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Actualités - OPINION

Les chrétiens du Liban en de douteux combats

Un jeune homme, Béchir Gemayel, un utopiste ; un général israélien cynique, Ariel Sharon ; un secrétaire d’État américain un peu exalté pour les chrétiens du Liban parce qu’il est catholique : voilà le trio qui a réussi l’impensable en 1982 : faire arriver le chef des FL à la présidence de la République. Mais quand on tente pareille aventure qui coûte très cher en morts, en blessés et en souffrances endurées, on prend un minimum de précautions. Résultat : l’aventurier est assassiné et son frère lui succède, justement parce que c’est son frère, alors qu’il a une vision diamétralement opposée des choses. À peine élu, il s’empresse de tourner casaque. Les Israéliens se vengeront cruellement sur les chrétiens du Chouf. Fin bien vaine du premier épisode. Après un sexennat de bombardements quotidiens et de paupérisation, deux autres hommes, en principe tous les deux amis de Béchir Gemayel, se retrouvent face-à-face à la fin d’un mandat à l’expiration duquel rien n’avait été prévu (le tenant du titre espérant peut-être une prorogation qui n’est pas venue ?). Samir Geagea et Michel Aoun étaient censés s’entendre : l’un, Michel Aoun, était un des relais des FL dans l’armée (quand Nadim Béchir Gemayel rendait visite au général Aoun, il disait qu’il visitait un ami de son père) ; l’autre, Samir Geagea, était un lieutenant de Béchir Gemayel. Résultat concret : le général et le milicien, tout à leurs ambitions, se livrent une guerre féroce dont le peuple chrétien fait une fois de plus les frais. Le général a passé 15 ans en exil, l’ex-président s’est autoexilé 12 ans durant, le chef des FL est resté 11 ans en prison et le pays est tombé pendant trois lustres entre les griffes d’un voisin avide. Ces événements dramatiques auront eu au moins un mérite, celui de démontrer, si besoin était, l’absence de sens politique des chrétiens du Liban : en réalité, ils ne pensent qu’à s’emparer du pouvoir. Il n’y a pas d’interlocuteur fiable chez les chrétiens. Comment peuvent-ils encore demander de l’aide de manière crédible ? Il y a des druzes fiables, des alaouites fiables, des chiites fiables, mais il n’y a pas de chrétiens fiables. La véritable victime de ces ambitieux peu scrupuleux est le peuple chrétien et, plus généralement, les Libanais. Le général Aoun, l’ami de Nadim Béchir Gemayel, est rentré au Liban ; Samir Geagea, qui mena une guerre sans merci contre Aoun, est sorti de prison ; le président Gemayel et ses deux fils veulent continuer à exister politiquement. Nous en sommes là. Un quart de siècle après le pari fou de Béchir Gemayel, les vieux réflexes, les démons de toujours ont refait surface. Il suffit d’écouter les mêmes hommes faire le procès les uns des autres quotidiennement dans les médias. La descente aux enfers des chrétiens va-t-elle continuer ? Nous n’osons le croire. Nabil MATTA

Un jeune homme, Béchir Gemayel, un utopiste ; un général israélien cynique, Ariel Sharon ; un secrétaire d’État américain un peu exalté pour les chrétiens du Liban parce qu’il est catholique : voilà le trio qui a réussi l’impensable en 1982 : faire arriver le chef des FL à la présidence de la République.
Mais quand on tente pareille aventure qui coûte très cher...