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Actualités - OPINION

ÉCLAIRAGE Sécurité ou liberté d’informer, le débat est rouvert aux USA

Le New York Times est sous le feu de la critique des républicains pour avoir révélé l’existence d’un programme gouvernemental d’espionnage bancaire, une campagne anti-Times que des analystes nuancent ou contestent en relevant que ces « révélations » étaient déjà connues. Hier, dans un éditorial intitulé « Le patriotisme et la presse », le quotidien a vigoureusement défendu son article, justifié selon lui par une « tendance alarmante » du gouvernement Bush à utiliser la lutte antiterroriste pour renforcer ses prérogatives, notamment en matière de surveillance. Le président George W. Bush avait qualifié de « déplorable » l’article, qui détaille un programme destiné à traquer les mouvements des terroristes. Le secrétaire au Trésor, John Snow, a envoyé une lettre cinglante au journal, tandis que le sénateur républicain Pat Roberts demandait mardi au renseignement d’entreprendre une évaluation des dommages. Le cas n’est pas une première : le Times a déjà essuyé en décembre des reproches à droite pour avoir dévoilé le programme d’écoutes extra-judiciaires des citoyens américains. Pour Thomas Patterson, professeur spécialiste des rapports entre presse et gouvernement à Harvard, cette nouvelle affaire est cependant plus tangente. « La révélation (des écoutes) était clairement dans l’intérêt du public, le président avait choisi d’ignorer la loi », dit-il. « Ici il ne semble pas y avoir de preuve écrasante que la loi a été bafouée. Le Times comme le gouvernement ont des arguments. » Pour autant, le gouvernement lui-même est premier responsable de cette situation, relève-t-il. Pour Paul McLeary, de la Columbia Journalism Review, l’attitude républicaine est « politique »: « Un rapport de l’ONU encourage même les gouvernements à suivre les transactions financières ! Cela fait des années que cette Administration critique le New York Times, qui est le méchant visage des médias de gauche ! » Presse et pouvoir n’en sont pas à leur première crise. En 1971 le Times sortait « les papiers du Pentagone », documents secrets sur la situation au Vietnam. Le gouvernement Nixon avait alors choisi de ne pas poursuivre le journal. Là encore, les observateurs ne croient pas que le Times sera poursuivi, même si plusieurs élus l’ont souhaité. « Car la victoire politique n’est pas garantie, dit M. Patterson, et un procès peut révéler bien plus que le gouvernement ne le souhaiterait. » Catherine HOURS (AFP)
Le New York Times est sous le feu de la critique des républicains pour avoir révélé l’existence d’un programme gouvernemental d’espionnage bancaire, une campagne anti-Times que des analystes nuancent ou contestent en relevant que ces « révélations » étaient déjà connues. Hier, dans un éditorial intitulé « Le patriotisme et la presse », le quotidien a vigoureusement défendu...