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Sisyphe le Libanais

Qui méconnaît ce légendaire roi de Corinthe condamné, en enfer et pour le restant de l’éternité, à rouler un rocher sur la pente d’une montagne et qui retombait toujours avant d’avoir atteint son sommet ? Pas du tout légendaire ! Sisyphe est bien libanais et sa damnation, la sacro-sainte lutte contre Israël. Vingt-deux ans de combat et d’abnégation, de douleurs et de pleurs, de privation et de frustration ont miné les fondements de l’État et le moral pour être enfin couronnés par un retrait total (selon l’ONU) de l’armée israélienne du Liban-Sud. Liesses et fêtes submergèrent le pays et les butins de cette guerre de libération firent le tour de la nation tout comme les cérémonies victorieuses célébraient la toute puissance de la Rome antique. Vingt-deux ans d’escarmouches et contre-escarmouches, de guet-apens et de raids punitifs, de percées et retraits, de « kidnappings » et de grappes de la colère, de constructions suivies de démolitions pour enfin voir le sommet de notre triomphe, le retrait total des Israéliens. Erreur, le Hezbollah nous réservait un autre Golgotha. Notre purgatoire ne fut pas assez salvateur pour que nous méritions notre paradis. Il nous fallait consentir encore un ultime renoncement pour une terre perdue à laquelle pouvaient se greffer, le cas échéant, quelques monticules et, si affinité, près de sept villages qui reviendraient à la mère patrie. Et puisqu’on y est, pourquoi pas toute la Palestine occupée pour ne pas couper net cet élan libérateur ? Six ans de maquis et de croche-pieds en amont de la contestée Ligne bleue, de surveillances et contre-surveillances, de rapts et d’échanges, de tirs d’intimidation et de pilonnages vengeurs résumaient la banalité de la vie quotidienne du Libanais. Le raisonnement « jihadiste » à l’intention de la population était basé sur des endoctrinements tous azimuts incluant des théories de grande puissance, le soi-disant équilibre de la terreur ou le sempiternel bourbier libanais, véritable aventure cauchemardesque qui hantait l’esprit israélien. Le Liban se méprenait sur le freluquet David qui narguait Goliath le prédateur. Six ans déjà de stratégies prétentieuses de défense des frontières, d’amoncellement de missiles dits stratégiques, de fortifications qualifiées d’indestructibles par les « bunker busters » et de comportements de paladin moyenâgeux pour amortir une nouvelle chute du rocher. Le 12 juillet 2006, l’armée israélienne s’est attaquée à tout cela. Ni l’équilibre de la terreur, qui n’effarouchait que le Libanais, ni la stratégie de défense, qui ne handicapait que l’économie du pays, n’ont dissuadé Israël. Pire encore, celui-ci a repris le chemin dévasté de Beyrouth, et si, par simple suffisance, les combattants du Hezb s’enorgueillissent de la lente avancée de l’ennemi, ils ne peuvent que rougir de la dévastation la plus affligeante qu’ait jamais eu à subir un pays arabe en guerre contre Israël. Nous voilà, pour la énième fois, sous le joug étranger, à reprendre les chemins humiliants de l’ONU pour arracher un cessez-le-feu, à frapper aux portes des pays amis et frères pour réclamer et implorer une main forte, à courir après les médias pour conjurer et condamner, mais surtout à réarmer et mobiliser à nouveau les partisans pour résister et chasser l’occupant. Du déjà-vu et entendu. Dr Joseph MANTOURA
Qui méconnaît ce légendaire roi de Corinthe condamné, en enfer et pour le restant de l’éternité, à rouler un rocher sur la pente d’une montagne et qui retombait toujours avant d’avoir atteint son sommet ? Pas du tout légendaire ! Sisyphe est bien libanais et sa damnation, la sacro-sainte lutte contre Israël.
Vingt-deux ans de combat et d’abnégation, de douleurs et de pleurs, de...