Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINIONS

L’agression israélienne et ses retombées

Désolante destinée Je me remémore les années de guerre, 1978, 1980, 1982, 1990, portés dans les bras de nos parents, d’un abri à l’autre, d’une région à l’autre. Nos parents, nos familles ont lutté dans les pires moments pour nous garder en vie, pour nous assurer un avenir digne. Nous avons survécu aux événements et rebâti le pays. L’acharnement mis par nos parents à nous pousser à faire nos études, même sous les bombes, nous a permis d’acquérir une éducation qui distingue aujourd’hui les Libanais dans tous les pays d’accueil. Puis un jour, nous avons émigré, sous des cieux plus cléments. Mais nos parents sont restés au pays, fidèles à la terre qu’ils n’abandonneront jamais. Aujourd’hui, c’est impuissant, désolés, que l’on fait le constat suivant : ils revivent de nouveau la même terreur, que l’on croyait à jamais enfouie. Mais cette fois, ils sont seuls, sans leurs enfants, à lutter, des années plus tard, contre la même machine de guerre. Nous, les jeunes enfants de la guerre, sommes à l’étranger tandis que le destin a voulu piéger de nouveau nos parents et nos familles. Après tant de souffrances vécues depuis 1975, nous aurions voulu qu’un jour nos parents se reposent, eux qui ont tant donné durant la guerre pour que le Liban se redresse. Mais le destin en a voulu autrement. Comme pour tester leur instinct de survie, leurs nerfs à fleur de peau, leur indomptable désir de s’accrocher au pays. C’est un vibrant hommage que je tiens à rendre, dans ces lignes, à nos parents et familles, actuellement piégés au cœur de l’enfer, qui refusent de quitter le Liban et qui continuent de lutter pour le redressement du pays. Que Dieu vous garde de tout mal en ces temps de souffrance jusqu’au jour de nos retrouvailles prochaines. Muriel MATTA Limassol La civilisation, ce n’est pas la force Nous sommes terriblement choqués par ce qui vous arrive et nous sommes solidaires avec tout le Liban, un pays magnifique qui a le droit de croire à la paix et que nous admirons pour tout le travail de reconstruction qu’il a fait et pour sa soif de démocratie, de liberté et d’indépendance. Un pays honnête et civil aurait d’abord appelé votre gouvernement pour combattre ensemble le terrorisme et n’aurait pas choisi de vous détruire d’abord. Mais de la part de ces nouveaux barbares, bourreaux de tout le Moyen-Orient et à qui leur histoire n’a rien appris, on ne peut que s’attendre à l’arrogance et à la violence. Vous avez si bien reconstruit votre pays ! Malgré ce qui se passe aujourd’hui, et si tout s’arrête dans quelques jours, ne tombez pas dans le piège de la vengeance, du sang pour le sang, mais réparez les dommages et montrez ce dont vous êtes capables à Israël et à tous les autres pays de la région qui partagent avec vous une de vos religions, mais qui semblent ne pas trop se faire de souci pour votre sort, vos capacités, votre force mentale et humaine et cette volonté de démocratie qui vous distinguent si bien par rapport aux autres pays de la région. Le niveau de progrès et de civilisation d’un peuple ne se démontre pas par la force uniquement. Bonne chance, que tout se termine le plus rapidement possible et que l’histoire ne puisse pas se répéter. Avec toute ma solidarité et sympathie. Francesco MIISMIRIGO La Bastide Bedano – Suisse Trente ans... Réfugiée à nouveau dans notre petite maison de la montagne, je tombe en feuilletant un album sur une photo de moi datée de juillet 1976, enceinte, essayant de sourire malgré l’angoisse qu’on voyait dans mes yeux, tenant une fillette par la main devant une maison louée à la hâte à Ajaltoun. Ce bébé dans mon ventre, aujourd’hui