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Actualités

Préparons l’avenir

À l’automne de 1994, je rencontrais pour la première fois, dans ses bureaux de Choueifat, Michel Waked qui dirigeait en son temps la concession libanaise de Coca-Cola et qui me fit part de son projet de monter une laiterie au Liban. Je fus très vite frappé par le sens aigu du marketing chez cet homme qui abordait son projet avec une vision nouvelle, faisant fi des aspects négatifs des facteurs de production du lait, de la concurrence étrangère et qui misait pour réussir sur la qualité supérieure de ses produits et sur une bonne maîtrise du marché. Il nous fallut cinq ans pour concevoir et réaliser le projet intégrant la plus grande ferme laitière du Liban et la laiterie la plus moderne d’Orient. Au cours de mes quarante années actives dans le domaine des projets agro-industriels, j’ai rarement connu un homme aussi méticuleux et aussi soucieux de l’intérêt de son entreprise. Le résultat fut un vrai bijou : « Liban Lait ». Un succès agricole, une réussite industrielle, une première dans l’agroalimentaire libanais frais et de haut de gamme. Les obstacles tombèrent l’un après l’autre devant la détermination de Michel Waked, appuyé et soutenu par ses associés Zeidane et de Freige. Il avait mis Liban Lait sur la voie du profit durable. En 2006, il était sur le point d’intégrer de nombreuses fermes de la Békaa et d’autres régions libanaises, dans un circuit qui assurerait le développement sain de l’élevage bovin laitier de notre pays. Le 17 juillet 2006, la machine de guerre israélienne a simplement détruit Liban Lait en rasant son usine sise à Hoch Sneid, dans la Békaa. Près de 30 millions de dollars et dix années de créativité et de dur labeur sont ainsi partis en fumée. D’autres usines dans diverses régions du Liban ont subi les bombardements destructifs israéliens. Avec cette nouvelle guerre au Liban, les secteurs productifs de notre économie, nécessitant une importante capitalisation, souffrent actuellement de l’arrêt de leurs activités. Nombreuses sont les entreprises qui risquent de ne plus pouvoir se relever. Le député Nabil de Freige, partenaire actif de Liban Lait, avait affirmé au lendemain de la destruction de son usine qu’il comptait la reconstruire au même endroit. Toutes les entreprises industrielles, agricoles et commerciales ne disposeront probablement pas des moyens nécessaires à leur réhabilitation. L’État libanais est-il conscient de l’extrême nécessité de mettre sur pied de toute urgence un plan solide qui permettrait à tous ceux qui, comme Nabil de Freige, souhaitent garder leur expérience et leur savoir-faire au Liban de bénéficier d’un appui financier substantiel sans lequel ils iraient s’investir ailleurs? Ces résistants de l’ombre qui ont pris l’option d’un nouveau Liban en 1991, ces chefs d’entreprise qui ont lutté pour la pérennité d’un certain Liban méritent une attention très spéciale et un appui urgent si nous ne souhaitons pas perdre à jamais les spécificités culturelles et professionnelles qui particularisent l’entrepreneur libanais dans cette région du Moyen-Orient. Riad Fouad SAADÉ
À l’automne de 1994, je rencontrais pour la première fois, dans ses bureaux de Choueifat, Michel Waked qui dirigeait en son temps la concession libanaise de Coca-Cola et qui me fit part de son projet de monter une laiterie au Liban. Je fus très vite frappé par le sens aigu du marketing chez cet homme qui abordait son projet avec une vision nouvelle, faisant fi des aspects négatifs des...