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Actualités - OPINION

Un combat pour la démocratie et la diversité

Au-delà de tous les discours pompeux et mensongers sur la démocratie et la liberté. Après l’Union soviétique, l’Afghanistan et l’Irak (le maillon faible du Moyen-Orient), les USA sont en guerre ouverte contre l’Iran. Il apparaît que le chemin de l’hégémonie américaine sur la région passe par Beyrouth, le Liban-Sud et Damas. Pour moi, faire le choix de privilégier un axe politique occidental plutôt qu’un autre n’est pas chose facile. Il me semble que choisir le camp de l’axe Iran-Syrie effraie pour des raisons tout autant humaines qu’humanistes. Nous craignons le règne de la domination religieuse, nous craignons l’abolition de nos acquis en matière de liberté et de diversité. Nous craignons la pensée unique et les polices secrètes, mais aussi les systèmes économiques clos, surtout que toutes les opportunités de croissance et de développement nous sont offertes par la mondialisation. Mais il me semble aussi que nous sommes capables de nous prémunir contre les dangers présumés de cet axe, car nous avons déjà les bases fondatrices d’une démocratie et d’un régime économique libre. Par ailleurs, l’hégémonie américaine et ses discours pompeux sur la démocratie et la liberté sont plus pernicieux. Ils camouflent clairement un point de vue unique et manichéen qui ne laisse aucune marge à un discours humaniste et égalitaire et qui n’a cessé de nous réclamer (et essaye encore) d’exécuter l’holocauste de toute tendance politique qui s’oppose aux plans israélo-US. Si nous choisissons ce camp, nous pouvons d’ores et déjà entendre sonner le glas de notre pays, de notre identité et de notre démocratie et assister, non sans un bain de sang, à l’établissement d’un régime similaire à celui de Saddam Hussein. Cette vision américaine du monde nous poussera dans le sens de la destruction du tissu social, de la démocratie et de la diversité, ce qui répond clairement aux aspirations d’Israël. À l’heure actuelle, notre territoire, notre société sont en péril. On entend dans les médias occidentaux que la sécurité d’Israël est le point focal de cette guerre. Cela n’est, à mes yeux, qu’un prétexte. Toutes les occasions ratées par Israël de faire une paix durable en sont la preuve : du rejet de l’application des résolutions des Nations unies jusqu’aux violations impunies de notre territoire et de notre sécurité par des agents du Mossad. Les USA ont clairement appuyé l’offensive lancée le 12 juillet et continuent de le faire, éloignant de plus en plus Israël (et le monde) de toute tentative de réflexion pragmatique et pacifiste. Je suis de ces humains qui prônent l’entente et la cohabitation. Mais il faut être deux pour cohabiter. Est-ce qu’Israël veut cohabiter ? Les derniers raids indiquent que ce pays a une tendance récurrente à vouloir dominer par la peur, par la mort, par la destruction pour tenter d’imposer sa suprématie économique, politique et morale. Toutes les résolutions pour assurer une solution au Moyen-Orient ont été jugées inacceptables par les USA et aussitôt assujetties au veto. Toujours au nom de la sécurité d’Israël. Mais les vrais enjeux sont ailleurs. Nous le savons tous. Nos concitoyens, notre territoire, notre eau et notre économie sont mis en opposition aux intérêts d’Israël. Le Liban recherche depuis des lustres des solutions de cohabitation dans la région qui ne mettent pas en danger sa formule de cohésion interne multiconfessionnelle et sa démocratie réelle. Je dis réelle, car malgré la loi électorale truquée, un tsunami de recommandations religieuses, et un raz-de-marée de bakchich, nos dernières élections en 2005 n’ont pas réussi à taire les voix opposées et opposantes qui ont, malgré tout, réussi à être médiatisées. Cela dit, pouvons-nous donner un blanc-seing aux discours et aux stratégies des USA qui tendent à vouloir assurer à Israël la survie économique au détriment des Libanais pour accéder à une paix durable au Moyen-Orient ? J’ai été heureuse d’entendre et de lire des témoignages sur la résilience, la résistance et la coopération civile et populaire. J’ai trouvé rassurantes ces manifestations de solidarité. La population libanaise fait preuve d’un humanisme et d’une compassion remarquables. J’espère que cette union sera confirmée par des décisions politiques qui ne détruiront pas cet embryon d’unité nationale qui dépasse en authenticité et efficacité la révolution du Cèdre. Cette décision politique concerne, au premier plan, la décision de guerre et de paix que nous voulons tous transparente, consensuelle et centralisée. Commençons par la décision de paix, car nous sommes déjà en guerre. Que nous l’ayons, individuellement, ou collectivement, voulu ou pas ce conflit est bien là, dans toute sa barbarie et son horreur. Je crois personnellement que cette guerre aurait pu être déclenchée par n’importe quel incident frontalier comme par exemple un pâtre qui s’improvise kamikaze, ou tout autre scénario... Il nous faut donc penser à la paix et, si nous consentons à négocier la paix avec Israël, il faut que les intérêts du Liban (prisonniers, eau, territoire, intérêts économiques, stabilité politique, diversité religieuse, démocratie, indépendance...) soient bien intégrés dans notre conscient et notre subconscient comme droits inaliénables et ne soient bradés. C’est uniquement ainsi que les négociations seront plus franches et les résultats plus décisifs et, peut-être qu’au bout du compte nous n’aurons plus besoin de faire la guerre. Continuons notre combat pour nos prisonniers, l’intégrité de notre territoire et notre eau. C’est en intériorisant tous ces droits inaliénables que nous pourrons prétendre à défendre notre démocratie, notre diversité. Ensuite, nous pourrons œuvrer pour la construction de la citoyenneté, pour laquelle nous pouvons d’ores et déjà souhaiter un système économique et social non exclusifs, basés sur une autre formule que l’élitisme et l’exclusion, qui n’engendrent que des déséquilibres et des guerres (comme entre autres les modèles américain et israélien), et ainsi assurer la dignité de tout citoyen et son affiliation au pays. Elizabeth REBEIZ Montréal
Au-delà de tous les discours pompeux et mensongers sur la démocratie et la liberté.
Après l’Union soviétique, l’Afghanistan et l’Irak (le maillon faible du Moyen-Orient), les USA sont en guerre ouverte contre l’Iran. Il apparaît que le chemin de l’hégémonie américaine sur la région passe par Beyrouth, le Liban-Sud et Damas. Pour moi, faire le choix de privilégier...