enceinte et mère d’un petit garçon de deux ans, a elle aussi quitté Beyrouth pour un petit chalet à Faraya afin d’échapper aux bombes. Trente années séparent ces deux images faites de moments d’angoisse, de peur, de départs, de retours, d’espoir, de foi en ce pays. Quelle est la faute de tous ces Libanais qui ne connaissent pas la paix, à part d’être nés sur un lopin de terre béni des dieux mais convoité par ses voisins ? Sa faute, si faute il y a, c’est de n’avoir jamais su choisir ses allégeances ni ses dirigeants, faute grave, quasiment mortelle. Dolly TALHAMI Le chant des patriotes Je chante mon pays, ma patrie, mon sang et mes larmes… Je chante mon pauvre Liban, encore uni devant le martyre des armes, Le véritable martyre, celui, silencieux des innocents Et non pas celui, arrogant, des combattants Je chante pour tous ceux qui se taisent et se terrent, Je chante pour tous les patriotes, ceux qui aiment leur terre Il y a le patriotisme de la haine et des préjugés, Du peuple endormi par la doctrine intéressée Il y a le patriotisme de toutes les vérités Du peuple qui laisse déborder sa fraternité Qui êtes-vous, armée de l’ombre, pour parler en mon nom ? Qui êtes-vous, armée brune, pour mordre avec cette rage coupable ? La peur des yeux des enfants nous est insupportable Désormais, il va nous falloir lutter contre la haine des générations Je chante le courage tenace des vrais patriotes Résistants, contre la force de destruction, nous le sommes, Résistants contre le cynisme meurtrier de nos voisins, nous le restons Nous sommes encore là, incroyablement résistants. Yasmine GEMAYEL Le soutien d’un écrivain français J’accuse Israël de détruire le Liban, pays où j’ai de la famille en ce moment même à Beyrouth (deux neveux franco-libanais âgés de quatre et de six ans, en compagnie de leur grand-père, Libanais) et que je connais bien pour y avoir fait plusieurs séjours. En tant qu’écrivain français publié chez Flammarion, je veux dire ma peine pour les femmes, les enfants et les hommes massacrés par l’armée israélienne et affirmer mon soutien inconditionnel au peuple libanais qui ne doit pas être confondu avec les membres du Hezbollah. J’appelle à un cessez-le-feu immédiat. Éric BÉNIER-BÜRCKEL 1940-2006 Souvenez-vous... Printemps 1940 : « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts. » Juin 1940, fin du printemps : un peuple qui ne voulait pas faire la guerre massacré sur les routes par une aviation invincible. Juillet 2005 : tragique répétition, mêmes fanfaronnades, mêmes résultats, un peuple entraîné malgré lui dans la guerre, invité sous les décombres à célébrer les victoires à venir. Premier bilan : combien de morts innocents, combien de milliards partis en fumée, combien d’avions ennemis abattus ? Applaudissez à la «stratégie de défense ». Y. KENAN NDLR Dans le nombreux courrier que nous recevons quotidiennement, certaines lettres comportent des passages qui seraient difficilement publiables. Pour cette raison, et aussi afin de faire paraître le plus grand nombre possible de lettres, le journal se réserve le droit de n’en reproduire que les parties les plus significatives et d’en rectifier certains termes désobligeants. En outre, chaque missive doit comporter la signature (nom et prénom) de son auteur. Les lecteurs, nous en sommes certains, le comprendront, ce dont nous les remercions par avance. Un été embrasé Sous les auspices d’un été torride, je devrais évoquer les baignades, les terrasses ensoleillées, les rires à gorges déployées et que sais-je encore ? Toutes ces merveilles augurant d’une saison tant attendue. Seulement voilà, les circonstances de la vie font que parfois, l’humeur n’y est pas. Cette fois, je vais donc vous parler d’une