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Actualités - CHRONOLOGIE

BILAN - Elles ouvrent à nouveau leurs portes. Relance timide mais ferme pour les galeries d’art

C’est une éclipse qui a enveloppé la vie culturelle au Liban durant plus de trente jours. Malgré les différentes épreuves qu’a traversées le pays tout au long de l’année 2005, toutes ces activités qui foisonnaient, créant un véritable bouillon... de culture, se sont éteintes en un seul jour. Un autre langage a pris le dessus. Maintenant que le bruit des bottes s’estompe, laissant pourtant un goût amer et un vague à l’âme, l’esprit combatif (un combat d’un autre ordre, cette fois) refait surface. Quid des galeries d’art ? Comment ont-elles affronté cette épreuve ? Ont-elles de nouvelles perspectives ou des projets qui se profilent à l’horizon? «Un pays de turbulences auxquelles il faut s’habituer », commente Aïda Cherfan, dont la galerie, installée il y a quelques années au centre-ville, a dû fermer ses portes pendant un mois. « Mais ce n’est pas nouveau, poursuit-elle, nous sommes devenus aguerris. Depuis plus d’un an, le pays assiste à une série d’événements qui le secouent. D’abord, des attentats puis récemment un état de guerre, mais également, et ne l’oublions pas, des réunions pour un dialogue national qui ont quand même contribué à paralyser le centre-ville durant quelques mois. C’est dire combien la vie culturelle au Liban est précaire et incertaine. » Malgré ces incertitudes, la galerie n’a pas cessé de fonctionner dans ses locaux à Antélias, proposant au public une exposition collective qui regroupe des artistes libanais et étrangers. Cette exposition a déjà déménagé au centre-ville après la déclaration de la cessation des hostilités. «Des perspectives ? s’interroge la galeriste. Difficile de spéculer d’autant que les artistes qui étaient prévus pour la rentrée étaient dans l’impossibilité de produire. Je demeure quand même optimiste car, dans mon bilan annuel, le rebondissement effectué après chaque mauvaise période parvenait à rééquilibrer le travail. On peut donc croiser les doigts. » Une volonté à toute épreuve Même son de cloche à la galerie Janine Rubeiz où les toiles (en fleurs) d’Amal Hamady, Edgar Mazigi et Aram Jughian sont restées accrochées sur les cimaises malgré la fermeture de la galerie. «Nous avons ouvert il y a deux semaines, affirme Nadine Begdache, et nous commençons à accueillir de jeunes artistes qui nous fournissent leurs témoignages picturaux recueillis après la guerre. Ce qui est signe de vitalité et de bonne santé. » « Nous avons vécu différents évènements et nous avons toujours rebondi, poursuit-elle. Ce sera certainement plus lent cette fois, mais je prévois que la relance se fera après septembre ou octobre (mois de ramadan où il est prévu une autre exposition collective d’artistes ). Pour novembre, une exposition de Jamil Molaeb occupe les cimaises avec ses Belles endormies. En attendant, la galerie ouvre ses portes comme d’habitude. Elle devient un lieu de rencontre et de partage pour les jeunes talents qui nous confirment, par leur présence, que nous sommes toujours là. Une résistance culturelle ? N’est-ce pas la plus difficilephase des combats après une guerre ?» Pour sa part, Alice Moghabghab, dont la galerie se situe à Gemmayzé, semble déterminée à tourner la page. Son exposition, « L’au-delà » (et quel thème prémonitoire pour ce mois de juillet), est restée bien accrochée malgré les bruits de l’extérieur. « Je voudrais considérer que c’est une saison creuse comme chaque année, essayer de remonter encore une fois la pente et croire en cette foi inébranlable des Libanais ...au-delà des épreuves.» Des projets en vue ? «Pas encore, mais certainement des efforts à poursuivre pour transmettre le message culturel.» Le mot de la fin revient certainement à Monica Borgmann Slim, en charge du Hangar Umam D&R lequel a vu défiler, durant l’année, des installations très fortes, tant locales qu’internationales. Installé à Haret Hreik, en plein cœur de la banlieue su, le Hangar, dont l’aspect moderne tranche avec l’architecture traditionnelle de la villa Slim située à proximité, a été gravement touché par les derniers bombardements. « Ce sont les fondations qui ont été endommagées par l’effondrement de l’immeuble voisin. Lorsque nous sommes revenus pour évaluer les dégâts, un paysage à l’image d’Apocalyse Now s’offrait à nos yeux. Mais pis que cela, c’est la toiture de la villa qui a subi de lourds dégâts car elle abritait des archives que mon mari collectionnait depuis l’été 2004. » Créé en avril 2005, le Hangar était l’aboutissement des travaux et recherches effectués durant des années pour remettre à jour des documents concernant la guerre. C’est dire l’importance de ces archives. «Aujourd’hui, poursuit Borgmann-Slim, nous attendons l’architecte pour amorcer la reconstruction. Nous procéderons par la suite à la récolte de fonds.» Sans besoin de le mentionner, ces aides devraient être gouvernementales ou provenant de certaines institutions allemandes, « mais nullement d’un parti local», tient à préciser Monica Borgmann Slim. Qui conclut, avec le sourire aux lèvres : « Nous avions prévu pour septembre une exposition palestinienne. Elle n’aura pas lieu. Par contre, le mois d’octobre verra la réouverture du Hangar avec une exposition purement libanaise.» Elle sera la preuve, une fois de plus, que l’homme peut, avec son ire, raser des pierres, mais il ne peut en aucun cas détruire une volonté. Et que si le fameux «bouka’ ala el atlal» (pleurs sur les ruines ) puise son origine dans la poésie arabe, il est certainement banni du dictionnaire libanais. Rendez-vous donné donc en octobre pour une nouvelle rentrée artistique et culturelle qui débutera avec la relance des activités culturelles à partir de la ...banlieue sud. Colette KHALAF
C’est une éclipse qui a enveloppé la vie culturelle au Liban durant plus de trente jours. Malgré les différentes épreuves qu’a traversées le pays tout au long de l’année 2005, toutes ces activités qui foisonnaient, créant un véritable bouillon... de culture, se sont éteintes en un seul jour. Un autre langage a pris le dessus.
Maintenant que le bruit des bottes s’estompe,...