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Réponse à Joseph Otayek Merci de m’avoir rendu mon rêve

Je vous remercie tout d’abord d’avoir, en l’espace de quelques lignes, pu me remettre dans une ambiance qui, à mesure que le temps passe, devient comme un vague souvenir. Vous m’avez rappelé qu’effectivement, les Libanais ont fait leur devoir vis-à-vis de leur terre, malgré doute et angoisse (L’Orient-Le Jour du 27 juin 2006). Mais, M. Otayek, je ne partage pas pour autant votre optimisme puisque j’ai l’impression d’avoir vécu un vol. Sans armes ! Sans violence ! Sans tactiques ! Il s’agit là d’un état d’âme assez révélateur. Revenons un peu en arrière, il y eut un temps où les Libanais étaient bastonnés rien que pour avoir osé fredonner l’hymne national, le 22 novembre. Il y eut un temps où ils faisaient de la prison et n’en sortaient que lorsqu’ils avaient accepté de demander pardon pour avoir mendié un meilleur avenir pour leur pays. Enfin, il y eut un temps, malheureusement toujours, où les Libanais perdaient leurs proches qui avaient osé faire prévaloir la vérité. Je vous passe les détails concernant ces temps, car ils sont longs et ne font que noircir nos mémoires ; d’ailleurs vous les aviez tellement bien analysés. Puis un jour, les Libanais ont fait face à leur destin, vous étiez certainement là aussi... Nous avions bien préparé notre révolution et nous répondions toujours présents aux exhortations des hommes politiques qui nous promettaient un milieu plus propice, un environnement plus serein, un avenir mieux ancré, bref une vraie vie... C’est en ce sens qu’en février 2005, mon cœur m’avait poussée à partager les rangs de la révolution et à donner un sens à ma vie. Ma participation m’a donné des ailes, je n’en croyais pas mes yeux, tellement que j’en étais aveuglée. C’était un semblant de diorama pour moi : une chaîne humaine ne fredonnant que l’hymne national, le drapeau libanais, les veillées à côté des tentes, les barrages forcés à l’aide des roses, les handicapés à qui on essayait de frayer un chemin pour leur donner l’opportunité de vivre ce moment... Un rêve bleu... Autant de raisons qui nous poussaient à jurer que le train était sur rails, que nous avions tellement bien démarré, que le Liban, le nôtre, était là, à portée de main, que nous allions l’adopter, le voir grandir et nous tenir à ses côtés. Et puis le vol eut lieu. La révolution est à son 16e mois et, pourtant, le Liban souffre toujours de ses jeunes qui sont déroutés, de ses aînés qui sont perdus, de ses vieux qui sont troublés et de ceux qui, désabusés, ne veulent plus y croire. On nous a volé notre révolution en légitimant cet acte de vandalisme. Et chaque jour qui passe rend ce vol de plus en plus légal... Malheureusement pour moi, j’y crois toujours, mais comme il se doit, le projet est ajourné. J’en suis affligée certes, mais je vais quand même mieux que ces mamans debout sur les trottoirs de Beyrouth, une photo à la main, implorant qu’on leur rende leurs enfants. Je vais mieux que ceux qu’on a rendu orphelins lors des diverses explosions. Je vais mieux que ceux qui, jusque-là, n’ont toujours pas réussi à rebâtir leurs demeures, faute de capital. Mais je vais moins bien que ceux qui voyaient cela venir et qui ont eu l’idée et la volonté de ne pas s’y mêler dès le départ. J’ai lu quelque part que « la raison peut nous avertir de ce qu’il faut éviter, le cœur seul nous dit ce qu’il faut faire ». Je ne partirai pas, oh non. Je dois au moins cela à mon pays mais, dorénavant, je céderai la place à la raison. M. Otayek, rares sont dorénavant les raisons qui me poussent à y croire de nouveau ; rares aussi sont les personnes que je pourrais prendre pour exemple dans ces débats politiques houleux et déraisonnables. Mais il a fallu que vous soyez affecté par la lettre d’un jeune Libanais pour que vous me rendiez mon rêve, ne serait-ce que l’espace de la lecture de votre article. Encore une fois, je vous en remercie. H. MADI

Je vous remercie tout d’abord d’avoir, en l’espace de quelques lignes, pu me remettre dans une ambiance qui, à mesure que le temps passe, devient comme un vague souvenir. Vous m’avez rappelé qu’effectivement, les Libanais ont fait leur devoir vis-à-vis de leur terre, malgré doute et angoisse (L’Orient-Le Jour du 27 juin 2006).
Mais, M. Otayek, je ne partage pas pour...