ville, chère à mon cœur, que je connais aussi bien que Genève. Un enchevêtrement de petites ruelles la sillonnent. On y trouve de vieilles demeures multicolores ou des immeubles des années cinquante plus ou moins bien entretenus. Les volets ou les persiennes sont souvent fermés pour garder la fraîcheur. Les bougainvilliers grimpants, les figuiers odorants se mêlent à l’odeur des manakich sortant du four. Le trafic y est intense. Il faut savoir se faufiler entre les voitures parquées en double file, tout en gardant l’œil attentif sur celles surgissant rapidement d’une ruelle transversale. J’adore déambuler dans ce lieu qui, au fil des ans, m’est devenu si familier. Ali, le chauffeur de taxi, se précipite pour me saluer : « Kifik Madame ? » (Comment allez-vous ?) Un peu plus loin, le vendeur de pistaches et noix en tout genre entrouvre la porte de son échoppe pour me faire un petit bonjour. Le temps de humer avec délice l’odeur des pistaches grillées, je lui réponds d’un signe de la main. Là, le pharmacien, ici l’ancienne boulangerie « La Brioche » tenue par un Suisse et fermée depuis peu. Je continue ma promenade et vais faire quelques achats à l’épicerie « Chez Smith », une véritable institution. Je passe devant le restaurant Wardé (La Rose), au charme désuet et à la cuisine traditionnelle si savoureuse. En chemin ne pas oublier de passer chez la fleuriste. Sur le seuil de son magasin, le libraire me sourit. Petit signe de tête au portier de l’hôtel avant d’aller me promener sur Hamra Street. Une halte à la terrasse du Mövenpick s’impose (eh oui !). Je déguste un café à la cardamome, tout en observant le mouvement incessant des passants et des véhicules. Que de contrastes, têtes voilées ou poitrines avenantes, 4x4 derniers modèles ou vieilles Mercedes rafistolées. Vous l’aurez compris, je suis à Beyrouth, les rues se nomment Adonis, Sadate ou Bliss. Je dédie ces lignes à Lamia, Samar, Lalita, ma famille, mes amis, tous les visages connus de mon cher Liban. Les larmes coulent sur mes joues, des larmes de rage. Ariane Sicilia EL-SAÏD Thônex – Suisse Comment vous aider ? Nous sommes impuissants à tout ! Soyez certains que nous sommes de tout cœur avec vous. À part manifester, nous ne voyons aucune façon d’agir et surtout nous avons le sentiment de vous laisser tomber, au travers des faibles influences de nos représentants. Nous pensons à vous et vous êtes dans nos cœurs. Si vous avez des idées, dites-le nous. Hervé et Céline GRUNDER France Matière à réflexion Avec ce qu’on voit sur nos écrans de télévision, on reste impuissants face à l’horreur et à la barbarie. Tandis que les soi-disant puissances hésitent toujours à adopter une position commune. C’est vraiment lâche de leur part. Je me demande comment on en est arrivé à ce stade de barbarie primaire à l’aube du XXIe siècle. Cloîtré chez soi, on ne peut s’exprimer que par l’écriture ou par e-mail… Là , je viens de recevoir un e-mail qui donne à réfléchir : « Les rescapés de l’Holocauste utilisent des bombes à gaz, interdites par les conventions internationales, et des bombes phosphoriques contre les femmes et les enfants des villages du Liban-Sud, réfugiés dans leurs maisons. » Je vous souhaite tout le courage dans votre travail en ces périlleux moments. Camille M. TARAZI Le Liban ne mérite pas ça Après deux ans et demi passés au Liban, je prétends comprendre ce pays et ses habitants, honnêtes, aimables, dynamiques. La guerre de 1975-1990 a été déclenchée par les Palestiniens qui ont créé un État dans l’État. Maintenant, l’histoire se répète, cette fois à cause d’une formation, le Hezbollah, qui a décidé (avec ou sans support extérieur) d’enlever des soldats israéliens, s’attirant une riposte totalement