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Près de 600 tonnes d’aides périmées, abîmées ou inadaptées déversées du monde entier sur la province d’Aceh En Indonésie, un tsunami de médicaments inutiles

Des dizaines de tonnes de médicaments inutiles ou périmés ont été brûlées cette semaine en Indonésie : ce pays frappé par les catastrophes suscite une aide internationale pas toujours à bon escient. Selon l’ONG Pharmaciens sans frontières (PSF), les médicaments reçus par l’Indonésie depuis le tsunami du 26 décembre 2004 représentent plus de problèmes pour le gouvernement que de bénéfices pour les populations sinistrées. « C’est un second tsunami, une énorme vague de médicaments totalement ingérable pour les autorités », explique à l’AFP Laurence Boiron, pharmacienne à PSF, en référence aux 600 tonnes de médicaments périmés, abîmés ou inadaptés déversés du monde entier sur la province d’Aceh. Cent tonnes de médicaments offerts par des donateurs étrangers ont été brûlées depuis mardi par les autorités. Déjà, début juillet, 150 tonnes de médicaments étrangers venus d’Aceh avaient été brûlées. PSF prévoit la destruction d’au moins 50 tonnes de donations pharmaceutiques aux sinistrés du séisme de Yogyakarta du 27 mai. À l’hôpital Zainoel Abidin de Banda Aceh, des paquets envoyés des 5 continents s’entassent dans les couloirs. Abu Sa’di, le pharmacien en chef, est perplexe. « Nous remercions la communauté internationale pour l’aide qu’elle nous a prodiguée. Mais tous ces médicaments inutilisables, ça prend de la place. Il aurait mieux valu la qualité à la quantité. » L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a pourtant instauré des règles strictes. Les médicaments doivent être conformes à la liste de l’OMS, connus dans le pays receveur et leur date de péremption doit dépasser d’au moins un an leur date de réception. Ces normes sont rarement respectées. À Aceh, 70 % des médicaments étaient étiquetés dans une langue étrangère hors l’anglais, ce qui est contraire aux règles de l’OMS. « Il y a des pays abonnés aux étiquettes uniques comme l’Espagne, la Chine, la Corée ou la Pologne », explique Sylvain Denarie, responsable de l’approvisionnement pour l’OMS. « On a reçu des injections de Pantozol contre la gastrite, mais en Indonésie on l’administre uniquement par voie orale », reprend Abu Sa’di. « On n’a pas pu s’en servir de peur de tuer des patients », se souvient le pharmacien. Certains médicaments étaient déjà périmés depuis des mois à leur arrivée à l’hôpital. Ou alors les boîtes étaient illisibles. « On se demandait, c’est un antibiotique ou un analgésique ? » ajoute une employée. Selon Pharmaciens sans frontières, après la guerre en Bosnie-Herzégovine (1992-1995), l’incinération de 17 000 tonnes de médicaments a coûté plus de 34 millions de dollars. Astrid Kartika, chargée de la destruction des médicaments de Nias, s’indigne : « À 250 dollars la tonne à incinérer, on pourrait construire un centre de santé ». Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) prend en charge, via des fonds pour le tsunami, la destruction des 200 tonnes de médicaments venus de Nias, dévastée par un tremblement de terre le 28 mars 2005. « L’Indonésie, avec toutes ces catastrophes, est un dépotoir pour les pays occidentaux, c’est criminel », ajoute la conseillère en santé pour le PNUD à Nias. Ces médicaments menacent aussi l’environnement lors d’un long stockage et finissent par alimenter le marché noir. « Entre le moment où l’on a fini l’inventaire à Banda Aceh et celui où l’on a vidé l’entrepôt pour incinérer les médicaments à Djakarta, soit 4 mois, 250 tonnes de médicaments avaient disparu », explique Laurence Boiron. Bahron Arifin, du ministère indonésien de la Santé, ajoute que le gouvernement n’a jamais demandé de médicaments. « Dans l’urgence, il nous faut des couvertures, de la nourriture, des abris, dit-il.Les médicaments, nous en avons assez. »
Des dizaines de tonnes de médicaments inutiles ou périmés ont été brûlées cette semaine en Indonésie : ce pays frappé par les catastrophes suscite une aide internationale pas toujours à bon escient.
Selon l’ONG Pharmaciens sans frontières (PSF), les médicaments reçus par l’Indonésie depuis le tsunami du 26 décembre 2004 représentent plus de problèmes pour le gouvernement que...