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Pas de crainte d’un nouveau conflit intercommunautaire, mais près de 50 % des jeunes n’envisagent pas leur avenir professionnel au Liban

Les résultats obtenus à la question « Êtes-vous pour que le Hezbollah conserve ses armes à l’issue du conflit ? » permettent d’entrer directement au cœur du débat. Parce que débat il y a, qui plus est multidimensionnel : 49 % souhaitent que le Hezbollah conserve ses armes, tandis que 51 % préféreraient le voir sans arsenal. Le non l’emporte ainsi, mais d’une très courte tête, ce qui explique la tension qui prévaut aussi bien en société que sur la scène politique dès lors qu’il est question de la Résistance. Les données montrent toutefois que les avis sont discordants sur le plan communautaire. Si une majorité écrasante de chiites (84 %) refusent que le Hezbollah rende ses armes, toutes les autres communautés souhaitent qu’il le fasse : 79 % de druzes, 77 % de chrétiens et 54 % de sunnites. Le faible écart entre le oui et le non chez les sunnites démontre qu’il existe beaucoup plus de nuances sur cette question au sein de cette communauté : une tendance nationaliste arabe – ou peut-être islamiste – saisit peut-être la dimension défensive et offensive de ces armes contre Israël et ne se sent pas inquiétée par un éventuel clash sunnito-chiite au Liban. Mais le contraire peut aussi facilement être dit à propos de ceux qui ont dit non, à 54 %, au maintien des armes. Le fossé sépare donc principalement la communauté chiite des chrétiens et des druzes sur la question des armes, tandis que la position sunnite est plus nuancée. Il reste que cela prouve qu’il faut enfin comprendre qu’il y a effectivement une nette mobilisation de toute une communauté autour des armes du Hezbollah, ce qui apporte au moins à celles-ci une légitimité chiite, et ce même s’il existe des défenseurs de l’arsenal du parti de Dieu au sein de toutes les communautés. Cela prouve également qu’il n’y aura sans doute pas d’alternative à l’option du dialogue pour parvenir à une solution interne sur la question des armes. Par ailleurs, sur le plan de l’âge, passé le cap de la trentaine, l’enthousiasme en faveur du maintien des armes du Hezb faiblit progressivement. Et, au niveau régional, les zones les plus touchées par les bombardements, surtout celles qui sont à prédominance chiite, continuent à plaider en faveur de l’arsenal tandis que les habitants de Beyrouth et du Mont-Liban affichent beaucoup moins d’engouement. La force internationale 81 % des Libanais interrogés ont par ailleurs plébiscité le déploiement d’une force internationale pour soutenir l’action de l’armée libanaise dans la région frontalière. Le oui l’emporte donc sans appel, que ce soit à travers les régions ou les générations. Même sur le plan communautaire, tout le monde accueille très favorablement l’arrivée d’une telle troupe, surtout les druzes et les chrétiens, mais aussi les chiites (72 % de oui ). Il y a là de quoi motiver les pays qui souhaitent contribuer au renforcement de la Finul, puisque l’idée de cette force suscite déjà une adhésion unanime. Cependant, 67 % des personnes sondées préfèrent une force d’observation à une force d’intervention, qui n’est pas apparemment sans susciter des inquiétudes. La préférence en faveur d’une force d’observation est la plus forte au sein de la communauté chiite, ce qui est compréhensible, puisqu’une telle force aurait aussitôt la possibilité de s’opposer au Hezbollah et de le désarmer. Plus nette encore est la tendance en faveur de la sanctuarisation du Liban par rapport à la tourmente régionale. C’est là le résultat de décades entières de guerres et de problèmes dus aux crises environnantes, et dont le pays du Cèdre a été le seul à assumer les conséquences, qui incitent 88 % – dont 89 % des chiites, un chiffre que la direction du Hezbollah devrait revoir avant de s’enliser dans des stratégies dépassant les frontières nationales – à souhaiter que le Liban ne soit plus partie prenante aux conflits régionaux. Sur ce plan, le consensus est général à tous les niveaux. Un cri de détresse d’un peuple trop longtemps harcelé et qui demande enfin à pouvoir vivre en paix. Fouad Siniora S’il faut en croire les réponses à la quatrième question, Fouad Siniora a beau ne pas faire l’unanimité, sa prestation depuis le début de la guerre satisfait quand même totalement 49 % des personnes interrogées. 