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L’Organisation de Shanghai veut se poser en rivale des États-Unis en Asie centrale

Malgré les déclarations de neutralité de ses membres, l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), dominée par Pékin et Moscou, s’affirme progressivement comme un contrepoids à l’influence américaine en Asie centrale. Le président russe Vladimir Poutine a notamment multiplié les attaques contre Washington. Après le sommet de l’OCS jeudi, il a évoqué la fermeture l’année dernière d’une base américaine en Ouzbékistan, autrefois allié militaire des États-Unis, estimant que la politique militaire américaine en Asie centrale était celle d’« un éléphant dans un magasin de porcelaine ». « Nous appelons tout le monde à faire très attention et à permettre à chaque pays de se développer de manière naturelle », a affirmé M. Poutine, lors d’une rencontre informelle tôt hier avec les journalistes. « Nous avons besoin de les soutenir (les États de l’Asie centrale), n’oubliez pas où se trouve l’Ouzbékistan, juste à côté de l’Afghanistan », a plaidé le numéro un russe. L’Ouzbékistan, pays ex-soviétique d’Asie centrale et le plus peuplé de la région, a été épinglé par Washington et l’Union européenne pour la répression sanglante du soulèvement d’Andijan en mai 2005. Jeudi, le président ouzbek Islam Karimov et d’autres dirigeants ont dénoncé les « ingérences » étrangères dans leurs systèmes politiques, dans une attaque manifeste contre les critiques américaines et occidentales sur le manque de démocratie dans leurs pays. « C’est un bloc sino-russe qui prend de l’importance, destiné à lutter contre l’influence américaine en Eurasie », juge Ariel Cohen, expert en sécurité énergétique à la Fondation Heritage, un centre d’études conservateur basé à Washington. Pour la presse libérale russe, il n’y a pas de doute que l’OCS entend gérer seule les problèmes de la région. « Le principal message idéologique du sommet est un antiaméricanisme montant. Le principal objectif du sommet est d’affirmer le rôle de l’OCS en tant qu’unique organisation responsable de la situation dans la région », a écrit le quotidien Kommersant. « Au cours de la dernière année, les membres de l’organisation ont travaillé de manière active pour transformer l’OCS en organisation anti-OTAN », a poursuivi le quotidien. Cependant, soulignent certains, au-delà des grands discours et des grands-messes, comme à Shanghai, l’organisation, créée en 2001 pour lutter contre le terrorisme et le séparatisme, n’a guère fait la preuve de son efficacité. « Les liens entre tous ces pays sont essentiellement bilatéraux. Cette organisation est plus belle en apparence qu’en réalité », estime Vladimir Pribilovski, responsable du centre d’études indépendant de Moscou Panorama. Un journaliste kirghiz présent à Shanghai et s’exprimant anonymement a affirmé que l’OCS avait été incapable de traiter l’instabilité à la frontière de son pays, où en mai des assaillants venus du Tadjikistan voisin ont tué quatre personnes. « Il n’y a même pas de communication entre les services de renseignements du Kirghizstan et du Tadjikistan. Qu’est-ce que cette organisation a vraiment fait ? » s’est-il interrogé. Pour Jia Qingguo, expert en relations internationales à l’Université de Pékin, cela prendra du temps. « Ces pays sont des pays en développement, ils ne sont pas riches. Mais il n’y a pas de doute que l’OCS veut devenir une organisation puissante », affirme-t-il. Composé à l’origine en 1996 de trois pays d’Asie centrale, de la Russie et de la Chine, le Groupe de Shanghai s’est transformé en Organisation de coopération de Shanghai avec l’adhésion de l’Ouzbékistan en 2001.

Malgré les déclarations de neutralité de ses membres, l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), dominée par Pékin et Moscou, s’affirme progressivement comme un contrepoids à l’influence américaine en Asie centrale.
Le président russe Vladimir Poutine a notamment multiplié les attaques contre Washington. Après le sommet de l’OCS jeudi, il a évoqué la...