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Actualités - OPINION

Éclairage Inquiétude en Afghanistan à la perspective d’une nouvelle brigade antivice

La volonté du gouvernement afghan de créer un département de « promotion de la vertu et prévention du vice », rappelant celui qui s’était sinistrement illustré sous le régime taliban, a ravivé les inquiétudes des défenseurs des droits de l’homme et de nombreux analystes. « Quel besoin de recréer ce qui reste un aussi mauvais souvenir pour les Afghans ? » s’est étonné la députée et analyste politique afghane Shukria Barikzai, inquiète du flou entourant les attributions de ce « département ». Approuvée en juin par le gouvernement, la création du « Département pour la promotion de la vertu et la prévention du vice » – qui reprend l’exact intitulé de la brigade antivice des talibans – doit encore être approuvée par le Parlement qui doit se réunir fin juillet. Face aux craintes d’une « talibanisation » de l’Afghanistan, les autorités se sont efforcées d’expliquer que ce nouveau département n’avait rien à voir avec son prédécesseur taliban. « Quand nous parlons de “vice et vertu”, on pense tout de suite aux talibans. Mais cela n’a rien à voir », a assuré à l’AFP Karim Rahimi, le porte-parole du président afghan Hamid Karzaï. « Ce sera une organisation qui travaillera à la promotion de la moralité dans la société comme il en existe dans d’autres pays islamiques », a-t-il expliqué. Des départements du vice et de la vertu existent dans d’autres pays musulmans, mais c’est celui du régime des talibans qui s’était rendu mondialement célèbre de 1996 à 2001 par sa violence. Patrouillant dans les rues à la recherche des violeurs des règles de l’islam, la « police du vice » pourchassait violemment les hommes sans barbe ou la tête découverte, ceux qui ne participaient pas aux cinq prières quotidiennes ou les femmes qui ne se couvraient pas entièrement de leur burqa. Les Afghanes, privées d’école et de travail, ne pouvaient pas sortir en public sans être accompagnées d’un membre masculin de leur famille. Musique, films et photos étaient interdits. Des amputations et des exécutions publiques étaient également organisées pour les criminels. Le nouveau département sera « totalement différent », a affirmé un autre porte-parole présidentiel, Siamak Hirawi. « Celui-ci n’aura pas de force de police, ni n’exercera de contrainte physique », a-t-il assuré en soulignant qu’il se contenterait de « promouvoir » les valeurs islamiques, notamment la prière et une tenue vestimentaire conservatrice pour les femmes, et dénoncer les vices comme l’alcool et la prostitution. « Le gouvernement le présente aujourd’hui comme une force symbolique, mais il n’y a aucune garantie qu’il ne se transforme pas demain en l’expression brutale d’un extrémisme religieux, comme dans le passé », a redouté la députée Shukria Barikzai. « Les Afghanes font face à une insécurité croissante, il est plus important pour le gouvernement d’améliorer leur accès à la vie publique que de le limiter encore plus », a estimé de son côté Zama Coursen-Neff, de l’organisation américaine de défense des droits de l’homme, Human Rights Watch. « La création de ce département a été décidée sous une pression extrême des groupes religieux. Un retour au régime taliban est impossible, mais certains cercles s’efforcent de mener une talibanisation de l’Afghanistan », a renchéri le député Ahmad Behzad. « Prêcher la vertu est un travail culturel qui doit se faire par les médias », a-t-il estimé. Waheedullah MASSOUD (AFP)
La volonté du gouvernement afghan de créer un département de « promotion de la vertu et prévention du vice », rappelant celui qui s’était sinistrement illustré sous le régime taliban, a ravivé les inquiétudes des défenseurs des droits de l’homme et de nombreux analystes.
« Quel besoin de recréer ce qui reste un aussi mauvais souvenir pour les Afghans ? » s’est étonné la...