature morte aux États-Unis de son séjour à Paris et s’en inspire très vite dans son travail. Max Weber convainc le New-Yorkais Alfred Stieglitz, galeriste découvreur de talents. Photographe, Stieglitz peu à peu saisira lui aussi les buildings de New York à la manière cubiste, dans des clichés présentés par le Whitney. Et ainsi de suite: Stuart Davis plonge dans le cubisme en découvrant Picasso au Brooklyn Museum en 1921, Arshile Gorky livre sa version d’Autoportrait à la palette (Picasso, 1906) avec son propre... Autoportrait à la palette (1937), Jackson Pollock tire sa Tête orange de Guernica et semble fasciné par la complexité de Femme au miroir. Le monde des arts s’extasie, d’abord via des photos de catalogues, puis au Musée d’art moderne (MoMA). Française de New York, Louise Bourgeois s’exprime après la rétrospective Picasso au MoMA en 1939: «C’était si beau, cela révélait un tel génie, une telle collection de trésors que je n’ai pu toucher un pinceau pendant un mois!» À la fin des années 30, selon le Whitney, Picasso est devenu «première source d’inspiration pour Arshile Gorky, David Smith, Willem de Kooning». Et pas seulement pour des débutants: Jasper Johns commence à réinterpréter le maître en 1971, alors qu’il est lui-même artiste établi. Il semble en effet que son influence passe les années, comme le montre un autre parallèle établi par le Whitney, entre Femme à la montre (1932) et Girl With A Beach Ball (1977) de Roy Lichtenstein. Jeune soldat, Lichtenstein a découvert Picasso à Paris en 1945, mais il fallut attendre les années 60 et 70 pour qu’il s’en réapproprie une part: visage double mêlé au style BD. Andy Warhol non plus n’échappera pas au mouvement qui, en 1985, laissera même son traditionnel procédé d’impression pour reprendre le pinceau pour la série Head (After Picasso). *«Picasso and American Art», jusqu’au 28 janvier, Whitney Museum – www.whitney.org Catherine HOURS (AFP)
«Ce type n’a rien manqué! » s’est un jour exclamé l’artiste américain Jackson Pollock à propos de Pablo Picasso.
Ce commentaire admirateur ouvre une exposition majeure organisée à New York au Whitney Museum of American Art et consacrée à l’influence du maître andalou sur l’art américain.
Né en Espagne, installé en France, Picasso n’a jamais mis les pieds aux...