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Que veulent la Syrie et l’Iran ?

Nul n’ignore désormais, au Liban comme dans le monde, que la Syrie, forcée par les Libanais (appuyés par la légalité internationale) de mettre un terme à sa tutelle sur leur pays, continue d’œuvrer pour rétablir sa tutelle sur le pays, même à partir de l’extérieur. Mais cette tutelle revêt des formes différentes de celles qui avaient cours par le passé. La forme qui prévaut aujourd’hui consiste à punir le peuple libanais pour sa décision d’en finir avec cette tutelle et se traduit par des actions visant à empêcher le pays de connaître la stabilité, de sortir de l’impasse et de recommencer une vie normale dans un contexte de liberté, de souveraineté et d’indépendance. Plus encore, la direction syrienne qui porte la responsabilité – sur le plan politique, tout au moins – des assassinats des grandes figures politiques du pays, à commencer par l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, puis de l’intellectuel de gauche Samir Kassir, du dirigeant politique Georges Hawi et du journaliste Gebran Tuéni, désire empêcher par tous les moyens la formation du tribunal international qui doit enquêter, et se prononcer, sur ces assassinats. Car cette direction syrienne craint que le peuple libanais et la société internationale ne lui demandent des comptes sur ce qu’elle a fait au Liban durant la période de sa tutelle. Aussi a-t-elle averti les Libanais, directement et par le biais d’intermédiaires, qu’ils payeront très cher leur décision de mettre un terme à sa tutelle… alors que c’est à la faveur de cette tutelle que les Syriens ont détruit les institutions de l’État et celles de la société civile, exacerbant toutes sortes de sentiments d’appartenance et d’antagonismes, tant religieux que partisans et familiaux. En ce faisant, leur objectif était de montrer que les Libanais étaient incapables de se gouverner eux-mêmes et qu’ils avaient besoin de la tutelle de la Syrie – une grande sœur et un pays voisin de surcroît – mais à ses propres conditions. La position des dirigeants syriens sur la question des fermes de Chebaa constitue un exemple éloquent des visées de la Syrie et éclaire quelque peu les menaces proférées contre le Liban. C’est ainsi qu’ils refusent de fournir la carte qui atteste de la libanité de ces fermes, occupées par les Israéliens depuis 1967. Et cela malgré le fait que ces fermes avaient été annexées par la Syrie dans les années quarante du siècle dernier et que les gouvernements qui s’étaient succédé à la tête de l’État syrien avaient toujours refusé de les restituer aux autorités libanaises. Plus grave encore, la direction syrienne refuse de procéder à un tracé des frontières avec le Liban et d’établir des relations diplomatiques entre les deux pays, comme cela se passe normalement entre tous les pays arabes. Ce qui confirme le sentiment que la Syrie aspire toujours à maintenir le Liban dans son ombre et à l’annexer sur les plans économique, militaire, sécuritaire, etc. Persistant dans cette position, les dirigeants syriens essaient dans le même temps de dresser les Libanais les uns contre les autres, de provoquer des dissensions internes et une nouvelle guerre civile. Mais ils n’arriveront pas à réaliser cet objectif : la position unie des Libanais face à l’agression israélienne que le pays endure ces jours-ci en est la preuve. Toutefois, ce qui est étrange dans la position des Syriens, c’est qu’ils veulent que le Liban reste le théâtre de conflits internes aussi bien qu’un champ de bataille avec Israël alors qu’ils maintiennent une trêve de longue durée avec les Israéliens et oublient qu’une partie de leur territoire (le Golan) – dont la superficie est égale à celle du Liban – est toujours sous occupation israélienne. De plus, ils veulent faire croire au peuple palestinien que le Liban est le seul pays capable de se solidariser avec lui, en lieu et place de tous les autres pays arabes et de la Syrie elle-même. Mais les Palestiniens n’ont pas été dupes et sont fermement attachés à la stabilité et à l’indépendance du Liban ; ils sont sensibles à son rôle et aux grands sacrifices que ce pays a consentis pour la défense de leur cause. Plus étranges encore sont les prises de position que nous constatons en ces heures cruciales et qui montrent que l’Iran – qui soutient la Syrie dans tous ses faits et gestes – adopte vis-à-vis du Liban la même position que la Syrie. La grande question que se posent aujourd’hui les Libanais ainsi que les amis du Liban dans le monde est la suivante : est-ce que la Syrie et l’Iran veulent faire du Liban le théâtre de leur lutte avec leurs ennemis, qu’ils soient américains ou israéliens, et éviter ainsi à leurs propres pays les retombées de cette lutte ? Nous ne pensons pas que les Libanais accepteront d’être poussés de force vers cette alternative. Il est également peu probable à notre sens que le monde accepte que le Liban devienne une proie isolée pour Israël et constitue un théâtre pour la lutte entre les petits et les grands, au bénéfice de leurs intérêts et contre les siens propres. Karim MROUÉ Écrivain
Nul n’ignore désormais, au Liban comme dans le monde, que la Syrie, forcée par les Libanais (appuyés par la légalité internationale) de mettre un terme à sa tutelle sur leur pays, continue d’œuvrer pour rétablir sa tutelle sur le pays, même à partir de l’extérieur. Mais cette tutelle revêt des formes différentes de celles qui avaient cours par le passé. La forme qui prévaut...