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Actualités - CHRONOLOGIE

SOCIÉTÉ - Rites et épreuves initiatiques dans la forêt sacrée pour devenir femme Le « Akpéma », une étape cruciale dans la vie des adolescentes togolaises

Petit foulard noué autour de la taille et juste un soutien-gorge pour cacher sa nudité, Sami, 19 ans, parcourt les rues de Kouméa (450 km au nord de Lomé, la capitale du Togo), première étape d’un rite initiatique qui doit lui permettre de devenir une femme. « Je me prépare pour le “Akpéma”. Il nous est interdit de porter des habits durant cette période », explique la jeune fille, sourire aux lèvres. Comme Sami, plusieurs centaines de filles âgées de 16 à 20 ans se préparent depuis 2 semaines à subir le « Akpéma », rite initiatique en pays kabyè qui marque le passage de jeune fille à femme. L’ethnie Kabyè, dont est issu le chef de l’État togolais Faure Gnassingbé, fils de l’ancien président Gnassingbé Eyadéma, décédé le 5 février 2005, est majoritaire dans le nord du pays. Toujours accompagnées de quelques amis, ces adolescentes dont le court pagne laisse apparaître les nombreuses « tchikita » (perles multicolores) à la hanche rendent visite à leurs parents des villages voisins, afin de les informer de leur changement de statut et obtenir leur soutien. « Le “Akpéma” est à la fois une épreuve traditionnelle et un test de virginité pour la fille kabyè. Toutes les filles de notre région en âge de se marier doivent subir cette pratique », explique Békemsi, un notable de Kouméa. « C’est un long processus et la fille qui franchit toutes les étapes honore ses parents. C’est le signe qu’elle a reçu une bonne éducation », ajoute-t-il, assis sur un tronc d’arbre devant une maison de pisé. « Outre des animaux offerts aux ancêtres pour implorer leur bénédiction, la fille “akpénou” (future initiée) est tenue de subir certaines cérémonies traditionnelles qui varient en fonction des villages », explique Yaodem, chef traditionnel du village de Pya-Tchamdè. « Mais la véritable épreuve est celle de la forêt sacrée où la fille doit s’asseoir sur la pierre de virginité en face d’un grand chef traditionnel, afin de prouver qu’elle n’a jamais accompli l’acte sexuel », ajoute Yaodem qui avertit : « Malheur à celle qui tentera de tromper la vigilance des ancêtres ». Evalo, assistant de ce chef coutumier, renchérit : « Celle qui s’entêtera subira sur place la colère des ancêtres qui déverseront des abeilles sur les lieux ». « Dans les cas d’état d’impureté poussée, par exemple une fille qui a déjà avorté, c’est un long serpent, souvent un python, qui passera entre ses jambes. Ou bien elle va commencer à saigner sur cette pierre », affirme-t-il. Dans le nord du Togo, plusieurs milliers de filles kabyès passent par ces rites. Celles qui ont franchi toutes les étapes avec succès arborent une petite cicatrice sous l’oreille, signe qu’elles sont issues d’une bonne famille. « Ce n’est pas une épreuve facile. J’avais vraiment honte le jour de la grande cérémonie dans la forêt sacrée », raconte Essohanam, vendeuse de « Tchakpalo », une bière locale à base de mil. « On avait formé une longue file et toutes les filles étaient nues. Nous avions marché durant des heures et les garçons nous regardaient », se souvient encore Essohanam, qui porte fièrement une cicatrice sous l’oreille gauche.
Petit foulard noué autour de la taille et juste un soutien-gorge pour cacher sa nudité, Sami, 19 ans, parcourt les rues de Kouméa (450 km au nord de Lomé, la capitale du Togo), première étape d’un rite initiatique qui doit lui permettre de devenir une femme. « Je me prépare pour le “Akpéma”. Il nous est interdit de porter des habits durant cette période », explique la jeune...