80 % des sunnites et 82 % des druzes approuvent complètement l’attitude et le comportement du Premier ministre. Même au sein de la communauté chrétienne, 49 % des sondés sont totalement séduits par la gestion de M. Siniora durant cette crise, alors que 36 % le sont « moyennement » et seulement 15 % « pas du tout ». Le taux de mécontents le plus élevé se trouve au sein de la communauté chiite, dont seulement 28 % sont « totalement » satisfaits par la prestation de Fouad Siniora, 42 % « moyennement » et 30 % « pas du tout ». Même si ces résultats sont nuancés, ils prouvent quand même l’existence d’un certain malaise entre les options du gouvernement durant cette crise et la rue chiite. Par ailleurs, sur le plan régional, Fouad Siniora est félicité pour sa gestion à Beyrouth et au Nord, tandis qu’il rencontre plus d’opposition au Mont-Liban, au Sud et dans la Békaa : des résultats tout à fait conformes à la réalité de l’échiquier politique, dans la mesure où le tandem CPL-Hezbollah se retrouve face à la majorité actuelle. Les relations intercommunautaires Coupant court aux Cassandre qui annoncent des guerres civiles depuis plus d’un mois, la cinquième question vient révéler que seulement 38 % des sondés craignent que la guerre n’ait des répercussions sur les relations intercommunautaires au Liban. Le spectre de la fitna n’a pas cessé de nous hanter, il est dans nos têtes, nous l’imaginons sans cesse comme une fatalité, mais il y a quand même 62 % de personnes interrogées qui pensent qu’il n’y aura pas de turbulences à ce niveau. Les plus confiants sont d’ailleurs les plus de 50 ans. Au Sud et au Nord, le non l’emporte facilement, mais les angoisses sont bien plus fortes à Beyrouth, au Mont-Liban et dans la Békaa. Et, sur le plan communautaire, à l’heure où tout le monde glose avec assurance et certitude sur l’imminence du clash sunnito-chiite, les plus inquiets ne sont pas les plus concernés, mais les druzes et les chrétiens. Réflexe de minorité ? L’avenir Enfin, l’avenir. C’est là que les chiffres ne sont pas particulièrement heureux. Malgré la guerre, 52 % des personnes sondées envisagent de rester au Liban et d’y bâtir leur vie, tandis que 48 % ont cessé d’y croire, par la force des choses, ou plutôt des événements. La fracture est sociale, à ce niveau. Elle oppose le centre à la périphérie, les régions fortement urbaines au reste du pays. Ainsi 56 % de Beyrouthins et 51 % des habitants du Mont-Liban n’envisagent plus leur avenir au pays, tandis que les réactions au Sud et au Nord sont relativement moins graves. Au total, seuls 46 % de chrétiens et 49 % de sunnites croient encore en un avenir professionnel dans ce pays. Au sortir d’une guerre, on pourrait trouver cela normal, mais c’est tout de même particulièrement inquiétant. Même au sein de la communauté chiite, la principale concernée par ce conflit, celle qui devrait être animée de la rage de vouloir rester et de reconstruire ce qu’Israël lui a détruit, le réalisme est de mise, puisque 40 % n’envisagent plus de bâtir leur avenir au Liban. Pire encore, c’est chez les 20-40 ans, ceux qui sont le plus directement concernés par la question, que la balance penche vers le non. Comme quoi au lieu de reprendre leurs fanfaronnades, leurs joutes verbales et leurs petits marchés de dupes (entre amis), les pontes de la politique locale doivent maintenant s’acharner à faire surtout preuve de crédibilité et à trouver de véritables solutions, pour reconstruire. Reconstruire non plus seulement les ponts et les immeubles dévastés, mais autre chose de bien plus vital, s’ils veulent que ce pays ne se vide pas progressivement de ses habitants, découragés et pleins d’amertume : la confiance entre la société politique et la société civile. M.H.G.
Les résultats obtenus à la question « Êtes-vous pour que le Hezbollah conserve ses armes à l’issue du conflit ? » permettent d’entrer directement au cœur du débat. Parce que débat il y a, qui plus est multidimensionnel : 49 % souhaitent que le Hezbollah conserve ses armes, tandis que 51 % préféreraient le voir sans arsenal. Le non l’emporte ainsi, mais d’une très courte tête,...