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Beaucoup de crimes ont été commis sous cet emblème, souligne Talabani La querelle sur le drapeau ravive les craintes d’éclatement de l’Irak

La violente controverse qui oppose les autorités régionales kurdes au gouvernement irakien et aux partis sunnites au sujet du drapeau national ravive les divisions communautaires dans un pays déchiré par la guerre. Derrière la querelle autour du drapeau se profile la menace d’une sécession du Kurdistan irakien, dans le nord du pays. Hier, le député sunnite Salah Motlaq, qui s’est institué porte-drapeau de la question de l’emblème national, a ainsi dénoncé « une violation du caractère sacré de la Constitution irakienne » et en a appelé au président irakien, le Kurde Jalal Talabani. « Quand nous l’avons élu, il a prêté serment devant le drapeau irakien et il a juré de protéger la souveraineté du pays », a-t-il ajouté. C’est à nouveau devant un drapeau irakien, au cours d’une cérémonie officielle, que Jalal Talabani a réaffirmé hier ce qu’il pensait de ce symbole. « C’est le drapeau de Saddam. Beaucoup de crimes ont été commis sous cet emblème, dans le sud et dans le nord du pays, ainsi que contre nos voisins », a-t-il affirmé. Il faisait allusion à l’oppression et aux massacres dont ont été victimes les chiites dans le sud de l’Irak et les Kurdes dans le Nord, ainsi qu’à la guerre contre l’Iran (1980-1988) et à l’invasion du Koweït (1990-1991). « L’Irak aura bientôt un nouveau drapeau et le Parlement va bientôt discuter de ce nouveau drapeau », a-t-il promis. Pas question pour autant de croire que le refus des autorités régionales kurdes d’arborer le drapeau sur les bâtiments publics est un prélude au séparatisme. « Il n’y a aucune idée d’un Kurdistan séparé de l’Irak, nous ne sommes pas pour le séparatisme », a-t-il assuré. Les Kurdes ont lutté depuis des décennies pour leur autonomie contre l’ancien régime de Saddam Hussein, qui est actuellement jugé à Bagdad pour génocide commis contre la population civile kurde. Jusqu’à 180 000 personnes auraient été tuées dans des massacres et des bombardements à l’arme chimique au Kurdistan. Pour des responsables kurdes, il n’est pas question de quitter l’Irak, d’autant que leur région jouit déjà d’une large autonomie depuis 1991. Mais ils refusent d’arborer le drapeau sanglant de l’ancien dictateur. « Le nouveau drapeau irakien doit représenter l’Irak dans toute la diversité de sa population. Il doit être un symbole d’unité et de fraternité », explique ainsi cheikh Moustafa Jaafar, qui dirige les peshmergas (combattants kurdes). La Constitution irakienne, adoptée en octobre 2005, prévoit l’adoption d’un nouveau drapeau, mais le Parlement n’a pas pu parvenir à un consensus sur la question. Les Irakiens s’étaient élevés contre le Conseil de gouvernement transitoire, mis en place à l’été 2003 par la coalition, qui avait déjà tenté d’imposer un nouvel étendard, jugé trop proche du drapeau israélien. « Le drapeau irakien actuel doit être hissé sur chaque centimètre de terre irakienne, tant que le Parlement n’aura pas pris de décision à ce sujet, conformément à la Constitution », a tranché dimanche le Premier ministre Nouri al-Maliki, un chiite. Le débat sur le drapeau est relancé à un moment particulièrement critique, tant pour les autorités régionales kurdes que pour le gouvernement irakien. Au Kurdistan, les administrations des deux principaux partis rivaux ont fusionné, donnant naissance pour la première fois à une gestion commune de la région, en proie à une agitation sociale provoquée par des accusations de corruption et de mauvaise gestion. Le gouvernement irakien continue pour sa part d’être la cible des critiques de la population pour son incapacité à assurer la sécurité et la fourniture des services publics de base (eau, électricité).

La violente controverse qui oppose les autorités régionales kurdes au gouvernement irakien et aux partis sunnites au sujet du drapeau national ravive les divisions communautaires dans un pays déchiré par la guerre.

Derrière la querelle autour du drapeau se profile la menace d’une sécession du Kurdistan irakien, dans le nord du pays. Hier, le député sunnite Salah Motlaq,...