disproportionnée de la part d’Israël. Ne serait-il pas possible de trouver une solution politique au problème que pose le Hezbollah dans le cadre du Parlement libanais ? Franchement, cela me fait mal au cœur de savoir qu’à cause d’une poignée d’hommes, ce sont tous les Libanais qui doivent souffrir des conséquences disproportionnées d’une faute commise. Sachant qu’Israël est le 51e État d’Amérique (sinon le premier...), le Liban ne doit espérer aucune aide ni des Nations unies ni des autres pays, sauf la Syrie ou l’Iran, ce qui serait pire ! MM. Lahoud et Siniora, Messieurs les membres du Parlement, c’est seulement vous qui pouvez arrêter cette guerre, en dialoguant avec les hezbollahis pour les amener à arrêter des attaques qui ne font qu’attirer sur le Liban des ripostes de plus en plus dures et coûteuses. Agustí GIRONÈS Barcelone – Espagne Une « nuit de cristal » ? Le 28 octobre 1938, 17 000 juifs polonais vivant en Allemagne (certains depuis plus de dix ans) furent arrêtés et conduits près de la rivière marquant la frontière entre la Pologne et l’Allemagne, avec ordre de la franchir. Ils furent refoulés par les gardes-frontières polonais vers l’Allemagne. Ces hommes passèrent de longues journées sous la pluie et dans la boue à longer cette ligne jusqu’à ce qu’ils furent admis en Pologne et envoyés dans un camp de concentration. Herschel Grynszpan, un juif allemand vivant en France, reçut une lettre de ses parents décrivant les terribles conditions de détention. Les jours suivants, il tenta à plus d’une reprise d’en appeler à Ernst von Rath, alors troisième secrétaire de l’ambassade du Reich à Paris, qui lui avoua son impuissance. Le lundi 7 novembre, Grynszpan tira une balle sur von Rath, l’atteignant à l’estomac. La victime devait mourir de cette blessure deux jours plus tard. Cet attentat servit de prétexte au déclenchement d’un massacre des juifs en Allemagne, une opération connue sous le nom de « Nuit de cristal ». Le Liban connaît-il sa « nuit de cristal » ? Enzo MOLINARI Un simple témoignage Ceci est un humble message, un simple témoignage. Je suis allée au Liban en 1996, où j’ai été reçue par la princesse Françoise Bourbon de Lobkowitcz. J’ai passé une semaine à découvrir ce merveilleux pays. Très émue et bouleversée par ces derniers événements, j’ai adressé à l’association Malte Liban, que je soutiens depuis une décennie ce petit mot. À tous les Libanais, je pense à eux dans cette dure épreuve et leur rend hommage. « Chère Madame, « Les nouvelles de ces derniers jours me bouleversent terriblement. Mes pensées sont allées immédiatement à mes chers Libanais. Pas un jour, pas une minute sans que je ne pense à eux, à ce pays qui m’a si gentiment accueillie, à ces personnes que vous m’avez fait rencontrer. C’est terrible, c’est horrible. Je suis triste et désolée. De mon petit bout de France, je prie pour eux.» Carole GARCIA Einstein à l’appui Je vous écris de l’île de la Réunion dans l’océan Indien. Juste pour vous crier mon indignation à la vue de votre beau pays encore une fois sous l’emprise de la haine et de l’imbéciblité humaine. Que dire devant le mépris, l’injustice et la bêtise ? Cette citation peut être d’Albert Einstein : « Il n’existe que deux choses infinies, l’univers et la bêtise humaine... mais pour l’univers, je n’ai pas de certitude absolue. » Roland GINET
Désolante destinée

Je me remémore les années de guerre, 1978, 1980, 1982, 1990, portés dans les bras de nos parents, d’un abri à l’autre, d’une région à l’autre. Nos parents, nos familles ont lutté dans les pires moments pour nous garder en vie, pour nous assurer un avenir digne. Nous avons survécu aux événements et rebâti le pays. L’acharnement mis par nos parents à...