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Actualités - OPINIONS

L’agression israélienne et ses retombées

Liban, si tu savais combien je t’aime J’aurai voulu être historien pour pouvoir raconter aux générations futures ce calvaire, que depuis 30 ans nous subissons avec résignation. J’aurai voulu pouvoir leur raconter l’histoire de mon pays bien-aimé, unique en son genre et qui a subi tant de turpitudes, de bombardements, d’occupations, d’assassinats, d’attentats, de mépris et de haine. J’aurai voulu raconter à tous mes amis du monde entier qui téléphonent préoccupés de savoir si nous sommes encore en vie, tous les sacrifices que nous subissons, sans électricité, sans eau, sans ascenseur et la peur au ventre qui nous tenaille quand résonnent les coups de canon ou les bombardements d’avions déchaînés. J’aurai voulu leur dire que 17 fois en trente ans nous avons changé les vitres de notre appartement et que, malgré tout, nous sommes prêts à les changer 17 fois encore, même si mon père n’est pas vitrier… J’aurai voulu surtout leur enseigner que malgré les invasions meurtrières, ce peuple de héros continue de croire à la vie, continue d’espérer en une coexistence pacifique et que ni le chantage, ni les menaces, ni les bombardements, ni les hurlements de quelques fanatiques ne peuvent modifier notre comportement et nous amener à céder notre pays à nos voisins insatiables et sans scrupules. Et pour terminer par le fameux vers de Kipling, je dirais : « Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir, tu seras un homme mon fils. » Le Liban a besoin d’hommes qui croient en sa destinée de pays martyr et sans cesse renaissant, et l’histoire hélas est toujours un éternel recommencement. Raymond NAHAS Une fois de plus… Une fois de plus, le Liban pleure… Les larmes de sang coulent tout au long de ses immeubles, de ses rues et de ses quartiers. Nous croyions que depuis 1975, la situation se calmerait et que nous ne vivrons plus le malheur, la pauvreté et l’inconnu du lendemain. J’écris ces mots en attendant le sifflement des obus. Quel serait leur but cette fois ? Une maison pleine d’une famille innocente ? Une base militaire qui n’a rien à voir avec cette guerre de monstres ? Ou encore une industrie de lait qui, désormais, était la seule à fournir du lait aux enfants ? Que quelqu’un m’explique le but de ces hommes… Serait-ce vraiment à cause de l’enlèvement des deux soldats israéliens ? Non, à mon avis, ce n’est pas le cas. Cette guerre de terroristes a plusieurs raisons. Tout d’abord, et comme nous le savons, le Liban était, est et restera toujours l’objectif de tous ces voisins. Ils veulent s’emparer de son économie. Ce carnage ne s’arrêtera pas avant la destruction de toute l’infrastructure de ce pauvre pays. Des milliers de gens ont quitté leurs maisons au Sud avec leurs enfants en direction de la capitale, mais il s’est avéré que même la capitale n’était pas un endroit sûr. Où iront tous ces gens ? Comment trouveront-ils refuge ? Que mangeront-ils maintenant que toutes les routes qui nous relient au reste du monde sont coupées ? Nos responsables ont maintes fois demandé de l’ONU un cessez-le-feu, mais il faut dire que même cette organisation, qui est supposée être indépendante et donc objective, est là à regarder le désastre et la destruction. Et si nous parvenons à lire entre les lignes, nous devinerons alors facilement que son aval à Israël a été donné il y a quelque temps, comme si nous n’étions que des marionnettes qu’ils peuvent manipuler quand ils le veulent. Et malheureusement, c’est le cas… Joëlle EL-ADEM Appel à tous les Libanais Quatorze malheureux jours ont plongé notre cher Liban dans la terreur et dans la misère. Ces mêmes quatorze jours sont passés inaperçus aux yeux d’une communauté internationale indifférente et embarrassée, laissant se dérouler une guerre disproportionnée, une guerre imposée, la « guerre des autres ». Les bombardements journaliers étouffent la vie des Libanais, démolissent leurs maisons et détruisent leurs moyens de communication, de travail, de vivre. Je remercie l’ONU pour ses efforts sur le plan humanitaire, en estimant le nombre de déplacés libanais à 500 000 habitants qui ont tout perdu suite à la sauvagerie d’une armée inhumaine. Je ne vais pas m’attarder sur l’atroce bilan actuel de cette horrible guerre, les médias en font leur pain de tous les jours. Je vais me concentrer sur un phénomène important qui a résulté, malheureusement, en des déplacements d’une bonne partie de la population. Des centaines de milliers de personnes sont contraintes de trouver refuge dans les centres d’accueil de villes jusque-là épargnées par les attaques, dans ses écoles publiques, voire chez des habitants. Je tiens à exprimer mon admiration à ces familles qui ont ouvert leurs portes aux déplacés et qui partagent désormais avec eux leur pain quotidien. La guerre civile au Liban a creusé un fossé entre les différentes communautés. Les gouvernements successifs de l’après-guerre n’ont pas essayé de trouver la solution à ce problème majeur. Les jeunes vivent recroquevillés dans leurs communautés