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Pyongyang aurait le plutonium suffisant pour fabriquer 4 à 13 bombes atomiques La crise nord-coréenne précipite le Japon dans les bras des États-Unis

La possibilité d’un tir de missile balistique nord-coréen précipite un peu plus le Japon, toujours officiellement pacifiste, dans les bras de son allié américain, au moment où le Premier ministre nippon, Junichiro Koizumi, effectue sa dernière visite à Washington, et alors qu’un rapport, publié en début de semaine, souligne que Pyongyang pourrait détenir suffisamment de plutonium pour fabriquer 13 bombes atomiques. Depuis la mi-juin, les dirigeants japonais agitent la crainte d’un lancement de missile balistique à longue portée « Taepodong-2 » (d’une portée de 3 500 à 6 000 kilomètres) par la dictature communiste de Pyongyang. Le Premier ministre japonais, Junichiro Koizumi, a certes menacé la Corée du Nord d’une riposte « vigoureuse » au cas où elle procéderait à ce test. Mais quand on les interroge, les dirigeants de Tokyo ne parlent que de « saisine des Nations unies » et de sanctions économiques bilatérales. Les experts se montrent sceptiques quant à la capacité de Tokyo à désamorcer seul cette crise sans être épaulé par ses alliés, en tête desquels les Américains. « À ce stade, il est impossible pour le Japon seul de dissuader la Corée du Nord de renoncer à ses préparatifs » de tir, juge Satoru Miyamoto, chercheur à l’Institut japonais des affaires internationales. « Le Japon doit donc montrer à la Corée du Nord qu’il fait partie d’une coalition aux côtés des États-Unis » qui, comme la Corée du Nord, possèdent l’arme nucléaire, ce qui n’est pas le cas de Tokyo, argue M. Miyamoto. « Le Japon doit faire comprendre aux Nord-Coréens que s’ils tirent un missile nucléaire, il y aura des représailles et ils seront aussi attaqués par des armes nucléaires », poursuit cet expert de la sécurité en Extrême-Orient. Cette impuissance prouve à quel point la sécurité du Japon dépend, depuis la fin des années 60, du parapluie nucléaire américain. Le nucléaire reste un sujet ultrasensible au Japon, seul pays à avoir expérimenté l’apocalypse atomique, et Tokyo ne peut décider de se doter de telles armes sans risquer une « dégradation » de ses relations avec les États-Unis, analyse Masayuki Masuda, de l’Institut national des études de défense. Un prix politique trop élevé, sans compter les coûts financiers. En matière conventionnelle aussi, Tokyo est corseté par la Constitution pacifiste de 1947, imposée par l’occupant américain, qui limite le rôle des « Forces d’autodéfense » (FAD, nom officiel de l’armée japonaise). « Dans l’état actuel de la législation, les FAD ne peuvent réagir qu’après une attaque du Japon. Elles sont donc impuissantes » face aux préparatifs de tirs nord-coréens, souligne M. Masuda. C’est la raison pour laquelle Tokyo coopère avec les États-Unis au développement d’un système de défense antimissile depuis 1999, à la suite du tir d’un missile nord-coréen « Taepodong-1 » qui avait survolé le Japon avant de s’abîmer dans le Pacifique. Ce bouclier antimissile doit commencer à être déployé fin 2006 ou début 2007 au Japon. Même dans le domaine du renseignement, crucial en la matière, le Japon dépend en grande partie des satellites américains. La marge de manœuvre de Tokyo est donc faible, en dehors d’une éventuelle saisine du Conseil de sécurité de l’ONU, et encore, par l’intermédiaire... des États-Unis. Quand aux sanctions économiques, nombre d’experts doutent de leur efficacité. Le Parlement japonais vient d’adopter un projet de loi recommandant des sanctions économiques contre la Corée du Nord, à moins que Pyongyang n’améliore la situation des droits de l’homme et surtout ne règle le dossier des Japonais kidnappés par des espions de Pyongyang. « Des sanctions économiques n’auraient aucun effet, étant donné qu’il n’existe pratiquement aucune relation commerciale entre la Corée du Nord et le Japon », tranche M. Miyamoto. « Le Japon peut bien crier au loup en matière de violation des droits de l’homme en Corée du Nord, cela ne perturbera aucunement ce pays qui évolue déjà à l’extérieur de la communauté internationale », dit-il. Hier soir, la Maison-Blanche a averti la Corée du Nord qu’elle n’obtiendrait pas des négociations directes avec Washington sur le dossier nucléaire en menaçant de lancer un missile intercontinental. Parallèlement, la Corée du Nord, qui disposait du plutonium nécessaire à la fabrication d’une ou de 2 bombes atomiques à l’arrivée de George W. Bush à la Maison-Blanche, pourrait en détenir suffisamment pour en faire entre 4 et 13 aujourd’hui, selon un rapport publié lundi par l’Institut américain pour la science et la sécurité internationale (ISIS). Le document, rédigé notamment par David Albright, ancien inspecteur en armement de l’ONU, se fonde sur l’analyse d’images satellitaires du réacteur expérimental de Yongbyon, ainsi que sur des articles de presse et les déclarations du régime communiste. « (...) À la fin de l’Administration Bush (en 2009), la Corée du Nord pourrait en avoir suffisamment pour 8 à 17 armes atomiques », ajoute M. Albright.
La possibilité d’un tir de missile balistique nord-coréen précipite un peu plus le Japon, toujours officiellement pacifiste, dans les bras de son allié américain, au moment où le Premier ministre nippon, Junichiro Koizumi, effectue sa dernière visite à Washington, et alors qu’un rapport, publié en début de semaine, souligne que Pyongyang pourrait détenir suffisamment de plutonium...