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Tchétchénie - Le « président » rebelle a été tué samedi La mort de Saïdoullaïev, un piètre « trophée de guerre » pour Kadyrov

Le corps du « président » rebelle tchétchène Abdoul-Khalim Saïdoullaïev, tué samedi, a été montré à la télévision russe posé au sol, pratiquement nu, aux pieds de Ramzan Kadyrov, l’homme fort de Moscou en Tchétchénie, pour qui cette prise de guerre a valeur symbolique de trophée. Ramzan Kadyrov, arborant un béret vert et un treillis, s’est félicité de la mort du responsable rebelle, obtenue contre une récompense dérisoire de 1 500 roubles (moins de 45 euros) à l’un de ses subordonnés héroïnomane, a-t-il assuré. Des membres de ses milices redoutées faisaient cercle autour de lui. Ceux-ci ont participé avec le FSB (services spéciaux, ex-KGB) à l’opération, qui est également un succès pour le président russe, Vladimir Poutine. Elle a permis d’empêcher un attentat fomenté par les rebelles à l’approche du sommet du G8 à Saint-Pétersbourg en juillet, a déclaré M. Kadyrov, dans une fanfaronnade aux allures de « propagande », selon le journal en ligne d’opposition gazeta.ru. L’homme fort de Grozny, qui, à 29 ans, nourrit des ambitions présidentielles, a en revanche passé sous silence le fait que Chamil Bassaïev, chef de guerre radical considéré comme la véritable tête de la rébellion, court toujours. Le « trophée Saïdoullaïev » apparaît ainsi comme une maigre récompense pour Ramzan Kadyrov, qui a encore promis cette semaine de venger son père, l’ancien président tchétchène prorusse Akhmad Kadyrov, tué en 2004 lors d’un attentat revendiqué par Bassaïev, l’ennemi public numéro un pour Moscou. Les images diffusées par la chaîne publique Rossia montraient aux pieds de Kadyrov la dépouille de Saïdoullaïev, le pantalon baissé sur les genoux, torse nu dans une flaque de sang, selon le même dispositif médiatique que lors de l’« élimination » de son prédécesseur, Aslan Maskhadov, en mars 2005. Seule différence, Ramzan Kadyrov, officiellement chef du gouvernement prorusse, s’est invité dans le champ de la caméra. Symbole fort, le corps de Saïdoullaïev a été transféré d’Argoun, où il avait été tué, au village de Tsentoroï, fief des Kadyrov. Alexandre Tcherkassov, de l’ONG russe Memorial, pense que la mort du responsable rebelle servira la campagne de légitimation de Ramzan Kadyrov comme leader politique en Tchétchénie. Saïdoullaïev, quant à lui, n’avait déjà plus la légitimité d’Aslan Maskhadov, élu lors d’un scrutin en 1997 reconnu par la communauté internationale. « Et la légitimité de ses successeurs ira s’amoindrissant », prédit M. Tcherkassov. Selon un responsable indépendantiste en exil, c’est Dokou Oumarov, personnalité sans envergure réputée proche de Bassaïev, qui succède à Saïdoullaïev. L’absence de leader politique crédible au sein de la rébellion depuis la mort de Maskhadov, représentant d’une aile modérée opposée aux attentats, fait le jeu de Moscou et renforce la légitimité de son homme dans la région. « Il y a aujourd’hui un chef en Tchétchénie, Kadyrov. On peut le condamner pour des violations des droits de l’homme, mais c’est un fait », ajoute le représentant de Memorial, ONG qui recense les enlèvements et violences dans la république rebelle du Caucase. Ioulia Latynina, spécialiste du Caucase, souligne elle aussi le renforcement de Kadyrov, dont les milices – formées d’anciens rebelles – apparaissent comme l’arme la plus « efficace », de l’aveu même du président Poutine. « Même en Ingouchie, les combattants agissent comme ils veulent », explique Mme Latynina, évoquant un mouvement ayant essaimé dans l’ensemble du Caucase russe. « Et il semble que seules les forces de Kadyrov réussissent à les combattre efficacement », conclut cette éditorialiste habituellement critique de la politique de Moscou dans le Caucase. Delphine Thouvenot (AFP)
Le corps du « président » rebelle tchétchène Abdoul-Khalim Saïdoullaïev, tué samedi, a été montré à la télévision russe posé au sol, pratiquement nu, aux pieds de Ramzan Kadyrov, l’homme fort de Moscou en Tchétchénie, pour qui cette prise de guerre a valeur symbolique de trophée.
Ramzan Kadyrov, arborant un béret vert et un treillis, s’est félicité de la mort...