J’accuse !...

J’accuse la plupart de mes compatriotes de faire passer leurs intérêts ainsi que leurs religions avant leur pays. J’accuse tous nos politiciens de se moquer de leurs concitoyens en ne sachant pas comment leur bâtir un État libre, indépendant et prospère. J’accuse tous les partis politiques d’engendrer la haine confessionnelle et de monter les gens les uns contre les autres. J’accuse le Hezbollah et son chef de se substituer à l’État libanais et à son armée et de décider de faire la paix ou la guerre à un voisin beaucoup plus puissant. J’accuse le mouvement Amal d’avoir vidé les caisses de nombreuses administrations en imposant des fonctionnaires qui touchent des salaires en restant à la maison. J’accuse le Courant du futur et ses alliés de chercher à gérer un pays comme une multinationale sans respect des composantes du pays et de ses données politiques. J’accuse le Courant patriotique libre et son chef d’avoir donné de faux espoirs à tout un peuple et d’assumer un rôle d’opposant en pactisant avec leurs ennemis d’hier afin d’accéder au pouvoir comme l’ont fait leurs prédécesseurs. J’accuse le chef de l’État de s’accrocher à un fauteuil que personne ne lui a accordé, sinon l’ancienne tutelle. J’accuse les présidentiables maronites, si nombreux, de s’entre-déchirer et de chercher par tous les moyens à occuper ce même fauteuil sans savoir quoi en faire à part se remplir les poches. J’accuse le pauvre peuple libanais de se laisser berner par une démagogie purement politicienne et surtout à base confessionnelle. J’accuse encore le pauvre peuple libanais de n’avoir pas le courage de descendre dans la rue pour clamer haut et fort son besoin de vivre dans la dignité et d’édifier une nation pour tous. Enfin, je m’accuse moi-même de vivre loin de mon pays et de ne pouvoir rien faire pour l’empêcher de voler en morceaux éparpillés pour des considérations religieuses. Carlos ACHKAR Kinshasa