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Actualités - CHRONOLOGIE

SOMMET L’OMC met ses négociations en soins intensifs et s’offre une prolongation

Incapable de rapprocher ses 149 États membres autour d’un nouvel ordre commercial mondial, l’OMC a dû se résoudre ce week-end à une prolongation risquée des négociations, dans l’espoir que les États-Unis assouplissent au plus vite leur position en matière de subventions agricoles. Trois journées de tractations au siège de l’Organisation mondiale du commerce à Genève n’ont produit « aucun progrès », a constaté le directeur général de l’institution, Pascal Lamy, reconnaissant que les négociations sont « en crise ». M. Lamy avait donné jusqu’à fin juin aux négociateurs pour se mettre d’accord, chiffres à l’appui, sur le point le plus délicat du cycle de discussions de Doha, lancé en 2001 dans la capitale du Qatar : la baisse des subventions agricoles et des droits de douane, appliqués tant aux produits agricoles qu’industriels. À Doha, les pays riches avaient promis de réformer le commerce mondial dans un sens plus équitable pour les pays pauvres, pénalisés par les subventions agricoles du Nord. En échange, les pays riches demandent que les États en développement ouvrent davantage leur marché aux importations de produits industriels. Près de cinq ans plus tard, les termes exacts de ce troc restent hors de portée des négociateurs, qui ont confié samedi à Pascal Lamy la mission « urgente » de les mettre d’accord via des consultations intensives. L’ensemble de la négociation doit en effet être bouclé avant la fin de l’année, faute de quoi le Congrès américain pourrait détricoter un éventuel accord. « Je vais cogner les têtes les unes contre les autres », a averti M. Lamy. L’opposition Nord-Sud se complique d’un affrontement euro-américain, Washington exigeant que Bruxelles abaisse davantage ses droits de douane sur les produits agricoles avant de s’engager à réduire ses subventions. En position d’accusé ces derniers mois, le commissaire européen Peter Mandelson est parvenu à se rapprocher à Genève des pays émergents du G20, provoquant l’isolement des États-Unis. Malgré la pression de ses partenaires, la nouvelle représentante américaine pour le Commerce, Susan Schwab, n’a pas bougé d’un iota, continuant à réclamer une baisse de 66 % en moyenne des droits de douane des pays développés sur les produits agricoles, alors qu’un consensus se dessine autour des 54 % réclamés par le G20. « Les États-Unis se sont enfoncés dans une position intenable », analyse un négociateur européen. Le président George W. Bush « s’est prononcé pour un accord à l’OMC, mais il reste à savoir s’il pourra imposer un assouplissement au Congrès ». Mais le temps presse. « Si nous ne changeons pas de cap dans les deux semaines, nous n’aurons pas de percée cet été dans les négociations et nous serons face à un échec », a averti le commissaire Mandelson. Plus optimiste, le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim, principale figure du G20, a jugé que l’OMC n’est « pas très loin d’un accord ». Les négociateurs attendent beaucoup du sommet des sept pays les plus riches et la Russie (G8) à la mi-juillet à Saint-Pétersbourg. Une réunion des six grands acteurs de l’OMC (Australie, Brésil, États-Unis, Inde, Japon, UE), pourrait être organisée en marge de ce rendez-vous. L’OMC espère que le spectre d’un échec provoque un sursaut dans les pays membres, particulièrement aux États-Unis, à l’origine du système commercial multilatéral en 1948. « Il faut que la peur de l’échec se transmette dans les États membres », a déclaré M. Lamy.
Incapable de rapprocher ses 149 États membres autour d’un nouvel ordre commercial mondial, l’OMC a dû se résoudre ce week-end à une prolongation risquée des négociations, dans l’espoir que les États-Unis assouplissent au plus vite leur position en matière de subventions agricoles.
Trois journées de tractations au siège de l’Organisation mondiale du commerce à...