Rechercher
Rechercher

Actualités

À Tabaris, les adieux émouvants de 200 étrangers

Dès sept heures du matin, hier, ils ont commencé à affluer, à Tabaris, où trois bus, portant les couleurs helvétiques, les attendaient pour quitter le Liban. Ils étaient environs 200 personnes à abandonner Beyrouth dans l’urgence, à partir de l’ambassade suisse à Bourj el-Ghazal. Il y avait des ressortissants helvétiques certes, mais aussi des Allemands, des Libanais détenteurs de la nationalité suisse ou allemande rentrés au pays pour les vacances, ainsi que des personnes, originaires du Liban, travaillant auprès d’entreprises helvétiques. Ils avaient eu des assurances : la route jusqu’à la frontière syrienne, via le Liban-Nord, ne sera pas bombardée. Maha, interprète de conférence, mariée à un Suisse, ne peut pas contenir sa tristesse quand on lui souhaite bonne route. « J’irai bien : j’habite Berne ! C’est pour vous que je m’inquiète. J’aurais voulu rester au Liban... Mais mon fils est avec moi », indique-elle en séchant ses larmes. Karim, le fils de Maha, est âgé de dix-huit ans. Samedi, il était à Kaslik quand le port de Jounieh a été bombardé. C’est cette mésaventure qu’il racontera, en premier lieu, à ses copains suisses. Brigit est Allemande. Elle a pris la route avec son fils et son mari. La famille a décidé de quitter Beyrouth à bord de sa propre voiture. « Nous suivrons le convoi et puis nous irons en Turquie d’où nous prendrons un vol pour l’Allemagne », explique-t-elle. Brigit et sa famille vivent à Beyrouth depuis 11 ans. Le début de leurs vacances était initialement prévu pour hier, via l’aéroport. « Nous rentrerons quand ça se calmera. Nous avons notre maison et toutes nos affaires au Liban », raconte-t-elle. « Vous savez, je n’ai pas la nationalité, mais je suis libanaise de cœur et je sens que j’abandonne mon propre pays... » Brigit, qui vit ce départ comme un arrachement, ne peut pas achever sa phrase, éclate en sanglots et promet de revenir aussitôt les vacances achevées, en septembre, comme si tous ces événements n’ont jamais eu lieu. Marlène est allemande. Elle a passé cinq mois au Liban dans le cadre d’un stage de langues à l’USJ. Elle devait rester encore trois semaines à Beyrouth. Après avoir embrassé ses amis libanais et acheté un sandwich de poulet à l’ail pour la route, elle dit : « Quand je penserai au Liban, je me souviendrai en premier lieu de la chaleur et de la générosité des gens, le départ en catastrophe viendra après. » Debout sur un trottoir, Sannia et Samir, pâles et tristes, font un signe de la main à leur fille Rana, déjà installée dans l’un des bus et prête pour le départ. Résidant en Suisse, Rana devait passer l’été avec ses deux enfants au Liban. « Elle est arrivée le 8 juillet, elle a à peine profité de ses vacances », soupire Sannia. Le couple, qui ne veut pas commenter la situation, préfère mettre l’accent sur « la parfaite organisation suisse de ce départ ». Il est neuf heures. Le convoi arborant le drapeau helvétique s’apprête à partir. Des automobilistes ralentissent, posent des questions. Leur visage s’assombrit : pour eux, ce départ n’est qu’une confirmation de plus que la situation risque bien de se prolonger. Patricia KHODER
Dès sept heures du matin, hier, ils ont commencé à affluer, à Tabaris, où trois bus, portant les couleurs helvétiques, les attendaient pour quitter le Liban. Ils étaient environs 200 personnes à abandonner Beyrouth dans l’urgence, à partir de l’ambassade suisse à Bourj el-Ghazal. Il y avait des ressortissants helvétiques certes, mais aussi des Allemands, des Libanais détenteurs de...