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Actualités - OPINION

Une Française au Liban J’aime ce pays ; je ne partirai pas

Je suis Française ; j’ai vécu et travaillé plusieurs années à Beyrouth. Et puis, parce que ce pays reflète une douceur de vivre, j’ai décidé de prendre ma retraite et de revenir sur cette terre d’accueil où le mot hospitalité fait partie du vocabulaire journalier. Ce qui se passe aujourd’hui me laisse sans voix. Cependant, je prends cette plume informatisée pour vous écrire, en espérant que je pourrai le faire jusqu’au mot fin, si je n’ai pas de coupure de courant. Depuis quatre jours, comme tout le monde, je suis terrée à la maison, au-dessus des collines de Beyrouth, où je me suis installée. Comme tout le monde, je vis au rythme des avions israéliens qui nous survolent et aux bruits des bombes qui pleuvent sur nos têtes. Et comme presque tout le monde, je ne comprends rien à cette guerre et à Israël, dont la volonté n’est pas de détruire uniquement le Hezbollah, mais tout un pays. Phare, port, y compris les ports de plaisance, et aussi silos de blé, tout s’écroule. Il n’y a donc que le Hezbollah qui a besoin de blé ? En fait, tuons des milliers d’innocents et comme cela on sera certains que dans le lot il y aura aussi les méchants. Raisonnement on ne peut plus simpliste, mais hélas bien vrai. Pourquoi les médias ne nous montrent-ils que la banlieue sud ? Pourquoi n’interroge-t-on jamais des sunnites, des chrétiens, des druzes et des représentants des 13 autres communautés qui forment le peuple libanais ? Les Libanais n’aspirent qu’à une chose : la paix. Après dix-huit années de guerre, ils ont reconstruit leur pays pierre par pierre, avec une ferme volonté de vivre et d’exister. C’est comme si de Paris, vous ne montriez que les banlieues défavorisées et les casseurs de voiture. Et le monde ignorerait qu’on a aussi la tour Eiffel et la plus belle avenue du monde, les Champs-Élysées. Beyrouth est une ville reconstruite et splendide, avec une grandeur d’âme que l’on ne rencontre pas souvent. Et pourtant par ma profession (productrice télévision) j’ai vécu dans bien des pays et subi aussi bien des révolutions. Vingt ans à Kinshasa, en Côte d’Ivoire, au Maroc, en Tunisie, aux États-Unis, que je ne cite qu’en dernier. Aucun pays ne ressemble au Liban, aucun peuple n’a cette culture, cette grandeur, cette générosité qu’a le peuple libanais. Pendant la guerre, combien de jeunes ont fait de hautes études, sous les bombes, à la lumière des bougies dans les cages d’escaliers, dans des voitures, et j’en passe. Aujourd’hui, ils sont diplômés et ne veulent qu’une chose : travailler et vivre pour leur pays. Parce qu’une poignée d’extrémistes, soutenus par des intérêts politiques, nationaux et régionaux, s’attellent à mettre le chaos, au nom de la défense et de la liberté on détruit tout un pays. Et Israël, que cette situation arrange, en profite au nom des deux soldats kidnappés par le Hezbollah, en profite, je le répète, pour réduire le Liban en tas de pierres et de désespoir. Un Liban qui pourtant a pu sortir de ses cendres la tête haute. Une amie libanaise me disait hier : « On nous a pris notre jeunesse et maintenant on veut aussi nous prendre notre vieillesse. Tout cela parce que nous sommes un petit morceau de terre enclavé entre les juifs et les Arabes. » Voilà ce que je voulais vous dire. Écrivez-le haut et gras : le Liban n’est pas le Hezbollah. En conclusion, j’ai décidé de rester au Liban ! Je resterai auprès de ce peuple courageux qui ne demande qu’une seule chose : si le mot paix était un verbe, ce serait de le conjuguer à tous les temps. Sylvie FERLAY

Je suis Française ; j’ai vécu et travaillé plusieurs années à Beyrouth. Et puis, parce que ce pays reflète une douceur de vivre, j’ai décidé de prendre ma retraite et de revenir sur cette terre d’accueil où le mot hospitalité fait partie du vocabulaire journalier.
Ce qui se passe aujourd’hui me laisse sans voix. Cependant, je prends cette plume informatisée pour vous...