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L’agression israélienne et ses retombées

La « légitime défense » israélienne La journée a été longue, très longue. Les images diffusées sur tous les médias étaient claires. Des enfants, des femmes et des hommes, mais surtout des enfants, plein d’enfants. L’offensive israélienne contre le village de Cana au Liban-Sud hante mon esprit. La justification israélienne aux Nations unies est on ne peut plus claire ; le Hezbollah lançait des roquettes sur Israël à partir de cette position. Mon problème, c’est que ce n’est pas un lance-missiles qui a été visé ; c’est un immeuble, avec plein de civils dedans. L’armée israélienne dispose de l’arsenal de bombardement le plus sophistiqué du monde ; cet arsenal, américain de source, est maintenant utilisé pour ce que les Nations unies ont précédemment qualifié de crime contre l’humanité. Ces gens, à Cana, ces enfants de Cana, dormaient lors de l’attaque. S’agissait-il de partisans du Hezbollah ? Probablement. Il n’y a rien d’autre à aimer au Liban-Sud que le Hezbollah parce qu’il n’y a que le Hezbollah au Liban-Sud. Pas de gouvernement libanais, pas de support international, pas de support des pays arabes, rien que le Hezbollah. Condoleezza Rice, la représentante de George Bush, fournisseur des armes israéliennes, était ce matin avec Ehud Olmert, le Premier ministre israélien, lui demandant de mettre fin aux attaques. Devant le refus catégorique de son hôte, elle s’est contentée d’afficher une mine contrite, empreinte de peine. Mme Rice a été invitée ce matin par le Premier ministre libanais, M. Fouad Siniora, à prendre le large, tant qu’un cessez-le-feu n’est pas en vigueur. M. Siniora a démontré ce matin une stupéfiante vitalité diplomatique. Je suis triste. Triste pour le gouvernement libanais, qui aurait dû faire son devoir il y a six ans ; triste pour les Israéliens, qui constatent que ceux qu’ils ont élus ne voient de solution que dans des actes sauvages et barbares ; triste pour les partisans du Hezbollah, qui n’ont personne d’autre à qui parler ; triste pour les Américains, qui ne comprennent toujours pas pourquoi on a détruit leurs belles tours jumelles. Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies, est certes un grand homme. À l’entendre, tout problème comporte une solution élégante et il semble toujours prêt à l’appliquer. Mais M. Annan n’est pas seul autour de la table du Conseil de sécurité ; depuis le début du conflit et depuis plusieurs conflits antérieurs, il a été bafoué, muselé par un ambassadeur américain froid et calculateur. Calculateur ? Bien sûr ! 40 milliards de dollars d’échanges commerciaux (incluant beaucoup, beaucoup de bombes) avec Israël chaque année, ça fait calculer. Claude BEAUMIER Canadien au Liban depuis 10 ans (et qui va rester) Faire face Comment faire face à toute cette violence ? Comment écouter ces atroces nouvelles, comment voir ces horribles images sans perdre la raison ? En tant que mère, en tant que femme, en tant qu’être humain, je ne suis pas capable de comprendre le massacre qui a eu lieu à Cana. Mon corps tremble tout entier, je sens que je perds la raison. Je frôle la folie. Bizarre, ma réaction. Je ferme la télé, je vais dans la chambre de mes enfants, je les enlace, je les embrasse, je les caresse. Je m’assure qu’ils sont bien. Je m’assure qu’ils ne sont pas au courant de cette horreur. Ils auront amplement le temps de découvrir l’absence d’humanité de certains humains... Puis, avec toujours cette sourde douleur à l’estomac et cette profonde anxiété au cœur, je vaque avec frénésie à des détails de ma vie quotidienne. Bizarre ma réaction. Il fallait que je me joue la comédie, que le monde est normal, que notre vie n’a pas basculé, que ce n’est qu’un cauchemar. J’insiste pour qu’ils fassent leurs devoirs de vacances et j’entreprends de cuisiner, je m’accroche à une normalité qui m’échappe. Suis-je un monstre de ne pas m’effondrer ? Non, si je m’effondre, je perds le contrôle ou le semblant de contrôle que j’ai sur ma vie et sur celle de ma famille. Je pleure en silence. Puis je dessine un rictus qui pourrait ressembler à un sourire pour ma famille : le déjeuner est prêt, à table tout le monde ! Roula DOUGLAS Contre la barbarie Pardonnez-moi, je ne peux vous dire bonjour mais je