Rechercher
Rechercher

Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE « Halte », le récit d’un voyage non traditionnel de Gregory Buchakjian

Ce voyage de quatre jours, un long week-end férié de février, qui devait l’emmener, avec deux amis, du Caire à Alexandrie, en passant par Siwa, lui paraissait presque banal, trop facile. Lui qui est si souvent parti loin, bien plus loin, et dans des conditions bien plus difficiles. Mais ce baron voyageur n’avait pas prévu que ce court séjour lui ferait vivre une des aventures les plus intenses de sa vie. Et donner naissance à un livre, édité par Labor et Fides, vendu en France, en Suisse et au Liban. Récit, avec l’humour qu’on lui connaît, de l’incroyable aventure de Gregory Buchakjian. Il y a plus de dix ans, avec son compère Patrick Kassardjian, Gregory Buchakjian a créé « baron et baron ». Baron pour « monsieur », en arménien, et pour cette complicité qui les lie depuis l’école. Sous cette bannière, les deux messieurs ont organisé des voyages « non traditionnels », comme ils le disent si bien, où culture, archéologie, moments insolites et bonne humeur étaient au rendez-vous. Et sur un site Internet qui devient le rendez-vous incontournable des amoureux du voyage dans le monde, ils sont actuellement plus de 30 intervenants. Lorsque le premier lève le pied, le second, également professeur d’histoire de l’art et de design à l’ALBA et à l’USJ, poursuit ses pérégrinations vers de nombreuses destinations. L’Égypte, il connaissait. « Mais la destination mythique de Siwa me tentait, » précise Gregory. La veille du retour au Liban, le jeune esthète, un touriste très ordinaire, « planté au milieu de la corniche », fait un croquis du consulat de France pour compléter son carnet de voyage, « petit objet de format 14,7 x 10,9 cm », logiquement inoffensif. Un agent de la sécurité, qu’il surnommera plus tard « Ramsès II », l’aborde et l’arrête. « Je vais devoir prendre cinq minutes de ton temps, » lui affirme-t-il. L’interrogatoire durera 8 heures. Histoire d’une arrestation peu ordinaire « Au début, raconte l’étrange espion, je n’ai pas paniqué. Tout cela était tellement absurde que je n’ai pas pensé, un seul instant, que je finirais derrière les barreaux. » Bien au contraire, il se dit tout bas : « Chic, une nouvelle aventure à rajouter dans mes carnets de voyage ! » Tout se passe très vite, et très vite Gregory se retrouve en cellule, dans un décor de film égyptien et une ambiance totalement surréaliste. Tu ne verras plus la lumière du soleil, lui dit-on. « Là, tout s’est effondré et j’ai commencé à avoir peur. Il n’y avait pas de logique progressive. » Pas le droit de téléphoner, d’avertir ses amis qui ne comprennent pas son retard, inquiets. Pas le droit de s’exprimer, de comprendre pourquoi on l’arrête, ni celui de s’expliquer, car, aux yeux de ses geôliers, dessiner est un acte qui peut cacher bien des mystères. Accusé d’espionnage, de préparation d’acte terroriste et de menace à la sécurité de l’État, Gregory vivra une nuit difficile qui finira, vers une heure du matin, autour d’un club sandwich avec ses compagnons de voyage, Claude et Sary, dans le hall de l’hôtel Cecil. Histoire d’un livre « À mon retour, beaucoup de gens m’ont proposé d’écrire un article dans la presse, de me plaindre auprès des autorités. Mais l’attentat de Hariri, quelques jours plus tard, a fait voler tous ces projets en éclats. » Gregory commence à écrire, pour lui, pour se débarrasser de ce malaise qui a frôlé le traumatisme. « Je n’ai pas été maltraité, j’ai été insulté. » En novembre 2005, lors d’un dîner, il rencontre certaines personnes de la maison d’édition Labor et Fides qui sont intéressées par son histoire. « J’étais très heureux de ce concours de circonstance. » Le livre, un récit plein de références culturelles et artistiques qui peuvent surprendre (« Une déformation professionnelle, je les ai mis pour le côté drôle plus que pour le côté prétentieux ») se lit avec l’humour qui caractérise son auteur. Les personnages ont de drôles de surnoms, outre Ramsès II, on découvrira Abraham Lincoln, le Dhabet ou encore le Carré, dignes personnages de romans, des chapitres aux titres éloquents : Les jambes de Sharon Stone, La fuite de Tom Cruise et La chute de Constantinople. « Le titre du livre, Halte, sans point d’exclamation, est, souligne l’auteur, un récit de voyage statique, qui est à l’opposé de la mobilité caractérisant d’habitude un voyage. Le titre avait cet avantage de dire que c’est une halte, un arrêt. » Le livre, en vente d’abord en Suisse puis en France, se trouve à la CD-Thèque, qui l’a également distribué chez Antoine et bientôt dans toutes les librairies. Le plaisir fugace de ces 103 pages donne au lecteur une envie d’en avoir encore plus. Envie partagée avec Gregory Buchakjian, qui caresse déjà l’idée d’autres récits de voyages, non traditionnels, bien sûr... Carla HENOUD
Ce voyage de quatre jours, un long week-end férié de février, qui devait l’emmener, avec deux amis, du Caire à Alexandrie, en passant par Siwa, lui paraissait presque banal, trop facile. Lui qui est si souvent parti loin, bien plus loin, et dans des conditions bien plus difficiles. Mais ce baron voyageur n’avait pas prévu que ce court séjour lui ferait vivre une des aventures...