respectives, ignorant la nécessité de connaître l’autre. Le rôle absent (malheureusement !) de l’État face à cet important défi pourrait et devrait être traité dans un article à part. Quelle est la relation avec ce qui se passe actuellement ? Israël mise sur un « schisme » communautaire libanais. En ce temps de guerre, notre solidarité comme peuple libanais est de nouveau mise à l’épreuve. J’appelle tous les jeunes à s’impliquer davantage dans les secours aux familles déplacées, d’apprendre à les connaître et de partager avec elles leurs soucis et leurs peines. Roger ANTOUN Nous sommes à nous-mêmes nos plus grands ennemis De même que bien des Libanais ont collaboré avec le régime de la tutelle syrienne faute de pouvoir y mettre fin, de même aussi nous nous considérons tenus de soutenir aujourd’hui le Hezbollah faute de pouvoir le neutraliser. Il a fallu la catastrophe de l’assassinat de Rafic Hariri pour que nous nous décidions à exiger le départ de la Syrie avec le soutien de la communauté internationale. Normalement la catastrophe de la guerre de juillet aurait dû avoir un effet analogue et aboutir à la neutralisation du Hezbollah, avec le soutien international. Mais une question importante est venue brouiller les cartes et créer une grande confusion dans nos esprits. Au lieu de reconnaître que le Hezbollah est responsable de la catastrophe, nous n’avons vu que la responsabilité israélienne. La brutalité de la réaction israélienne est, certes, condamnable. Mais cela ne veut pas dire que nous pouvons nous permettre d’absoudre le Hezbollah. J’ai reçu il y a quelques jours un e-mail critiquant la prise de position d’Amnesty International, qui a eu l’intelligence de condamner et Israël et le Hezbollah. La personne qui a envoyé le e-mail trouvait la condamnation du Hezbollah inadmissible. La raison qu’elle a donnée est la suivante : il ne faut pas traiter l’agressé comme l’agresseur. Ce genre de raisonnement n’est possible que si l’on s’identifie avec le Hezbollah au point d’en faire avec le Liban la victime innocente de la brutalité israélienne. Aussi longtemps que nous nous refuserons de confronter les démons qui nous possèdent et nous aveuglent, nous resterons incapables de créer autre chose qu’un État fantoche. Joseph CODSI Incohérences Je voudrais faire appel à toute la population libanaise. Je pense que ce que voudraient beaucoup de gens qui ont des intérêts dans l’affaire c’est qu’il y ait un conflit entre les pros et les anti-Hezbollah et, par conséquent, une guerre civile-bis. Mais ce qu’il faut absolument se rappeler et avoir présent à l’esprit, ce sont les méfaits de la guerre bien entendu mais surtout l’absurdité et la non-logique de la guerre civile libanaise. Ce que l’histoire nous apprend, c’est que la plupart des guerres ont toujours eu une logique intrinsèque, c’est-à-dire une logique qui justifierait, du point de vue formel, les actes d’une nation ou la décision d’un État. Je ne parle évidemment pas d’une justification ou d’une excuse éthique ou humaine de la guerre mais encore une fois de l’aspect purement logique, où ni la stratégie ni les états d’âme n’entrent en compte. Eh bien, on peut constater que la logique de la guerre civile du Liban est une logique qui se contredit tout le temps et, par conséquent, n’en est pas une ; en fait, il n’y en a pas. On pourrait croire que c’est le propre d’une guerre civile mais je ne pense pas que la guerre de Sécession soit dépourvue de logique dans la mesure où quelque chose fut sauvée à la fin de celle-ci et c’est l’abolition de l’esclavage alors que rien ne l’a été dans la guerre civile libanaise. Il suffit de considérer les grands traits de cette guerre pour comprendre ce que j’essaie de dire. Quel est l’homme politique, le zaïm ou le chef de clan qui n’a jamais été en désaccord avec ses propres propos ? Mon but n’étant pas de faire le procès des hommes politiques libanais (cela ne sert à rien), mais de montrer leur incapacité à respecter un simple principe qui est celui de la cohérence. Je pense que l’imam Moussa Sadr savait ce qu’il disait quand il déclarait, avant même que la guerre n’éclate : « L’arme ne résout pas la crise, mais augmente la déchirure de la nation. » (Notre correspondant entame ensuite l’énumération de tous les retournements des uns et des autres tout au long des années de guerre et que l’on aurait,hélas, un peu trop tendance à oublier aujourd’hui). Alors bien sûr cela paraît naïf comme vision, mais c’est suffisant pour s’apercevoir que c’est une guerre d’intérêts personnels. Je finis juste en rappelant que cela n’a aucun sens de répondre des fautes que nos pères ont faites : aujourd’hui on ne juge pas les Allemands par rapport aux grands-parents nazis qu’ils ont eus. Jade BREIDI
Liban, si tu savais combien je t’aime

J’aurai voulu être historien pour pouvoir raconter aux générations futures ce calvaire, que depuis 30 ans nous subissons avec résignation.
J’aurai voulu pouvoir leur raconter l’histoire de mon pays bien-aimé, unique en son genre et qui a subi tant de turpitudes, de bombardements, d’occupations, d’assassinats, d’attentats, de mépris et...