Rechercher
Rechercher

Actualités

Les 25 élaborent un lexique des termes et questions sensibles visant à lutter contre la radicalisation L’UE cherche ses mots pour parler du terrorisme et de l’islam

Comment est perçu le mot « islamisme » dans les pays musulmans ? Que signifie le terme « jihad » ? Pour aider ses responsables à parler « sobrement » du terrorisme sans stigmatiser l’islam, l’UE essaye de rédiger un lexique sur ces questions sensibles. Avant même la polémique sur les caricatures danoises du prophète Mohammad, les 25 avaient décidé fin 2005 de « développer un vocabulaire commun permettant d’adopter un discours sobre pour parler des questions de terrorisme » dans le cadre plus large d’un plan d’action visant à lutter contre la radicalisation. Depuis, plusieurs réunions d’experts (spécialistes de l’islam, linguistes, etc.) sous la présidence autrichienne de l’UE ont permis la définition d’un premier document, obtenu en anglais par l’AFP, et qui doit être finalisé d’ici à la fin de l’année. « Une stigmatisation involontaire résultant d’un mauvais choix de mots peut contribuer au processus de radicalisation », peut-on lire en préambule. D’une manière générale, les gouvernements européens, « qui n’ont pas d’autorité reconnue sur les questions théologiques », sont invités « à restreindre leur utilisation des termes religieux » et à ne pas assimiler les personnes de confession musulmane à leur religion qui n’est souvent « qu’une partie de leur identité ». Le lexique proprement dit ne comprend cependant que trois termes : « islamisme », « fondamentalisme » et « jihad », qui sont replacés dans leur contexte historique et religieux. Ainsi est-il déconseillé d’utiliser l’expression « terrorisme islamique » au profit de « terrorisme islamiste », qui lie « le terrorisme à une idéologie politique distincte, et non pas à la religion dans son ensemble ». Mais, pour l’UE, « terrorisme islamiste n’est pas non plus sans problème », dans la mesure « où beaucoup d’islamistes n’utilisent pas la violence pour atteindre leurs objectifs politiques » et la « distinction entre islam et islamisme n’est pas forcément claire pour le grand public ». Aussi le document recommande-t-il plutôt de nommer directement les groupes responsables d’un attentat, voire d’utiliser la phrase « terrorisme qui se réclame d’une interprétation erronée de l’islam ». Deuxième mot du lexique : fondamentalisme, qui « devrait être évité dans le discours politique » car il fait référence à des croyances « qui ne sont pas nécessairement liées à un agenda politique ». Ce terme a en outre « rarement une connotation négative chez les musulmans ». Troisième et dernier mot problématique : « jihad ». Pour les experts, l’expression « terrorisme jihadiste » présente l’avantage « d’être cohérent avec les justifications avancées par les terroristes pour leurs actions ». Mais il « pourrait être offensant pour la majorité des musulmans qui contestent l’interprétation du terme jihad (« effort » en arabe classique) faite par les terroristes » pour qui le jihad est une « lutte armée que chaque musulman a le devoir de mener à titre individuel ». Selon Friso Roscam Abbing, porte-parole du commissaire européen à la Justice, Franco Frattini, ce lexique est avant tout un « outil » à la disposition de tous ceux, responsables ou fonctionnaires, qui ne sont pas spécialistes de la culture musulmane. « Ce n’est pas une question d’être politiquement correct mais un petit moyen parmi d’autres pour réduire les incitations à la radicalisation », explique-t-il. Fabrice RANDOUX (AFP)
Comment est perçu le mot « islamisme » dans les pays musulmans ? Que signifie le terme « jihad » ? Pour aider ses responsables à parler « sobrement » du terrorisme sans stigmatiser l’islam, l’UE essaye de rédiger un lexique sur ces questions sensibles.
Avant même la polémique sur les caricatures danoises du prophète Mohammad, les 25 avaient décidé fin 2005 de « développer un...