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Élie Nasnas : Un nouvel élan pour l’ACAL

Le président de l’Association des compagnies d’assurances au Liban (ACAL), Élie Nasnas – récemment élu pour une période de deux ans –, fait le point sur les mutations et les transformations du secteur des assurances, en pleine expansion. Pour le marché local, une chose est certaine : plus rien ne sera comme avant. Il y a deux ans déjà que le ministère de l’Économie a présenté à l’ACAL un projet de loi préparé par des experts canadiens avec l’aide de la Banque mondiale. Pour les experts, cette loi n’est pas adaptée aux réalités du secteur libanais et devrait donc être revue. « Nous travaillons étroitement avec le ministère de l’Économie et du Commerce sur un grand projet de loi qui, tel qu’il est présenté, nous semble très moderne, explique Élie Nasnas, président de l’ACAL. Nous entreprenons des démarches constructives et offrons nos conseils, qui ne sont pas vraiment contraires à une modernisation de ce secteur. Ce que nous souhaitons, c’est surtout une évolution et non pas une révolution. La loi n’est pas un but en soi, mais bien un outil qui nous aidera à envisager une vision future pour un secteur moderne. Car le secteur de l’assurance au Liban a toujours été pionnier dans la région. Aujourd’hui, les pays du Golfe, et les marchés jordanien et syrien ont connu un grand développement, avec des capacités financières importantes. Il faut donc que le Liban retrouve son rôle de pionnier grâce à sa richesse qui réside dans son savoir-faire et dans ses ressources humaines. » «Par ailleurs, note-t-il, la loi prévoit une augmentation du capital des sociétés d’assurances au Liban. Nous sommes d’accord avec ce réajustement, mais il devrait se faire par étapes. Il faut prévoir progressivement cette évolution et ne pas bouleverser d’un coup le paysage. » Des réformes de la loi et des incitations fiscales doivent être mises en place par le ministère des Finances pour les assurances-vie et les produits d’épargne. « Cela inciterait les employeurs et les travailleurs à thésauriser pour leur vieillesse, explique Élie Nasnas. La fiscalité de l’épargne salariale d’entreprise et la défiscalisation de l’assurance-vie doivent être revues. Si l’on encourage les plans d’épargne à long terme et l’assurance-vie, l’assurance deviendra un pilier essentiel de l’économie, comme dans tous les pays développés. Les assureurs d’aujourd’hui ne se contentent plus de gérer des sinistres. Avec les fonds de pension et de retraite, ils deviennent les plus grands intervenants sur les marchés financiers. En créant des épargnes longues, on pourra financer des projets de long terme. À cet égard, l’État se doit d’apprécier à sa juste valeur le rôle essentiel des compagnies d’assurances. » Priorités nécessaires L’ACAL œuvre à l’adoption d’une loi efficace qui permettrait le développement du secteur ainsi qu’un meilleur contrôle du marché. « L’État doit offrir des possibilités de croissance à travers l’instauration des assurances obligatoires. Nous avons aujourd’hui l’expérience de l’assurance-auto obligatoire pour les dégâts corporels. La promulgation d’une telle loi a été une bonne chose, mais nous connaissons aujourd’hui ses lacunes et ce qu’il faudrait y modifier. Profitons de cette leçon pour qu’à l’avenir, nous ne tombions plus dans les mêmes problèmes. Ce projet de loi devrait nous aider à faire adopter les assurances obligatoires comme l’assurance-auto pour les dégâts matériels, les responsabilités civiles professionnelles dans l’industrie du bâtiment, les responsabilités médicales appelées “ Malpractice ”. Tous ces changements doivent s’imposer de manière évolutive, et un organisme de contrôle encore plus efficient doit être mis en place. Nous demandons une réorganisation de la Commission de contrôle : que les pouvoirs décisionnels soient ceux d’une institution tout en gardant les pouvoirs exécutifs entre les mains du dirigeant. » Il n’existe pas de statistiques relatives au secteur de l’assurance et c’est pourquoi l’ACAL a créé un comité chargé de mettre en place les chiffres révélateurs des compagnies d’assurances. « Nous avons