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Actualités - CHRONOLOGIE

Le réseau a également été piraté au profit de la propagande israélienne Sur les téléphones portables libanais, la guerre en direct

Les sonneries de portable n’ont cessé de retentir au Liban en écho au bruit des bombes tout au long du conflit, permettant aux Libanais, même déplacés, de suivre les hostilités en direct, et au belligérant israélien de maintenir la pression sur les civils, écrit Anne Chaon de l’AFP. « Cette fois, par rapport aux autres guerres, on a pu se tenir au courant », sourit Mahmoud, qui a retrouvé sa maison en lisière d’al-Kharayeb, à 30 km au sud de Saïda (Sud), les vitres explosées mais debout. Pas de surprise pour sa famille, réfugiée à Saïda : « Les gens du village nous avaient prévenus qu’elle n’avait pas été touchée. Nous sommes partis parce qu’on est un peu isolés : Israël aurait pu nous prendre pour des hezbollahis », explique ce jeune père de famille expatrié à Miami, revenu en congé avant le début des hostilités le 12 juillet. Les appels et les SMS se sont multipliés après chaque vague de bombardements dans un pays dont plus d’un habitant sur quatre est équipé d’un portable, selon l’opérateur Alfa, qui gère la moitié du million d’abonnés libanais. Ahmad, un jeune père de la banlieue sud, durement frappée dès les premiers jours, s’était assigné une mission. Réfugié à Beyrouth même, il se rendait sur les lieux après chaque bombardement, malgré les protestations de sa femme, pour évaluer les dégâts et prévenir les voisins déplacés. « C’était dur, parfois, d’annoncer que leur immeuble n’existait plus », raconte-t-il. Le réseau cellulaire, qui a fonctionné pendant toute la guerre, a aussi servi de relais à la propagande israélienne, dont les lâchers de tracts sur le Liban étaient presque systématiquement doublés d’appels téléphoniques et même de SMS à la population, la mettant en garde contre « l’aventurisme » du Hezbollah et de son chef Hassan Nasrallah. Dans un pays qui se garde de tout lien avec son voisin du Sud, recevoir un appel d’Israël est tout à fait inhabituel. « Cana bis » « J’ai reçu le premier quand j’étais dans l’ascenseur. Une voix assez désagréable annonçait en excellent arabe : “Au peuple libanais ! Hassan le serpent va détruire votre pays”. J’étais tétanisée, j’ai vu ma tête dans le miroir : les yeux écarquillés ! » s’amuse aujourd’hui Manal, qui a reçu au moins trois appels de ce type. « Le premier m’a foudroyée, se souvient May, installée pour l’été sur les hauteurs de Beyrouth. Les autres (six au total), je les ai coupés. » Enregistrée, la voix a atterri au hasard, chez les chrétiens comme chez les musulmans, sur les cellulaires comme sur les téléphones fixes, en pleine nuit ou tôt le matin. Grâce au portable, Manal a aussi pu suivre « en direct » depuis Beyrouth le raid israélien héliporté sur Baalbeck dans la Békaa (Est), début août : « J’étais en ligne avec un ami sur place, il me racontait ce qu’il voyait et j’entendais les bombes tomber en fond sonore. » Les blagues échangées par SMS ont aussi soutenu le moral des Libanais : « Pourquoi le Hezbollah fait-il le V de la victoire dans la banlieue ? Pour signaler qu’il ne reste que deux immeubles debout ! » Ou, plus morbide, celle annonçant que « le pilote qui a bombardé Cana (le 30 juillet, 28 civils tués dont 16 enfants) a été arrêté pour trafic de drogue en Israël parce qu’il a fait un Cana bis », référence au raid israélien sur Cana en 1996 (105 civils tués dans un abri de l’ONU au Liban-Sud). Les cellulaires ont enfin permis à Alfa de mobiliser des fonds pour la Croix-Rouge locale : « Par SMS, nos abonnés pouvaient payer un dollar de plus l’abonnement mensuel ou donner 4 unités de leur carte », explique Aline Karam, responsable de la communication de l’opérateur.
Les sonneries de portable n’ont cessé de retentir au Liban en écho au bruit des bombes tout au long du conflit, permettant aux Libanais, même déplacés, de suivre les hostilités en direct, et au belligérant israélien de maintenir la pression sur les civils, écrit Anne Chaon de l’AFP.
« Cette fois, par rapport aux autres guerres, on a pu se tenir au courant », sourit...