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La protection des personnes âgées encore déficiente au Liban

Au Liban, les personnes âgées de plus de 60 ans constituaient, en 1999, 10,5 % de la population. Ce pourcentage, en rapide croissance, ne tardera pas à atteindre les 20 % selon les analystes. « Avec un décalage d’une décennie, ce vieillissement est assez proche de celui de la France où le pourcentage des personnes âgées de plus de 60 ans est actuellement de 21 % », remarque le père Jean Ducruet s.j., constatant que dans les pays où le vieillissement de la population pose problème, les interventions du gouvernement s’organisent autour de trois axes qui consistent à assurer une retraite aux travailleurs, faire bénéficier les personnes âgées de soins de santé et aménager un mode de vie spécifique pour la vieillesse en institution et à domicile. Ce qui n’est pas le cas au Liban. Sur le plan social, la protection des personnes âgées au Liban « pose d’abord le problème des retraites des travailleurs », qui connaît « une grande disparité de solutions entre le secteur public et le secteur privé ». Ainsi, au moment où les fonctionnaires « bénéficient d’une retraite mensuelle équivalent à 85 % de leur dernier salaire » et « conservent leur couverture de santé », les salariés du secteur privé « ont droit à une indemnité de fin service » et sont privés « de l’assurance médicale ». « Cette dernière disposition, avantageuse pour la CNSS, est paradoxale puisqu’elle prive le salarié de couverture médicale à l’âge où il en a le plus besoin, observe le père Ducruet. La substitution d’un régime de retraite aux indemnités de fin de service a fait aux cours des dernières décennies de nombreux projets et propositions de lois (…), qui n’ont jamais abouti. » Rappelant qu’en 2005, les nouvelles adhésions à l’assurance médicale optionnelle de la CNSS (régime mis en vigueur en mars 2003) ont été suspendues par décision administrative, le père Ducruet affirme que la protection sociale des personnes âgées est déficiente au Liban, soulignant qu’une étude du ministère de la Santé, réalisée en 2001, a montré que 57 % des personnes de plus de 60 ans ne sont pas couvertes par une assurance médicale. Le problème de la prise en charge des personnes âgées s’étend pour englober l’accueil dans les institutions et les soins à domicile. Selon les estimations, 1,2 % des personnes âgées vivent dans des institutions d’hébergement et 98,8 % au sein de leur famille ou seules. Un problème financier Une enquête réalisée en 2002 dénombre au Liban trente-trois institutions d’hébergement totalisant 3 419 lits, mais dont l’implantation géographique n’a pas été répartie selon les besoins de chaque région. Toutes privées, à l’exception d’un établissement semi-public à Beyrouth, ces institutions ne sont pas accessibles à toute la population du point de vue financier. Sur le plan médical, une surveillance est assurée dans la majorité d’entre elles, principalement par des généralistes et des infirmières. « Il faut souligner la faiblesse du nombre de gérontologues au Liban, alors que le pays en aurait besoin, et le nombre insuffisant de physiothérapeutes spécialisés en gériatrie », souligne le père Ducruet, qui note par ailleurs que l’enquête relève une présence minime d’assistantes sociales, alors qu’elles pourraient jouer un rôle important, notamment au niveau des relations avec la famille de la personne âgée, comme elle relève le manque de psychologues et de personnel d’animation. « Les activités et services entrepris par les institutions tiennent compte beaucoup plus de l’hébergement des personnes âgées que de leurs besoins ou attentes », conclut l’étude. Une conclusion qui ne se veut pas porteuse de critiques, insiste le père Ducruet, mais de suggestions qui concernent les institutions et les familles. « L’accueil en institution, même lorsqu’il est parfaitement justifié, ne saurait mettre fin au soutien familial, précise-t-il. Il l’allège et en modifie simplement les modalités. Il est illusoire d’attendre de la seule institution le soutien qu’on souhaite pour un parent et de demander que ce soutien ait la même qualité qu’un soutien familial. » En ce qui concerne les soins des personnes âgées à domicile, une étude effectuée par une équipe d’enseignantes de la faculté de sciences infirmières sur les aidants familiaux de personnes âgées en perte d’autonomie montre que les aidants, dans leur majorité, sont des femmes. Il en est de même pour les parents âgés, dont l’âge moyen est de 76 ans. L’étude rend compte de la perception qu’ont les aidants des aspects positifs et négatifs de leur rôle, des changements relatifs à leur état de santé après 18 mois de prise en charge de leur parent et le soutien dont bénéficient les aidants familiaux. Elle conclut sur la nécessité d’une politique nationale pour les soutenir.
Au Liban, les personnes âgées de plus de 60 ans constituaient, en 1999, 10,5 % de la population. Ce pourcentage, en rapide croissance, ne tardera pas à atteindre les 20 % selon les analystes. « Avec un décalage d’une décennie, ce vieillissement est assez proche de celui de la France où le pourcentage des personnes âgées de plus de 60 ans est actuellement de 21 % », remarque le père...