Rechercher
Rechercher

Actualités

Jamais la classe politique n’a été aussi discréditée, 63 % des Israéliens souhaitent la démission d’Olmert Guerre et scandales : l’État hébreu broie du noir

Un chef de gouvernement cloué au pilori pour les revers de la guerre au Liban, un président de l’État soupçonné de viol, un ministre de la Justice qui démissionne : jamais la classe politique n’a été aussi discréditée en Israël, qui broie du noir. La principale source de mécontentement provient du sentiment général que la campagne du Liban, après 34 jours de combats et bombardements, n’a pas rempli son objectif principal : affaiblir substantiellement le Hezbollah et réaffirmer le pouvoir de dissuasion d’Israël. La presse étrille les responsables gouvernementaux, à commencer par le Premier ministre Ehud Olmert, sans épargner non plus les responsables militaires. « Il est temps de faire vos adieux », titrait ainsi le quotidien populaire Maariv, en général progouvernemental, s’en prenant aussi bien à M. Olmert qu’au président de l’État Moshe Katzav et au chef d’état-major Dan Haloutz. Pour Maariv, le général Haloutz devrait « démissionner avant d’y être forcé », M. Olmert devrait « élargir immédiatement son gouvernement, sinon son parti Kadima va s’effondrer », et le président Katzav « ferait mieux de partir » tout de suite. Un commentateur du quotidien libéral Haaretz appelle carrément la population à une révolte civile dans un article au vitriol intitulé « Prendre la Bastille ». Seule consolation, selon lui : l’émergence d’un mouvement de contestation qui témoigne de la vitalité de la démocratie israélienne. Il s’agit principalement de réservistes qui exigent une commission d’enquête d’État pourvue de pouvoirs élargis sur les ratés de la guerre. Pure coïncidence : le même jour que le lancement de l’offensive contre le Liban, le président Katzav, censé incarner une autorité morale, se retrouvait accusé d’avoir violé une ex-employée. Le même jour encore, le général Haloutz trouve le temps de vendre son portefeuille d’actions, et le soir même, le ministre de la Justice Haïm Ramon embrasse une soldate – selon elle contre son gré – ce qui l’obligera le 20 août à démissionner. « La crise est si grave que le gouvernement me semble condamné à terme », estime le professeur de sciences politiques Shlomo Avineri, de l’université hébraïque de Jérusalem. Cette crise n’est pas causée seulement selon lui par le bilan mitigé de la guerre au Liban, mais traduit « un manque de confiance dans toute une classe politique qui accumule les scandales, qui aligne des dirigeants médiocres désignés par des apparatchiks », déclare à l’AFP cet ancien directeur général du ministère des Affaire étrangères. En revanche, le politologue Denis Charbit estime que le gouvernement devrait se maintenir à flot « du fait qu’il n’a que moins de quatre mois d’exercice » et ne peut donc être rendu responsable de toutes les fautes. « Il y a une part de démagogie dans les critiques du style : “tous les politiciens pourris”, surtout quand elles proviennent de gens qui ont soutenu à fond la guerre mais s’indignent de son prix, comme si une guerre sans victimes ni dégâts était possible », estime-t-il. Il relève que le mouvement de contestation reste modeste et que « même si la droite en profite, elle ne présente aucune alternative politique ». La majorité des Israéliens (63 %) souhaitent toutefois la démission de M. Olmert, du ministre de la Défense Amir Peretz (74 %) et du chef d’état-major (54 %), suite aux ratés de la guerre, selon un sondage publié hier. Le sondage traduit également une forte poussée de l’opposition de droite qui remporterait les élections législatives si elles se déroulaient actuellement. Tentant de redresser son image, Olmert s’est rendu jeudi dans plusieurs villes du Nord, où il a promis d’allouer près de dix milliards de shekels (1,8 milliard d’euros) à la reconstruction des zones touchées par les tirs de roquettes. Déjà contraint de geler ses projets de désengagement en Cisjordanie, qui constituaient pourtant le cœur de son programme électoral, le Premier ministre a également reconnu ses insuccès et promis l’ouverture d’une enquête d’État sur la conduite de la guerre contre le Hezbollah.
Un chef de gouvernement cloué au pilori pour les revers de la guerre au Liban, un président de l’État soupçonné de viol, un ministre de la Justice qui démissionne : jamais la classe politique n’a été aussi discréditée en Israël, qui broie du noir.

La principale source de mécontentement provient du sentiment général que la campagne du Liban, après 34 jours de combats et...