CINÉMA - David Lynch sera le plus jeune réalisateur à recevoir un Lion d’or pour sa carrière Odyssée en Chine et dans l’Amérique des années 60 à la Mostra de Venise

La Mostra a fait bon accueil hier au sensible La stella che non c’è de Gianni Amelio, premier film italien en compétition, tout en se préparant à rendre hommage au maître de l’étrange, l’Américain David Lynch, qui sera couronné d’un Lion d’or pour son œuvre. Le festival, qui a démarré le 30 août et se termine samedi, a salué le très attendu La stella che non c’è » (L’étoile manquante) de Gianni Amelio, dernier cinéaste italien à avoir remporté un Lion d’or, en 1998, pour Cosi ridevano. Cette fiction de 104 minutes raconte l’odyssée d’un Italien à travers la Chine d’aujourd’hui. Vincenzo Buonavolonta (« bonne volonté ») au nom prédestiné, joué par Sergio Castellito, est ouvrier spécialisé en maintenance dans une usine sidérurgique sur le point de fermer. Une délégation d’hommes d’affaires chinois vient acheter le haut fourneau, qui, il en est convaincu, possède un défaut susceptible de créer un grave accident. Lorsqu’il trouve la faille, les Chinois sont déjà rentrés à Shanghai. N’écoutant que sa conscience, il s’envole pour la Chine : commence alors pour lui un long périple en compagnie de la jeune Liu Hua (Tai Ling), en quête de la lointaine usine sidérurgique. Loin de se perdre dans ce pays-continent, l’humaniste Vincenzo, qui ne connaît que trois mots de chinois, « ouvre ses yeux et son cœur », selon les mots de Gianni Amelio, et fait peu à peu son chemin dans cette Chine industrieuse, à l’activité frénétique dans des villes en constante expansion. Autre voyage, dans le temps cette fois, Bobby d’Emilio Estevez, lui aussi en compétition officielle, plonge le spectateur quarante ans en arrière, dans une Amérique bouleversée par l’assassinat de Robert F. Kennedy le 5 juin 1968. Dans ce film au beau casting – Anthony Hopkins, Sharon Stone, Demi Moore, Helen Hunt et la chanteuse pop Lindsay Lohan – Emilio Estevez suit 22 personnages qui travaillent ou résident à l’Ambassador Hotel, où Robert F. Kennedy a été abattu le soir de sa victoire aux élections primaires du Parti démocrate de Californie. « Après, pour nous, cela a été la chute libre : Nixon a été élu, ce fut la fin de la décence et la fin de l’espoir... je crois que nous sommes encore en deuil », a affirmé Emilio Estevez à Venise. Mardi, un « film-surprise » chinois, Sanxia haoren du cinéaste chinois Jia Zhang-Ke, a fait son entrée dans la compétition officielle, portant à 22 le nombre de films en lice pour le Lion d’or. La Mostra se préparait aussi à rendre hommage au cinéaste américain David Lynch qui, à 60 ans, sera le plus jeune réalisateur à recevoir un Lion d’or pour sa carrière, aujourd’hui, où sera montré en avant-première mondiale Inland Empire, son dernier long-métrage, sur lequel plane le plus grand mystère. Entretenant celui-ci, le directeur de la Mostra, Marco Müller, a promis qu’ Inland Empire, premier film tourné par Lynch depuis cinq ans, était « encore plus fascinant que Mulholland Drive », film-culte dès sa sortie en 2001. Hier, de luxueuses photos du film, où joue notamment Jeremy Irons, ont été distribuées à la presse. On y voit une blonde platine aux lèvres rouge sang, comme les aime Lynch, qui est « amoureuse et en danger », dit la légende. Le chef du gouvernement italien, Romano Prodi, accompagné de son ministre de la Culture, Francesco Rutelli, a fait lundi soir une visite-éclair à la Mostra, assurant le président de la Biennale, Davide Croff, de « la volonté du gouvernement de soutenir la modernisation » du festival. Pour l’heure, le projet de construction du nouveau Palais des festivals, pour un coût de 100 millions d’euros, est en suspens faute de fonds.