voudrais vous dire que je suis très en colère contre la barbarie de ces bombardements sur Cana et surtout sur des victimes sans défense. C’est vraiment une honte pour Israël. Quelle déchéance pour ce peuple ! Disons, du gouvernement et de l’armée : « Un fonctionnement médiéval. » Mes mots de colère sont si faibles en comparaison de ce qui vient d’être fait. J’ai beaucoup de peine pour toutes ces familles et ces enfants tués par bêtise. Une pensée d’amour pour vous, les Libanais, et pour ceux qui sont partis. Alain LORRIAUX France Sarkozy et le Liban Je trouve honteuse la démagogie de M. Sarkozy. Après s’être proclamé « un grand ami d’Israël » au journal télévisé de TF1, après avoir pris ouvertement le parti d’Israël et justifié l’agression de l’État hébreu contre le Liban, il a reçu beaucoup de messages de protestation et a donc décidé, pour redorer son image auprès des Libanais, d’offrir des vacances à 60 enfants, aux frais du Conseil général des Hauts-de-Seine. Nous aurions préféré qu’il ait un mot de compassion pour les 60 enfants massacrés à Cana et pour les 600 000 autres enfants bombardés quotidiennement par Israël. Les Franco-Libanais se souviendront de l’attitude scandaleuse de M. Sarkozy en exerçant leur droit de vote à l’élection présidentielle de 2007. Raymond HITTI Un Liban prospère Le Liban à feu et à sang, et l’opinion étrangère, qu’en pense-t-elle ? Que représente le Liban pour ces pays qui n’ont que très peu réagi face au massacre d’innocents ? Si je ne peux parler qu’en mon nom, une goutte d’eau dans un monde égoïste, il est des signes qui ne trompent pas. Tant les journaux que le peuple européen fournissent en effet un message éloquent : le dégoût ! À peine la guerre oubliée, les plaies cicatrisées, l’économie – dont le tourisme – en voie de redressement, que voilà le Liban, la petite Suisse du Moyen-Orient, à nouveau à genoux ; le Liban, jadis dévasté par une guerre dont beaucoup, en Europe, ne comprennent pas encore les vraies causes et implications, pilonné. Le Liban, qui a essaimé ses enfants dans nos universités pour former médecins et économistes, décimé. Peuple libanais, sache que nous sommes de tout cœur avec toi, même si, hélas, nous ne sommes pas responsables des actes de nos gouvernements, uniquement préoccupés par la construction européenne et les enjeux économiques, stratégiques et autres alliances avec tant le grand frère américain que le géant chinois. Liban, tel le Phénix, tu renaîtras de tes cendres, fier et fort de tes atouts, de ta richesse culturelle, fort du soutien moral de nombreux Européens écœurés par la tiédeur de leurs dirigeants. Valérie GUILMIN Bruxelles, Belgique C’était pour la bonne cause Il y avait une manifestation il y a deux jours, à 15 heures, avenue Fouad Chéhab (le Ring), organisée par on ne sait qui. On a envoyé des centaines de « forwards » et on pensait que tout le monde allait y assister parce que le thème était on ne peut plus pacifiste : Stop killing children. À 15 heures, on est sur place ; une heure plus tard, il y avait une quarantaine de personnes qui, en plus, se connaissent. C’était donc surtout les retrouvailles. On met cela sur le compte de la chaleur et on reporte la manifestation à 20 heures. Heure à laquelle il y avait 50 personnes, dont seulement quatre des manifestants de midi. Les gens n’étaient pas ce que j’appellerai des pacifistes puisqu’ils étaient contents des morts de l’autre camp. On est rentré avec le drapeau dont on est si fières, Frida et moi. Je vous envoie le drapeau en pièces détachées. Joanna SALIBA Salomon est loin Dixième siècle avant J-C : Hiram, roi de Tyr, se réjouit lorsque Salomon, roi d’Israël, lui demande de faire couper des cèdres du Liban. « Hiram donne à Salomon autant de cèdres et de cyprès qu’il en demande, en échange de vingt mille “kors” de froment pour nourrir sa maison et de vingt mille bats de broyage par an. » Yhwh a donné à Salomon l’intelligence, comme il lui avait dit. C’est la paix entre Hiram et Salomon ; ils font tous deux alliance (Premier livre des rois). C’est donc le bois de cèdre du Liban qui soutiendra et ornera le temple de Jérusalem. Juillet 2006 : Dan Haloutz, chef d’état-major de l’armée israélienne, fait bombarder le Liban en annonçant : « Nous allons ramener ce pays vingt ans en arrière. » Ce militaire