pris contact avec le ministre de l’Économie et du Commerce pour lui demander de nous communiquer toutes les informations globales à sa disposition, assure M. Nasnas. Il est grand temps de donner aux éventuels investisseurs et réassureurs des informations précises et d’assurer une transparence du marché.» «Parallèlement, nous essayons de régler les problèmes des contentieux liés aux mutuelles. Nous avons entamé des pourparlers avec l’Association des banques afin de mettre en place un cadre institutionnel à la bancassurance. » Culture et campagne d’éveil Regagner la confiance des clients, retrouver une image inspirant confiance et efficacité sont autant de facteurs qui régissent les ambitions des assureurs et de l’ACAL. Au départ, les compagnies d’assurances dépendaient à 90% des courtiers et aucune loi ne réglementait leur cadre de travail. Ils vendaient autant de produits qu’ils pouvaient sans vraiment connaître le contenu de chacun ; la course au chiffre d’affaires régissait le marché, car ces courtiers étaient rémunérés sur base de commissions. En cas de sinistres, la couverture n’était jamais efficace et ce sont les compagnies d’assurances qui en souffraient. Par ailleurs, certaines sociétés bradent leurs prix pour des raisons de survie et, par conséquent, payent moins de sinistres. Cela se répercute donc sur les mauvais mais également les bons assureurs. La mauvaise image des compagnies d’assurances doit donc changer et la culture de l’assurance doit évoluer. Il faut aujourd’hui penser à souscrire non seulement pour des produits traditionnels, mais aussi pour des produits plus complexes. C’est cette culture de l’assurance, si nécessaire à son développement, que tente d’établir l’ACAL. « Nous avons mis au point un plan de changement qui a commencé par une campagne d’éveil, affirme M. Nasnas. Des panneaux publicitaires ont montré l’importance de l’assurance dans la vie de chacun. Nous allons, j’espère, poursuivre notre campagne d’éveil. Par ailleurs, nous allons aider les jeunes étudiants dans leurs orientations professionnelles en nous rendant dans les écoles. Nous allons les familiariser avec le métier d’assureur et les initier à l’importance de l’assurance dans le quotidien. » Faire de Beyrouth le centre de l’assurance régionale Le marché régional se développe et de grandes compagnies libanaises s’y sont implantées. Comme l’assure M. Nasnas, « le potentiel y est très important. Nous demandons que le métier d’assurance soit inclus dans un cadre de loi offshore pour faciliter encore plus ce développement. Nous avons la qualité de vie nécessaire et les ressources humaines de qualité pour inciter les multinationales à s’établir au Liban et à ouvrir des bureaux régionaux à partir de Beyrouth. Ce qui nous reste à faire, c’est de proposer des coûts de télécommunications moins élevés, d’offrir des facilités pour aider ces compagnies à développer de plus en plus leurs activités et enfin d’établir une fiscalité offshore pour le métier d’assurances. » Il est évident qu’une nouvelle dynamique s’est installée au sein de l’ACAL. Elle permet un dialogue transparent entre les assureurs et les ministères concernés. « Notre plan d’action a été lancé et j’espère que d’ici à deux ans, toutes les bases seront établies et les résolutions seront appliquées, souhaite Élie Nasnas. Les difficultés existent, certes, mais nous arriverons au bout de nos peines. L’importance du potentiel offert par les compagnies d’assurances libanaises et leurs équipes, et la motivation des assureurs porteront certainement leurs fruits et aideront à restructurer le secteur et à offrir des opportunités de développement. Il ne me reste plus qu’à espérer que toutes les décisions qui seront prises assureront une application effective pour un développement continu. »
Le président de l’Association des compagnies d’assurances au Liban (ACAL), Élie Nasnas – récemment élu pour une période de deux ans –, fait le point sur les mutations et les transformations du secteur des assurances, en pleine expansion.
Pour le marché local, une chose est certaine : plus rien ne sera comme avant. Il y a deux ans déjà que le ministère de l’Économie a...