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CAMPS PALESTINIENS - Des projets d’infrastructure prochainement exécutés à Sabra et Chatila Malgré le boycott des groupes islamistes et prosyriens, la délégation ministérielle effectue sa tournée à Aïn el-Héloué

Pour la première fois depuis probablement la « Naqba », une délégation officielle libanaise a rendu visite, hier, à Aïn el-Héloué, le camp de réfugiés le plus peuplé et le plus « chaud » du Liban et que les Palestiniens aiment désigner par « la capitale de la diaspora ». Cette visite, ajournée à la dernière minute il y a environ deux mois, a finalement eu lieu malgré le boycott des groupes palestiniens fondamentalistes et prosyriens, notamment le Hamas, le Jihad islamique, le FDLP-CG et la Saïqa. Quoi qu’il en soit, pour les Libanais, cette tournée était positive. C’est ce qu’a indiqué à L’Orient-Le Jour le responsable du dialogue libano-palestinien, Khalil Mekkaoui, mettant notamment l’accent sur des projets d’infrastructure qui devraient être exécutés à l’avenir dans des camps palestiniens parmi lesquels Sabra, Chatila et Aïn el-Héloué ( voir par ailleurs). Hier donc, c’est le Fateh et ses alliés à Aïn el-Héloué qui se sont chargés d’accueillir et d’encadrer la délégation libanaise formée de M. Mekkaoui et des ministres de la Santé, du Travail, de l’Éducation, de la Culture et des Déplacés, respectivement Mohammad Khalifé, Trad Hamadé, Khaled Kabbani, Tarek Mitri et Nehmé Tohmé. Le directeur de l’Unrwa au Liban, Richard Cook, a également pris part à la tournée. Dès neuf heures, tout était prêt pour accueillir la délégation libanaise, du calicot portant la signature de l’OLP et souhaitant la bienvenue « aux frères libanais dans la capitale de la diaspora », au haut-parleur diffusant en boucle et à fond la caisse un chant patriotique libanais (Rajeh yéta’mart Lebnan), en passant par la fanfare et les scouts et guides du camp de Aïn el-Héloué. Ces derniers – garçons et filles portant le costume national palestinien – attendaient à l’entrée du camp, prêts à jouer de la cornemuse et à offrir des fleurs aux membres de la délégation. Un peu plus loin, les miliciens du Fateh étaient postés avec leurs armes légères sur les toits des bâtiments ou massés des deux côtés de la rue pour accompagner la délégation libanaise. Les responsables de l’OLP et du camp attendaient, s’agitaient, s’impatientaient. Abbas Zaki, responsable du bureau de l’OLP au Liban, est arrivé de Beyrouth pour l’occasion. Khaled Aref, responsable de l’OLP pour le Liban-Sud, affirme que « jeudi, en soirée, les groupes fondamentalistes et prosyriens ont décidé de boycotter la visite », rappelant qu’il y a environ deux mois ces mêmes groupes étaient à la base de l’ajournement de la tournée de la délégation libanaise dans le camp. Maher Choubeita, responsable du Fateh à Aïn el-Héloué, raconte de son côté que « tous les groupes palestiniens s’étaient mis d’accord pour l’organisation de cette visite, mais certains ont changé d’avis à la dernière minute ». Qu’importe, Maher Choubeita était content hier. Cet officier du Fateh, initialement enseignant de langue arabe, pouvait mettre l’accent sur toute la détresse du peuple palestinien, donnant ainsi une autre image de Aïn el-Héloué que celle d’un îlot d’insécurité. Il indique à L’Orient-Le Jour que « le camp compte dix écoles. Dans neuf d’entre elles, les mêmes cours sont dispensés deux fois la journée. Pour pouvoir assurer l’éducation du plus grand nombre de jeunes, un système de « shift » a été adopté. Le tiers des maisons du camp est construit en tôle et non en dur ». C’est vers 10 h 30 que la délégation libanaise, qui s’était réunie avant son départ pour Saïda avec le Premier ministre Fouad Siniora, est arrivée à Aïn el-Héloué où elle été accueillie avec du riz et de l’eau de fleur d’oranger. Parmi les officiels, c’est le ministre de la Culture Tarek Mitri qui est le plus souriant, malgré les bousculades de la foule et la chaleur. Il dit à L’Orient-Le Jour qu’il est « content de revoir des personnes qu’il a perdues de vue depuis une vingtaine d’années » et il met l’accent sur « l’engagement du gouvernement à améliorer la situation des réfugiés palestiniens ». Le camp de la résistance La tournée dans le camp de Aïn el-Héloué qui abrite selon les sources palestiniennes 80 000 réfugiés sur un kilomètre carré, a englobé une école financée par l’Unrwa et deux dispensaires, dont l’un relève de l’OLP. La délégation a également effectué des haltes dans des maisons en tôle et s’est déplacée dans quelques petites ruelles du camp. Les visiteurs et leurs hôtes de l’OLP ne se sont pas cependant beaucoup éloignés de l’une des entrées du camp et n’ont pas eu la possibilité d’inspecter les zones les plus démunies de Aïn el-Héloué. La première halte donc des officiels libanais était dans l’une des dix écoles du camp. À la bibliothèque, on suffoque de chaleur et on sue. Malgré tout, dans cette salle bondée de journalistes, de représentants d’ONG, et de membres du Fateh, Abbas Zaki, muni d’un haut-parleur, veut souhaiter longuement la bienvenue aux hôtes libanais. Debout, juste en face de la délégation, il lance dans son porte-voix que les Palestiniens ne veulent en aucun cas porter atteinte à la sécurité du Liban et souligne qu’il tient à ce que Aïn el-Héloué devienne un exemple de convivialité libano-palestinienne. De son côté, le ministre du Travail met l’accent sur l’engagement du gouvernement à agir pour améliorer les conditions de vie des réfugiés palestiniens. Qualifiant Aïn el-Héloué « du camp de la résistance palestinienne », M. Hamadé souligne : « Nous sommes des résistants et non des terroristes. » Au cours de la tournée, Mounir Maqdah, dissident du Fateh et l’un des fondateurs des Brigades des martyrs d’al-Aqsa, évoque avec les journalistes le désarmement à l’intérieur des camps. Il propose, « dans le cadre de la stratégie de défense nationale, de mettre à la disposition de l’armée une brigade palestinienne qui œuvrerait conjointement avec la Résistance pour défendre le Liban »... Patricia KHODER
Pour la première fois depuis probablement la « Naqba », une délégation officielle libanaise a rendu visite, hier, à Aïn el-Héloué, le camp de réfugiés le plus peuplé et le plus « chaud » du Liban et que les Palestiniens aiment désigner par « la capitale de la diaspora ». Cette visite, ajournée à la dernière minute il y a environ deux mois, a finalement eu lieu malgré le...