se dit « un homme moral » et, après un énième massacre en Palestine, il confirme : « Ce qui s’est passé à Gaza ne m’empêche pas de dormir sur mes deux oreilles. » (Le Soir, juillet 2006). L’indécence et le cynisme n’ont-ils donc pas de limites ? Juillet 2006 : la photographe Jill Greenberg a photographié des enfants en pleurs. Des milliers d’internautes se mobilisent pour crier leur dégoût devant ce qu’ils qualifient de « pornographie la plus basse » et « d’abus d’enfants » (Le Soir, juillet 2006) Le 30 juillet, à Cana, 37 enfants sont morts sous les décombres d’un immeuble dans lequel ils avaient trouvé refuge pour échapper à la folie meurtrière de l’armée israélienne. Ces enfants-là n’ont pas été « abusés ». Ils sont morts, simplement, d’avoir été là où il ne fallait pas. 31 juillet 2006, le ministre (travailliste !) israélien Amir Peretz a déclaré qu’en tant qu’homme de paix, il fallait poursuivre la guerre (RTBF). Et le président Bush continue à soutenir un pays qui bafoue les droits humains les plus élémentaires. Et le reste du monde, l’Europe, la Belgique, regardent frileusement, lâchement, un pays gonflé d’orgueil et de certitudes mettre en pièces le Liban et la Palestine. Où donc est l’intelligence de Salomon ? Où donc est sa sagesse ? Que dire à nos amis libanais, ceux de là-bas, ceux d’ici, qui ont choisi de vivre dans un pays de paix et de tolérance et qui se sentent bien seuls pour se dresser contre ce qui ressemble fort à un génocide ? Michèle Van HUYSSE-DRYMAEL Bruxelles, Belgique Une véritable catastrophe Cette guerre imposée au pays du Cèdre est une véritable catastrophe pour les Libanais bien sûr, mais aussi pour tous les Arabes (même si le nationalisme arabe ne me dit rien). En détruisant ce pays, Israël, les USA et les autres puissances ne font que détruire le fief de la liberté, de la créativité, de la culture, mais aussi (et il faut le dire sans honte) la capitale de la tolérance et de l’ouverture. Telle est l’idée que j’ai pu retenir de ce pays, en dépit des tentatives régulières de sa destruction. Je souhaite que les conditions soient réunies très vite pour que votre pays se libère des différentes influences (Israël, Syrie, Iran). Aujourd’hui et sans juger l’attitude du Hezbollah, le préalable est que le pays puisse retrouver la paix. Après quoi, les Libanais ont toute la maturité requise pour remettre de l’ordre dans leur maison. Au Maroc, nous vivons cette guerre imposée aux Libanais avec beaucoup de tristesse. Mohammad KADIMI Cessez le massacre des innocents En France comme dans toute l’Europe, nous ne vous oublions pas, chers Libanais, et aujourd’hui je voudrais que la vraie communauté internationale soit celle des peuples, non des dirigeants, celle de notre solidarité avec vous, de notre tristesse, de notre dégoût de ces horreurs, de notre amitié pour vous qui souffrez et de notre confiance en votre courage. Alors, pour vous dire tout ça, nous manifestons, nous participons à des sit-in, des rassemblements, nous crions « Cessez le feu », nous brandissons des drapeaux et des pancartes, nous sommes ensemble pour tenter d’étreindre votre douleur, nous pensons à vous chaque jour. De Beyrouth à Rmeich, de Tyr à Cana, de Naqoura à Baalbeck, vous préservez votre dignité, votre humanité face aux armes sales, au silence, aux contorsions internationales. Chacun de nous, à Beyrouth comme à Paris, se fait un devoir d’être retenu pour être crédible : ajouter la haine à la haine n’apporterait que plus d’inhumanité. Nous sommes près de vous dans la tristesse, de tout notre cœur. Liberté ! Cessez le massacre des innocents ! Vie ! Paix ! Pour le Liban ! Mes bras s’étirent inlassablement pour étreindre le Liban et caresser sa chevelure de cèdre : mon Liban de cœur, je t’aime ! Nadine DEVOILLE Paris Nous n’oublierons jamais Mes enfants sont en train de vivre ce que j’ai vécu il y a vingt-cinq ans à leur âge, pendant l’invasion israélienne de 1982, et même pire…Cette fois-ci , je n’ai pas réussi à éloigner mes enfants du poste de télévision projetant les atrocités des massacres de Cana ; je n’ai pas pu cacher les photos des corps amassés de bébés martyrs publiées dans les journaux, ni cacher mes larmes, mon agonie à la vue de ces enfants tués dans leur sommeil. Ce qu’ils voient à la télé cultive en eux la haine et la