Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

ENTRETIEN - Le Français, ex-détenu à Guantanamo, comparaît en justice depuis lundi à Paris Nizar Sassi : « J’ai été vendu pour 5 000 dollars aux Américains par les Pakistanais »

«J’ai été vendu pour 5 000 dollars aux Américains par les Pakistanais » : Nizar Sassi, jugé avec cinq autres ex-détenus français de Guantanamo, affirmait en mai dernier être « passé par tous les services secrets au monde », au cours du périple qui l’a mené d’Afghanistan à la base américaine. Nizar, âgé de 27 ans, comparaît depuis lundi devant le tribunal correctionnel de Paris pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Lors de cet entretien, il affirmait qu’à travers son odyssée, il avait surtout cherché « des sensations fortes », mais avouait « ne pas savoir s’il allait se remettre » de son expérience. Un périple bâti sur « le mythe de l’aventure ». « Je pensais que je relevais un défi dans ma vie. C’était une erreur », assurait alors ce jeune musulman dont les parents sont originaires de Tunisie. Parti de Vénissieux, dans la banlieue de Lyon, en juin 2001 avec un faux passeport, il est passé par Londres et la mosquée islamiste de Finsbury Park, puis par Islamabad pour rejoindre l’Afghanistan, où les talibans affirmaient alors appliquer « l’islam le plus pur au monde ». Surviennent les attentats du 11 septembre, puis l’intervention américaine en Afghanistan pour déloger les talibans du pouvoir avec à leur tête le mollah Omar et les « déportations sur Guantanamo ». Après avoir séjourné six mois en Afghanistan, il est arrêté par les Américains en décembre 2001 à la frontière avec le Pakistan. « J’ai été vendu aux Américains par les Pakistanais, dit-il, ils retournent leur veste comme ils respirent. » De son expérience à Guantanamo, il ne souhaite pas trop parler : « Trop traumatisant, j’ai tout écrit dans mon livre (Prisonnier 325, camp Delta) ». Avant de s’enflammer : « Les Américains savent comment tuer psychologiquement les gens à petit feu ». Il confiait que le « plus beau jour de sa vie » avait tout de même été « son transfert vers Guantanamo ». « Il faisait chaud, il n’y avait plus de morts autour de moi, et je pensais que j’allais être libéré. » Mais la déprime l’a vite gagné avec « la première libération d’un détenu à Guantanamo » qui n’a pas été suivie de sa « propre libération, un coup fatal au moral ». Avant son transfèrement à Paris, « les Américains ne m’ont fait aucune excuse, ils m’ont dit que j’avais été détenu à cause de la guerre contre le terrorisme et que s’ils m’attrapaient à nouveau dans une zone de guerre, ils se gardaient le droit de me ramener ici ». « Je vais être jugé du 3 au 12 juillet en pleine Coupe du monde de football », déclarait Nizar en mai dernier, craignant que ce procès soit occulté par l’événement sportif. « J’attends qu’on me lave de cette accusation », ajoutait-il tout en affichant son pessimisme. « On m’accuse de terrorisme, je ne sais pas ce que cela veut dire, et je ne sais pas ce que l’on me reproche. Je risque d’être condamné », concluait-il tout en reconnaissant que son jugement lui « permettrait de boucler toute l’histoire » pour « tourner la page ». Sonia BAKARIC (AFP)
«J’ai été vendu pour 5 000 dollars aux Américains par les Pakistanais » : Nizar Sassi, jugé avec cinq autres ex-détenus français de Guantanamo, affirmait en mai dernier être « passé par tous les services secrets au monde », au cours du périple qui l’a mené d’Afghanistan à la base américaine. Nizar, âgé de 27 ans, comparaît depuis lundi devant le tribunal correctionnel de...