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Actualités - OPINION

L’esprit de Gebran Tuéni ravivé par les étudiants de l’AUB

L’amicale estudiantine de la faculté des arts et des sciences de l’Université américaine de Beyrouth a organisé une exposition en mémoire du martyr Gebran Tuéni sur le campus de l’université. Sur cinq panneaux installés tout près du West Hall, des photos retraçant le parcours de la vie du journaliste ont été exposées, attirant étudiants et professeurs de tout bord. Des images qui racontent en silence le parcours de la vie d’un héros qui a mené son combat pour la liberté et la souveraineté de son pays jusqu’au bout avant d’être lâchement assassiné. C’est d’ailleurs cet aspect combatif et rebelle de la personnalité de Gebran Tuéni, mais également le côté purement humain qui ont été évoqués lors de la conférence organisée à cette occasion. Un documentaire spécial sur les derniers mois vécus par le journaliste et député martyr a été projeté au début de la conférence, rappelant à une audience – particulièrement émue – le fameux serment lancé devant une marée humaine le 14 mars 2005. Retour en images également pour les douloureuses funérailles du martyr Samir Kassir, durant lesquelles Gebran Tuéni portait le cercueil de son collègue. Un moment marqué par la douleur, l’indignation, mais également le défi. Enfin, le documentaire a rapporté en outre des passages de la dernière apparition de Gebran lors de l’émission Kalam el-nass, quelques semaines après l’attentat perpétré contre la journaliste May Chidiac ; une émission qui est restée dans la mémoire du fait des propos particulièrement virulents lancés par le martyr contre le régime syrien, l’invitant à défier les politiciens – « nous et non un papillon », avait-il dit en allusion à May Chidiac. L’assassinat du journaliste et député n’a pas tardé après cet « appel ». C’était ensuite au tour de Nayla Tuéni et de Ghassan Hajjar, deux journalistes d’an-Nahar, de partager leurs expériences personnelles avec le journaliste martyr. Prenant la parole, Mlle Tuéni a voulu mettre l’accent sur l’aspect purement humain de son père. « Gebran Tuéni a beaucoup souffert durant son enfance et sa jeunesse à cause de la maladie de sa sœur et de sa mère », raconte-t-elle, et il a toujours exprimé une compassion envers les malades. Mais c’est quelqu’un qui « arrosait son entourage de bonheur » et d’optimisme, et qui montrait une affection particulière envers ses filles. D’ailleurs, chaque samedi ou dimanche, « il insistait à rester avec nous, mettant de côté son travail, pourtant surchargé », raconte Nayla. C’était quelqu’un de profondément chrétien dans sa croyance religieuse et de profondément libanais dans son appartenance nationale. « Il a refusé de quitter le pays, même lorsque sa famille vivait à l’étranger », ajoute Nayla, qui précise que son père ne voulait pas prêcher la résistance et vivre en même temps en dehors du pays. Entre la carrière politique, diplomatique, mais également philosophique de son père et le poème engagé de sa mère, Gebran Tuéni a grandi dans une famille attachée au Liban, et la libération de son pays de toute occupation étrangère était devenue sa cause. « Quelques jours après le retrait israélien, mon père s’était rendu avec un groupe d’amis à la frontière pour célébrer » l’événement, raconte Nayla. Il considérait que la libération du Sud devait être couronnée par une fin de la tutelle syrienne et un rétablissement de la souveraineté totale. Quant à M. Ghassan Hajjar, il a rappelé à l’audience qu’il y a un an exactement, une conférence s’est tenue au même endroit à l’AUB, mais en présence de Gebran Tuéni. Il a évoqué ensuite le côté rebelle du martyr qui est arrivé même à se révolter contre « la politique classique adoptée par le journal de son grand-père et de son père ». Il a créé ainsi Nahar ach-chabab et Nahar al-alam (du monde) afin de permettre aux jeunes de s’exprimer (à travers le Hyde Park) et aux lecteurs intéressés par la politique internationale de ne pas être confinés aux affaires locales. M. Hajjar a rappelé également que Gebran a introduit les couleurs dans son journal et s’est lancé dans un projet de modernisation de la technologie mise en place après avoir supervisé directement la construction du nouveau bâtiment d’an-Nahar. Il a ainsi créé une « vraie révolution dans le fond et la forme du journal ». C’était quelqu’un qui cherchait le changement où qu’il soit, et « sa souffrance n’était pas due uniquement à son passé personnel, mais elle avait pour source également le désespoir et le défaitisme de la société contre lesquels il voulait lutter à tout prix ». C’est alors qu’il s’est trouvé de facto proche de la jeunesse en laquelle il voyait l’espoir et l’élan du changement. « Gebran suivait en personne l’arrestation par les SR de chaque étudiant et déployait tous ses efforts en utilisant ses contacts pour parvenir à le libérer », raconte Ghassan Hajjar. Son dernier projet élaboré avant son assassinat portait sur le gouvernement de l’ombre – un projet visant à intégrer les jeunes universitaires dans le processus de décision. Ces jeunes pourraient, selon la vision de Gebran, suivre en permanence les décisions économiques, sociales et politiques du gouvernement, et critiquer, le cas échéant, les irrégularités. « À l’époque de l’occupation, les jeunes devaient être dans les rues pour manifester et renforcer le courant d’opposition, mais après la libération du Liban, l’heure était venue de s’intégrer au pouvoir pour stimuler les corrections nécessaires de l’intérieur », ajoute M. Hajjar. C’est d’ailleurs cet engagement-là pour faire avancer les choses dans le bon sens qui permettrait d’éviter un nouvel assassinat, celui de l’esprit de Gebran Tuéni... B. K.
L’amicale estudiantine de la faculté des arts et des sciences de l’Université américaine de Beyrouth a organisé une exposition en mémoire du martyr Gebran Tuéni sur le campus de l’université. Sur cinq panneaux installés tout près du West Hall, des photos retraçant le parcours de la vie du journaliste ont été exposées, attirant étudiants et professeurs de tout bord. Des images...