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Les lecteurs ont voix au chapitre

Élias Hraoui, un président si moderne… La bonhomie, l’humour et la simplicité du président Hraoui, qui vient de nous quitter, ne doivent pas nous cacher la complexité du personnage. Issu d’une famille comptant plusieurs universitaires prestigieux, une famille qui a baigné dans la politique depuis longtemps, il était un mélange, pour certains déroutant, de modestie et d’idées novatrices, pour ne pas dire futuristes. C’est lui, le maronite croyant et pratiquant, qui a mis sur le forum politique en 1972 l’idée audacieuse au Liban non pas tant de l’abolition du confessionnalisme politique (expression piégée), que le concept, si moderne, de laïcisation. C’est encore lui qui, devenu entre-temps président de la République, lancera l’idée du mariage civil facultatif, idée qui a le double mérite de ne heurter personne et de faire entrer le Liban dans une modernité dont il a toujours été le pionnier dans le monde arabe. Le président Chamoun avait déjà donné l’exemple, un demi-siècle plus tôt, en accordant le droit de vote aux femmes. C’est à l’aune de ces mesures de modernisation qu’on mesure, entre autres, si un pays est en train de rejoindre le peloton des pays civilisés. Nous attendons le biographe qui rendra pleinement justice à cet homme, à l’apparence débonnaire mais en réalité audacieux dans sa vie et dans ses propositions pour changer la vie. Il a sauvé Zahlé sans faire de vagues, il a accepté d’être élu président deux jours seulement après l’assassinat de son prédécesseur, il a géré la remise sur pied du pays de manière détendue, et personne n’a trouvé à redire à la prolongation de son mandat. Malgré des racines provinciales jamais reniées, quel subtil mélange de fermeté et de souplesse, quel esprit moderne ! Si on l’avait laissé faire, le cancer du confessionnalisme aurait été, sinon éradiqué, du moins sérieusement affaibli, ce confessionnalisme qui est à l’origine de tous les blocages de notre pays. Nous espérons que quelqu’un (homme politique ou ONG) reprendra à son compte les idées si actuelles de cet homme qui n’était pas moins que président de la République et non pas un utopiste fumeux perdu dans ses chimères. Un grand homme vraiment. Madeleine KHOURY Tous coupables Je m’étais pourtant juré de ne plus me mêler de la politico-comédie libanaise, mais trop c’est trop et chaque jour qui passe m’exaspère au plus haut niveau. Je ne suis pourtant pas un naïf de la politique pour avoir moi-même assumé la responsabilité de maire et de conseiller communautaire, et avoir été premier secrétaire régional d’un parti important français. Tous coupables: les hommes politiques, quels qu’ils soient, car ils ont assassiné l’espoir des Libanais qui, lors des manifestations de mars 2005, avaient exprimé leur désir de voir un Liban libre et laïc, sans clans tribaux. Mais bien sûr, ça ne faisait pas l’affaire de tous ces leaders qui perdaient de fait tous leurs pouvoirs et ils ont su rétablir la situation en ressortant les vieux démons à l’occasion des élections Coupables aussi, les électeurs libanais qui, après avoir montré leur volonté de changement lors de leur participation à ces manifestations, se sont laissés berner par ces «parasites» qui les avaient entraînés déjà dans le passé sur la pente de la guerre. Coupables enfin les journalistes qui reproduisent les propos de ces «comiques» de la politique et, de fait, entraînent la population dans la médiocrité que peut engendrer ce type de débat. À quand un nouveau Zola dans ce pays qui sortira un brillant «J’accuse …»? Yves KERLIDOU Jounieh Le cas des prisonniers libanais en Syrie Au lieu de tirer de tous les côtés, y compris sur Bkerké et la Ligue maronite, pensant se réhabiliter ainsi aux yeux de l’opinion libanaise, surtout chrétienne, l’ex-ministre Sleimane Frangié pourrait recourir à un moyen plus simple. Pourquoi n’irait-il pas chez le président Bachar el-Assad, dont il se vante toujours qu’il est son ami personnel, pour obtenir la vérité sur les Libanais disparus dans les prisons syriennes? Que le président Assad donne alors ses ordres pour que ceux qui se trouvent encore dans ces prisons soient libérés et que, si possible, les dépouilles de ceux qui sont morts dans ces prisons soient livrées aux autorités libanaises. Si M. Frangié revenait de Damas avec cette page définitivement tournée, il serait considéré comme un héros par tous les Libanais. Halim ABOUCHAKRA Les portraits du général J’ai appris il y a plusieurs semaines que le général Aoun avait demandé expressément à ses partisans d’enlever tous ses portraits affichés un peu partout sur les routes du Liban. J’étais la première à applaudir à cette initiative, croyant encore (mais jusqu’à quand?) que le général était différent des autres politiciens libanais. Je me réjouissais donc à l’idée de rentrer au Liban pour les vacances d’été dans l’espoir que le paysage offrirait enfin à mes yeux de bien meilleurs horizons. Quelle fut ma déception de voir que les portraits du général étaient ceux qui dénaturaient le plus le paysage libanais, s’imposant à profusion sur les principaux axes routiers, principalement sur la place Sassine et dans le secteur de l’Hôtel-Dieu. Cette overdose de portraits serait-elle une façon de prouver au monde que l’on est populaire? Quel crédit pouvons-nous encore accorder à notre cher général s’il se montre incapable de faire appliquer ses directives par ses propres partisans? À moins qu’il ne s’agisse une fois de plus de démagogie politicienne qui finit par dissiper ce zeste d’espoir que nous gardions encore. Joséphine HAJJ Paris
Élias Hraoui, un président si moderne…

La bonhomie, l’humour et la simplicité du président Hraoui, qui vient de nous quitter, ne doivent pas nous cacher la complexité du personnage. Issu d’une famille comptant plusieurs universitaires prestigieux, une famille qui a baigné dans la politique depuis longtemps, il était un mélange, pour certains déroutant, de modestie et d’idées...