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Marée noire - « Nous avons frappé à toutes les portes pour l’opération de nettoyage », assure Sarraf L’État n’est en mesure que de cerner les besoins dans l’attente du cessez-le-feu

Quel sera l’impact de la marée noire si les opérations de nettoyage continuent d’être retardées par les agressions israéliennes (les bombardements sur la centrale de Jiyeh ayant causé une fuite de pétrole qui s’étend sur 150 kilomètres de côte) ? Quelles sont les mesures entreprises par le ministère pour préparer le terrain à de telles opérations ? Quel est l’état de la biodiversité marine, et les poissons libanais sont-ils encore consommables dans une mer polluée par le mazout ? Une conférence de presse, organisée hier par l’Union des associations du Nord (Unadep) au Club de la presse et tenue par le ministre de l’Environnement, Yaacoub Sarraf, le directeur général, Berge Hatjian, et le président de l’Unadep, Mazen Abboud, a fait le point sur les estimations des dégâts causés sur ce plan. La marée noire est un événement qui, de par le monde, devient instantanément un centre d’intérêt et mobilise très vite des moyens d’intervention énormes. « Or, nous sommes en retard de 25 jours, et nous n’avons pu obtenir les informations nécessaires que deux semaines après le drame, a précisé M. Sarraf. Aujourd’hui encore, l’embargo maritime persiste. Tous les pays qui veulent aider n’acceptent de le faire qu’à la condition que la sécurité soit rétablie. » Les avions israéliens ont fait en sorte, a-t-il ajouté, de frapper les deux réservoirs les plus proches de la mer, à deux reprises, et d’empêcher les pompiers d’accéder à l’endroit, si bien que les fumées toxiques ont pollué l’air jusqu’à Beyrouth. Le ministre a rappelé que la nappe, d’une ampleur de 10 à 15 000 tonnes approximativement, a pollué 150 kilomètres de côte. Le coût du fuel perdu s’élève à 24 millions de dollars et le coût du nettoyage à 150 millions. Le ministère a déjà effectué des analyses sur 29 sites. L’opération de nettoyage devrait prendre au meilleur des cas un an, alors que le retour à la normale pour l’environnement marin n’aurait lieu, au bas mot, que dans cinq ans. M. Sarraf a par ailleurs précisé que le ministère « a frappé à toutes les portes », présentant des demandes à non moins de 31 ambassades, prenant contact avec quelque 71 organisations nationales et internationales (dont le Programme des Nations unies pour l’environnement) et 80 ONG locales. « Le premier pays à avoir répondu présent est le Koweït », qui a déjà envoyé des équipements au Liban, a rappelé le ministre. Un représentant du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a pour sa part annoncé au ministre, lors de la conférence de presse, que son organisation comptait consacrer immédiatement 200 000 dollars d’aide pour le lancement des opérations de nettoyage. À la question de savoir s’il était possible de commencer les travaux avant le cessez-le-feu, M. Sarraf a considéré que les ressources financières du Liban ne permettaient pas une action officielle qui soit à l’échelle du drame, d’où le fait qu’il n’avait d’autre choix que de profiter de cette période pour cerner les besoins et préparer la liste des équipements qu’il devra commander dès le cessez-le-feu obtenu, et ce, en vue, selon lui, d’une intervention rapide et globale. Par ailleurs, il a précisé qu’il était impossible de savoir comment évoluerait la marée noire durant le temps qui nous sépare du début des opérations, sachant qu’il ne s’agissait pas là d’une science exacte. Est-il sûr de manger du poisson ? Interrogé sur la fuite de fuel de Jiyeh et sur la possibilité qu’elle ne se soit pas arrêtée, M. Sarraf a estimé qu’il y avait deux théories à ce propos : l’une affirme que la fuite s’est interrompue, l’autre, plus pessimiste, souligne que de nouvelles nappes pourraient se retrouver dans l’eau. Il a déclaré préférer rester prudent dans ses affirmations à ce propos tant que des informations précises ne sont pas obtenues. L’avènement d’une marée noire suppose automatiquement des craintes liées à la consommation de poisson et un impact certain sur le secteur de la pêche. Dans son intervention, Mazen Abboud a assuré à plus d’une reprise que « les poissons n’ont pas été affectés directement parce qu’ils nagent en deçà de la surface ». Il a ajouté que selon le PNUE, 20 % du fuel se serait évaporé alors que 80 % serait toujours dans l’eau. Cette affirmation a requis une réponse du directeur général du ministère, qui a précisé que ce dernier avait simplement demandé aux pêcheurs de ne pas pêcher dans les endroits pollués, aux consommateurs d’être vigilants et de s’enquérir de l’origine des poissons, et à toutes les parties d’adopter la transparence en la matière. Commentant les photos de poissons morts à Ramlet el-Baïda, parues dans un documentaire projeté par le ministère lors de la conférence de presse, Jean Chouwah, président de la coopérative des pêcheurs de Dora, a soutenu que ces poissons avaient été tués par le bombardement du port de Ouzaï il y a quelques jours. Il a assuré que la publication de telles photos dans la presse a eu un impact négatif sur la pêche et que des analyses commandées par le ministère de l’Agriculture auraient montré que la pollution n’était pas la cause de la mort, toujours selon lui. M. Sarraf a réitéré la position du ministère, qui avait prôné la prudence, demandant au ministère de l’Agriculture (avec lequel il a coordonné) de publier les résultats de ses analyses dès qu’il les aura. Il a également recommandé que des analyses soient effectuées périodiquement sur les poissons d’ici là par mesure de précaution. Équipe de l’UE Sur un autre plan, l’Union européenne (UE) a envoyé au Liban une équipe de trois experts de nationalité danoise (dont deux sont membres de la Gestion danoise des situations d’urgence et un est officier de marine), pour fournir une assistance technique au ministère de l’Environnement en vue de facilitrer l’arrivée et l’usage d’équipements de nettoyage acheminés de Norvège, et pour organiser des sessions de formation destinées aux équipes locales. L’un d’entre eux, Peter Cragh, qui assistait à la conférence de presse, a précisé à L’Orient-Le Jour que la principale mission de l’équipe était de collecter des informations et de coordonner avec le ministère afin de l’aider à mettre au point un système devant permettre de faire face à la situation. Il a déclaré avoir visité les sites pollués avec ses collègues et avoir lu les rapports rédigés sur le sujet. Pour lui, la catastrophe est majeure, d’une part en raison de l’ampleur de la nappe de fuel, d’autre part du fait de ses effets sur la Méditerranée, aggravés par l’état de guerre. « Mais ça aurait pu être pire », a-t-il soutenu, considérant que les autorités ont fait ce qu’elles pouvaient, notamment une analyse détaillée de la situation, dans les circonstances actuelles. Il a ajouté que cette équipe ou une autre dépêchée par l’UE pourrait participer aux travaux plus tard. S. B.
Quel sera l’impact de la marée noire si les opérations de nettoyage continuent d’être retardées par les agressions israéliennes (les bombardements sur la centrale de Jiyeh ayant causé une fuite de pétrole qui s’étend sur 150 kilomètres de côte) ? Quelles sont les mesures entreprises par le ministère pour préparer le terrain à de telles opérations ? Quel est l’état de la...