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Actualités - REPORTAGE

CIRCULATION ROUTIÈRE - Beaucoup de promesses, quelques initiatives ponctuelles, mais une concrétisation qui se fait attendre Sur les routes libanaises, l’anarchie meurtrière au quotidien

Pas un jour ne passe, pas un week-end ne s’écoule sans que les routes du pays ne fauchent de nouvelles vies, jeunes de préférence. Sur les autoroutes, les carambolages spectaculaires ne se comptent plus. En ville, ruelles et carrefours sont témoins eux aussi d’accidents au quotidien. Que dire des passagers ou des piétons qui paient de leur vie cette anarchie meurtrière qui règne sur les routes ? Résultat, les victimes de la route augmentent dramatiquement chaque année. Peu importe si les chiffres officiels ne coïncident pas avec ceux des associations : 450 morts en 2005, selon les statistiques des Forces de sécurité intérieure (FSI), 800 selon la YASA (Association des jeunes pour l’éveil social). Au banc des accusés, l’État libanais, en premier lieu, qui promet monts et merveilles, annonçant à cor et à cri le lancement de mesures strictes pour le respect du code de la route et dont les réalisations sur le terrain se limitent à quelques contraventions par-ci, par-là, occasionnellement. Cet État qui n’en finit pas d’étudier un nouveau projet de code de la route n’a aucun scrupule – grâce aux fonctionnaires crapuleux du service de la mécanique – à lancer chaque année sur les routes, et depuis de nombreuses années, des milliers de conducteurs débutants. Des conducteurs totalement ignorants des règles les plus élémentaires de la sécurité routière, n’ayant souvent à leur actif qu’à peine quelques heures de conduite et qui se voient offrir des permis de conduire sur des plateaux d’argent, moyennant quelques dizaines ou quelques centaines de dollars. Alors que, par Dieu sait quel miracle, des milliers de voitures, sans phares, ni freins, reçoivent le feu vert du contrôle mécanique. Les motards indisciplinés, nullement inquiétés Parallèlement, sur les routes libanaises, personne pour faire appliquer le code de la route, pour surveiller les feux de signalisation, pour vérifier le port des ceintures de sécurité, pour limiter les excès de vitesse ou pour contrôler le taux d’alcool dans le sang. Ou alors si peu de patrouilles des FSI, dont les apparitions sont aussi rares qu’éphémères. Livrant à eux-mêmes des agents de la circulation en nombre réduit, trop souvent absents, inexpérimentés, débordés par des automobilistes échaudés. Pas plus tard que la semaine dernière et durant cinq jours consécutifs, le carrefour de Kantari menant à Hamra a été envahi par les FSI qui ont distribué aux conducteurs indisciplinés des PV en veux-tu en voilà. L’initiative en soi ne peut qu’être louée. Elle était pourtant limitée dans le temps et surtout mal organisée. Les motards récalcitrants, nullement inquiétés, continuaient de brûler les feux rouges sous le regard indifférent des agents affairés à donner la chasse aux voitures. Alors que dans le quartier résonnaient en chœur les klaxons des conducteurs excédés. Mais la semaine suivante, rien. Sur ce même carrefour, pas de patrouille des FSI ni même le moindre agent de la circulation. Oubliées les bonnes résolutions, les promesses, qui n’ont duré que l’espace d’une petite semaine. D’ailleurs, quelques jours plus tard, ce même carrefour a été l’objet d’embouteillages inextricables. Et pour cause, les voituriers du restaurant gastronomique du quartier ne se sont pas privés, durant plusieurs jours consécutifs, de garer les voitures de leur clientèle huppée en deuxième, voire en troisième file, bloquant carrément la circulation durant de longues heures. Sans réaction aucune de la part des agents de la circulation, qui brillaient par leur absence. Parallèlement, l’infrastructure routière souffre de laisser aller. Pire, de délabrement. Tels des gruyères, les routes éventrées, trouées, cassées, effondrées sont directement responsables, et dans une grande proportion, des sorties de route, des jantes cassées, des pneus crevés. L’éclairage, lui aussi, est quasi inexistant sur une importante partie des axes routiers et notamment des autoroutes et des tunnels. Quant aux feux de signalisation, panneaux signalétiques, passages piétons et autres indications routières, on ne les compte qu’en nombre restreint, sauf, bien entendu, dans le périmètre Solidere. Grossièreté à outrance Montré également du doigt, l’automobiliste libanais qui refuse d’assumer la moindre responsabilité dans cette folie meurtrière et rejette totalement la faute sur l’État. Il n’en reste pas moins que ce sont bien des parents inconscients qui offrent à leurs enfants, encore trop débutants, des permis qu’ils ont achetés à prix d’or. Que ce sont bien des jeunes, dont une bonne proportion d’instruits, qui foncent à tombeau ouvert sur les routes, après avoir abusé de boissons alcoolisées. Que ce sont effectivement ces jeunes, et plus précisément les conducteurs débutants, qui sont les premières victimes de la route. Bref, que la responsabilité de cette anarchie qui règne sur les routes incombe aussi bien à l’État qu’au citoyen. Sans oublier le fait que le citoyen libanais, réputé pour son hospitalité légendaire, se transforme, au volant de sa voiture, en grossier personnage qui déverse sur ses compatriotes toute l’agressivité qu’il ne sait plus écouler autrement. Dans cet état des lieux pour le moins alarmant, les associations se débattent, en solitaires, avec, pour seul soutien, quelques encouragements de l’État et beaucoup de promesses. La saison d’été a fait son apparition. Avec l’arrivée des touristes, le nombre de conducteurs a déjà sensiblement augmenté. Le gouvernement réalisera-t-il ses promesses de donner enfin la plus haute priorité à la sécurité routière ?
Pas un jour ne passe, pas un week-end ne s’écoule sans que les routes du pays ne fauchent de nouvelles vies, jeunes de préférence. Sur les autoroutes, les carambolages spectaculaires ne se comptent plus. En ville, ruelles et carrefours sont témoins eux aussi d’accidents au quotidien. Que dire des passagers ou des piétons qui paient de leur vie cette anarchie meurtrière qui règne sur...