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Actualités - REPORTAGE

ENVIRONNEMENT - Le coût du plan du CDR serait de l’ordre de 200 millions de dollars, selon un écologiste Les décharges sanitaires, présentées comme une panacée, restent une source de problèmes

Nos responsables manquent décidément d’imagination. Pour le traitement des déchets ménagers à l’échelle municipale, ils reviennent à un plan simple de décharges sanitaires, ajoutant toutefois la construction d’usines de tri et de compostage, qui devraient réduire de moitié environ, à terme, la quantité de déchets parvenant aux dépotoirs. C’est ce plan, similaire à tant d’autres qui ont échoué au fil des ans, qui a été présenté le 28 juin dernier en Conseil des ministres et qui a obtenu une « approbation de principe ». Le projet, dont le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) est le principal artisan, propose de diviser le Liban en quatre « régions » et prévoit une ou deux décharges dans chaque région, des usines près de ces sites et des mesures d’encouragement aux municipalités devant accueillir ces décharges où finiront les quelque 4 000 tonnes de déchets ménagers produits quotidiennement dans le pays. De vives protestations ont surgi à l’annonce des choix possibles des sites (voir par ailleurs). Mais au-delà de ces oppositions somme toute normales, quels avantages présente un tel plan et quels inconvénients engendrera-t-il ? Nous n’avons pu joindre le ministre de l’Environnement, Yaacoub Sarraf, pour cause de voyage. Mais le commentaire de Habib Maalouf, membre fondateur du Parti libanais de l’environnement, s’avère particulièrement sévère concernant le projet. En effet, M. Maalouf dénonce par ses arguments ce qui est communément considéré par nos responsables comme le principal avantage des décharges : le coût économique. Il commence par rappeler que « deux milliards de dollars se sont envolés dans le cadre de ce dossier entre dépenses et gaspillage, depuis 1992 ». Il expose ensuite ses calculs basés sur le plan présenté en Conseil des ministres. « Il faudra prévoir 24 sites entre décharges et usines, dit-il. Cela représente environ une superficie de 1,5 million de mètres carrés, sans compter les terrains actuellement en utilisation – la Quarantaine, Zahlé, Hbeline et Naamé – ou ceux offerts par la région de Baalbeck-Hermel. À elles seules, ces expropriations coûteront 30 millions de dollars. » Il ajoute qu’avec les usines, les décharges, les équipements, la collecte, le transport et le traitement, le budget s’élèvera à plus de 100 millions de dollars, si l’on se base sur les expériences précédentes. « Si, poursuit-il, la réhabilitation des anciens dépotoirs sauvages est également planifiée, comme cela a été dit, et si l’on prend pour exemple le seul dépotoir en cours de réhabilitation, celui de Normandy, le budget s’élèverait d’un coup à 200 millions de dollars. » M. Maalouf relève un autre problème, celui des déchets dangereux dont il n’est pas fait mention dans le plan. « Que faire des déchets industriels (200 000 tonnes par an), de ceux des abattoirs (40 000 tonnes par jour), des déchets hospitaliers (13 000 tonnes par jour), de la boue qui résultera des stations de traitement des eaux usées quand celles-ci seront opérationnelles ? demande-t-il. Ils vont finir dans les décharges, alors qu’il faudrait concevoir des solutions appropriées pour chacun de ces problèmes. » L’écologiste évoque par ailleurs « le manque de confiance dans cette gestion qui est la même depuis 1993, sans que personne ne demande des comptes ». Pourquoi pense-t-il que les plans proposés sont toujours similaires, reposant essentiellement sur la construction de décharges ? « C’est probablement parce que celui qui élabore le plan est le même qui va se charger de son application par la suite », répond-il, ajoutant : « Or, ce genre de plan n’est viable ni économiquement, ni écologiquement, ni techniquement, ni socialement. Et les sites ne sont pas choisis pour leurs critères écologiques, mais pour leur convenance politique. » Pour M. Maalouf, l’alternative est claire. « Il est possible, en un temps relativement court, d’instaurer un système de tri à la source, ce qui permettrait de recycler et de réutiliser un grand volume de déchets et de produire un compost de meilleure qualité à partir de matières organiques non mélangées à d’autres produits, estime-t-il. C’est un plan beaucoup plus simple, qui nécessite des hangars pour le compostage au lieu d’usines coûteuses. Il est susceptible de créer beaucoup plus d’emplois et rend la population partenaire du gouvernement dans le règlement du problème. » Que ce soit cette alternative ou une autre, on a constamment l’impression que le débat est ouvert dans l’urgence, alors que le ministère de l’Environnement et les autres administrations concernées sont pressés de trouver une solution au problème et que le danger de voir les rues inondées de déchets devient bien réel. Suzanne BAAKLINI
Nos responsables manquent décidément d’imagination. Pour le traitement des déchets ménagers à l’échelle municipale, ils reviennent à un plan simple de décharges sanitaires, ajoutant toutefois la construction d’usines de tri et de compostage, qui devraient réduire de moitié environ, à terme, la quantité de déchets parvenant aux dépotoirs. C’est ce plan, similaire...