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Actualités - OPINION

Caméra rapprochée Les frères Dardenne, cinéastes de la réalité sociale

Le 21 mai 2005, le jury du Festival de Cannes, présidé par Emir Kusturica, les a fait entrer dans le cercle très fermé des cinéastes deux fois récompensés par une Palme d’or. Qui sont-ils ? Jean-Pierre et Luc Dardenne, « les frères », comme les appellent leurs amis et collaborateurs. Représentants d’un cinéma wallon militant et réaliste, ils ont su imposer leur style et leurs revendications, permettant ainsi à la Belgique de s’imposer dans le paysage cinématographique. Ils sont aujourd’hui, avec Ken Loach et Mike Leigh, les dignes représentants d’un cinéma social en plein renouveau. En plus de revisiter la question de l’esthétisme et de la place de la caméra, leur cinéma est aussi un positionnement face à l’évolution économique et sociale d’un monde à la dérive… le nôtre. Aucune supercherie mais la vraie vérité, si l’on peut dire. Les acteurs, les paysages, les décors sont filmés d’une manière aussi brute que réaliste, avec tout ce qu’il y a de beau et de laid. Pour reprendre une phrase de Jean-Pierre Dardenne : « On ne part pas de la métaphore en se disant qu’on va chercher quelque chose qui va l’exprimer... on part toujours de la réalité. » Et cette réalité régit leur filmographie. À partir de 1978, ils réalisent une série de documentaires sur la résistance antinazie en Wallonie. En 1987, Falsch, adapté d’une pièce de René Kalisky et coécrit avec Jean Gruault (scénariste de François Truffaut), marque un tournant décisif dans leur carrière : le passage à la fiction. En effet, leur cinéma, toujours engagé socialement, prend maintenant son point de départ dans la fiction tout en restant très proche du documentaire dans la forme. Les cinéphiles les découvriront cependant avec La promesse, un film qui fait sensation à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes en 1996. Cette œuvre révélera d’ailleurs Olivier Gourmet et Jérémie Renier. La consécration arrivera néanmoins en 1999 avec Rosetta, un long-métrage sans concession qui décrit le combat d’une jeune femme déterminée à trouver et conserver un emploi. Récompensée de la Palme d’or, cette œuvre radicale permettra également à l’actrice principale, Émilie Dequenne, de décrocher le prix d’interprétation féminine. Fidèles à leur style dépouillé, les réalisateurs signent ensuite Le fils, un film sur le pardon qui vaut à Olivier Gourmet le prix d’interprétation masculine à Cannes en 2002. En 2006, rebelote, les frères décrochent une deuxième Palme d’or pour leur sixième long-métrage, L’enfant. Nul besoin d’effets spéciaux, de plans léchés, de sujets rocambolesques. La gifle des frères Dardenne, celle de la réalité, est tout aussi spectaculaire, si ce n’est plus, qu’un blockbuster hollywoodien. D.D.

Le 21 mai 2005, le jury du Festival de Cannes, présidé par Emir Kusturica, les a fait entrer dans le cercle très fermé des cinéastes deux fois récompensés par une Palme d’or. Qui sont-ils ? Jean-Pierre et Luc Dardenne, « les frères », comme les appellent leurs amis et collaborateurs. Représentants d’un cinéma wallon militant et réaliste, ils ont su imposer leur style et leurs...