vengeance de l’État hébreu ; une réaction on ne peut plus humaine. Moi qui ai toujours été pacifiste et tolérante, je me trouve en train de renforcer en eux l’esprit de la résistance. La résistance, l’autodéfense ; ce que de l’autre côté du monde on appelle « terrorisme » est un réflexe naturel. Les victimes, nos enfants massacrés par l’armée israélienne, nous ne les oublierons jamais. Les mensonges de l’État hébreu (un État construit sur des mensonges) et les manipulations de l’opinion publique ne sont plus convaincants. Et cette démocratie et une paix « durable » au Liban, suivant un scénario américano-britannique, nous les rejetons. En tant que mères, le massacre de Cana a réveillé le Hezbollah en nous. Ces criminels hitlériens qui massacrent nos enfants sans pitié, nous les combattrons jusqu’au bout. Yasmine Nachabé TAAN Assistant Professor, LAU Lettre aux dépressifs de l’ONU Messieurs, Depuis le début de cette tuerie (car il faut bien appeler les choses par leur nom), vous vous êtes successivement sentis « consternés », « atterrés », « choqués », « bouleversés ». De grâce, n’en faites pas trop. Il y va de votre santé. Que ces fâcheux événements ne vous atteignent pas plus que de raison. La planète a besoin de vous pour maintenir la paix. Si l’ONU succombe au craquage nerveux, qui fera régner la bonne entente parmi les peuples ? Qui proposera et exécutera des plans efficaces pour garantir leurs droits aux citoyens de cette terre, sans discrimination de race, de religion ou de nationalité ? Méditez la grande sagesse de vos prédécesseurs de la SDN. Voyez avec quelle perspicacité ils gérèrent les suites de la Grande Guerre et préparèrent la suivante. Prenez-en de la graine. Respirez. Rien de tel pour garder son sang-froid quand les génocides couvent. Multipliez les prouesses rhétoriques. Elles contrent la nausée quand le sang coule. Et quand tout sera fini, faites célébrer des commémorations, coulpe battue et bouche en cœur. Lea SOUCCAR-LECOURVOISIER Châteaulin, France Le modèle chypriote Chypre, pays modèle... Pour régler ses problèmes de sécurité et de développement, l’île s’est résolument tournée vers l’Occident, réussissant même à faire partie de l’Europe. La partie qui avait refusé cette option est actuellement en train de quémander son intégration à cette Europe, ce qui prouve la justesse de cette orientation. Chypre reçoit sept millions de touristes par an, alors que nous en espérions cette année près d’un million et demi. Chypre n’a enregistré depuis son adhésion à l’Europe aucun conflit sécuritaire ou politique ; son économie est florissante et elle jouit d’une paix totale. Le Liban s’est tourné vers l’Orient et a adhéré à la Ligue arabe, laquelle n’a même pas été capable de réunir un sommet. À l’opposé, depuis 1840, nous avons dû faire appel à l’Europe pour résoudre tous nos problèmes politiques, sécuritaires et économiques. Je suggère, comme solution définitive, que le Liban intègre l’Europe. Historiquement, le Liban a déjà fait partie de l’Europe, il y a 2 000 ans, et fut alors très prospère, à en juger par Baalbeck, joyau architectural mondial, et tant de citadelles et de palais… Je ne propose pas de sortir de la Ligue arabe, loin de là, mais d’appliquer ses résolutions comme sa charte le stipule et de devenir un vrai « pont » entre le Moyen-Orient et l’Europe. – Notre sécurité en serait ainsi assurée, car toute velléité d’attaque contre le Liban sera une attaque contre l’Europe. – Notre indépendance sera sauvegardée, au même titre que l’indépendance de chacun des pays européens. – Notre économie sera sauvée par un flot extraordinaire de touristes européens et arabes des plus prometteurs et un commerce florissant. – Notre industrie sera renforcée par l’implantation des industries européennes au Liban. – Notre agriculture n’aura plus de problèmes d’écoulement de ses produits, car les touristes viendraient les consommer sur place. Malek BASBOUS
La « légitime défense » israélienne

La journée a été longue, très longue. Les images diffusées sur tous les médias étaient claires. Des enfants, des femmes et des hommes, mais surtout des enfants, plein d’enfants. L’offensive israélienne contre le village de Cana au Liban-Sud hante mon esprit. La justification israélienne aux Nations unies est on ne peut plus claire ; le...