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Actualités - CHRONOLOGIE

Cerbère

Peu importe la forme, après tout, le poids des mots, le choc des formules, le maquillage parfois outrancier, le gloss qui surligne chaque phrase, chaque image. Aussi critiquable, provocatrice ou racoleuse soit-elle parfois, la forme joumblattienne n’existe plus, noyée qu’elle est – maintenant que l’homme n’a plus rien à perdre, rien à prouver – par les affolantes consistance et rigueur du fond. Et, dans le fond, au fond, il n’y a plus de place chez WJ que pour le long, l’inconfortable mais nécessaire chemin de la rédemption – et tant mieux (pour lui) si cette expiation, ce Golgotha, s’harmonise exactement avec sa realpolitik, souvent redoutablement efficace. Comme un fumeur qui a arrêté et qui ne supporte plus que les autres allument la moindre cigarette, comme un ex-vandale révélé en militant Greenpeace et qui ne voit plus que le bout de son nez, WJ est devenu ce terrifiant et salutaire terroriste, uniquement consacré à combattre ce qu’il a lui même reconnu avoir exercé pendant ces longues années de lâcheté : le haïssable viol à répétition et dans toutes les positions possibles et imaginables de toutes les démocraties. La repentance de l’homme est d’autant plus spectaculaire, plus crédible, qu’il a été le seul, parmi tous (et tous, à une ou deux exceptions près, sont coupables des mêmes chefs d’accusation), à avoir fait son mea culpa, le plus officiellement du monde. Et voilà aujourd’hui que cette contrition devient acte d’utilité publique : WJ fait un travail ingrat et indispensable, qui consiste à rappeler à tous ceux qui seraient extrêmement disposés, de bonne ou de mauvaise foi, à l’oublier qu’il y a des limites aux compromis, que de mortels venins s’écouleront si l’on commence à s’abandonner aux compromissions, que même les concessions, lorsqu’elles se font dans un seul sens, perdent toute leur valeur, tout leur effet. Par amour ou par raison, par conviction ou par stratégie, l’homme de Moukhtara est devenu le gardien du trésor du 14 Mars, l’épouvantail d’Oz, parachuté et cœur de cible dans le champ des acquis de l’après-26 avril. Entendre ses mises en garde, en gommer ensuite éventuellement les excès, c’est contribuer à ressusciter un pays, garder vivants des martyrs. Ziyad MAKHOUL
Peu importe la forme, après tout, le poids des mots, le choc des formules, le maquillage parfois outrancier, le gloss qui surligne chaque phrase, chaque image. Aussi critiquable, provocatrice ou racoleuse soit-elle parfois, la forme joumblattienne n’existe plus, noyée qu’elle est – maintenant que l’homme n’a plus rien à perdre, rien à prouver – par les affolantes...