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Actualités - REPORTAGE

REPORTAGE L’espoir des veuves congolaises avant les élections

Les femmes de Kimpoko ne connaissent même pas le nom des candidats aux élections présidentielle et législatives de dimanche en République démocratique du Congo. Mais qu’importe : elles espèrent toutes que ce scrutin historique leur permettra de tourner la page, après dix ans d’un conflit qui leur a presque tout pris, jusqu’à leur mari. À quelque 70 km de la grouillante capitale, Kinshasa, le minuscule village de Kimpoko compte plus de 150 veuves de militaires tués entre 1996 et 1997, lors d’un conflit qui a abouti à la chute du dictateur Mobutu Sese Seko. Alors que les avenues de Kinshasa sont recouvertes d’affiches colorées vantant les mérites d’un nombre impressionnant de candidats, aucun slogan électoral n’égaie les allées poussiéreuses de Kimpoko. Pourtant, les veuves du village expriment toutes le même souhait : que ces premières élections libres depuis plus de 40 ans permettent à l’ancienne colonie belge d’enrayer son déclin. De 1998 à 2003, plus de quatre millions de Congolais sont morts, victimes de la violence, des famines ou des maladies. Après les accords de paix de 2003, les veuves se sont vu offrir ces terres sèches en dehors de Kinshasa, mais il a fallu attendre 2005 pour que des missionnaires jésuites leur viennent en aide et construisent des logements rudimentaires. « Nous connaissons d’immenses difficultés pour vivre. Nous n’avons pas d’eau, pas d’électricité. Il n’y a pas assez de logements, explique Célestine Muliwa-Muenge. C’est pour cela que je vais voter. Pour élire quelqu’un qui puisse nous aider. » Pourtant, plus de la moitié des 32 candidats à la présidentielle ont appelé au report du scrutin, dénonçant des cas d’intimidations et des fraudes de la part du camp du président Joseph Kabila, lui aussi candidat et favori. La puissante Église catholique a appelé au boycottage des urnes tant que les irrégularités constatées ne disparaîtront pas. Muliwa-Muenge, 47 ans, vend du petit bois pour compléter sa pension mensuelle de veuve, de dix dollars par mois. « Aucun des candidats n’est venu ici (...). Je sais qu’il y a 33 candidats mais je ne sais pas qui ils sont », explique cette mère de 9 enfants, sans savoir qu’un candidat s’est retiré de la course lundi. « L’important, c’est d’élire un fils du Congo pour apporter le changement dans le pays, pour que la paix soit possible. » « Le nouveau gouvernement devra nous donner des écoles, pour éduquer nos enfants », juge-t-elle. Daniel Flynn (Reuters) l’opposition manifeste violemment à Kinshasa Une violente manifestation de partisans de l’opposant congolais Étienne Tshisekedi, hostiles à la tenue des élections prévues dimanche en République démocratique du Congo (RDC), a été dispersée hier dans les quartiers est de Kinshasa, a constaté un journaliste de l’AFP. Quelque 500 militants de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) ont violemment frappé plusieurs passants et journalistes, lancé des pierres contre les forces de l’ordre et systématiquement arraché et brûlé les banderoles de candidats à la présidentielle et aux législatives. Avant même le début de la marche, qui avait été autorisée par le gouvernorat de Kinshasa, les jeunes manifestants avaient commencé à détruire les posters électoraux, scandant « Pas d’élections au Congo le 30 juillet sans Tshisekedi », « Aucun bureau de vote ne sera ouvert le 30 juillet ! ». L’UDPS d’Étienne Tshisekedi boycotte le processus électoral depuis son lancement en juin 2005 et n’a présenté aucun candidat aux élections. Partis de Kingasani en matinée, un quartier populaire de l’Est bordé par la grand-route menant à l’aéroport international de la capitale, les manifestants ont finalement été dispersés en fin de matinée à coups de grenades lacrymogènes par la police, à moins d’un kilomètre du point de départ de la marche.

Les femmes de Kimpoko ne connaissent même pas le nom des candidats aux élections présidentielle et législatives de dimanche en République démocratique du Congo. Mais qu’importe : elles espèrent toutes que ce scrutin historique leur permettra de tourner la page, après dix ans d’un conflit qui leur a presque tout pris, jusqu’à leur mari.
À quelque 70 km de la...