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Actualités - CHRONOLOGIE

INSTALLATION VIDÉO « Omniscience », au laboratoire de l’Espace SD, jusqu’au 1er juillet Waël Hattar : une recherche identitaire basée sur l’image

« Je suis un nomade des temps modernes », lance Waël Hattar sur un ton badin. Le jeune graphiste et vidéaste – dont l’installation vidéo « Omniscience » occupe le laboratoire de l’Espace SD jusqu’au 1er juillet – s’amuse de ses éternelles pérégrinations. Né à Dubaï d’une mère libanaise et d’un père jordanien, il a vécu aux Émirats, puis à Beyrouth pour faire ses études (de graphic design à l’AUB). Puis il est allé à Londres pour suivre une formation à l’école du cinéma. Depuis, il ne cesse d’effectuer des allers-retours entre ces trois villes, sans appartenir réellement à aucune d’elles. Même s’il le souligne sur un ton amusé, une pointe de regret reste perceptible dans ses paroles. « Je suis arabe, mes parents viennent chacun d’une ville arabe différente et j’ai été élevé dans une troisième. Techniquement, légalement, je n’ai pas le droit d’appartenir à aucune de ces villes. Sauf à celle de mon père, Amman, où je n’ai vécu qu’un mois et demi en tout et pour tout. Et, récemment, avec tous ces débats autour de l’arabité et comme j’appartiens à la foi chrétienne, on me renie aussi mon identité arabe.» « Entre les gros poncifs véhiculés par certains médias, entre le musulman arabe terroriste et l’envahisseur chrétien, je ne sais vraiment pas où me situer et qui suis-je sinon un Arabe. Mais au fait, c’est quoi être un Arabe ? » Cette recherche identitaire a mené l’artiste à effectuer des œuvres vidéo sur ce sujet. Résultat, le London Arts Council l’invite à l’exposition « Arabise Me », qui se tiendra fin août au Victoria and Albert Museum de Londres. Hattar y présentera une œuvre interactive, conçue comme un « PR event ». « Oui, elle sera aussi nette et brillante de propreté que les réceptions de relations publiques pour promouvoir un produit de luxe. Le produit en question sera évidemment l’identité arabe. » Le tout trempé à la sauce politiquement incorrecte et relevé d’une bonne dose de cynisme. Pour le moment et à l’Espace SD, Waël Hattar investit le laboratoire avec une installation vidéo qui met en scène nos perceptions du temps et du mouvement. Il s’agit-là d’une métaphore de la vie londonienne en particulier (où l’œuvre a été filmée) et de la vie citadine en général. « Le spectateur passe des moments hors du rythme forcené de la vie quotidienne, se contentant d’observer, tout simplement.» Les images en mouvement fascinent l’artiste au plus haut point. Mais c’est le facteur temps qu’il aime le plus manipuler dans ses œuvres. « L’installation vidéo est pour le moment le seul moyen qui me permette de contrôler le temps. » Alors que les images bougent ou reviennent en boucle, le spectateur a le temps de réfléchir à tout se qui se passe devant lui. Hattar filme simultanément, à l’aide de quatre caméras, quatre coins opposés d’une place londonienne. L’objectif est braqué d’un côté sur une sortie de métro, d’un autre sur un english pub. Une allée déserte et une épicerie du coin constituent les deux autres points de focalisation. « Il faut être attentif à ce qui nous entoure. C’est à ce moment-là que l’on comprend tout. La même chose se passe dans la direction opposée. Et si vous n’y prêtez pas attention, la vie vous laissera de côté. » Et Hattar de conclure : « Il y a une connexion indéniable entre ces quatre endroits. Même la chose la plus insignifiante engendre quelque chose. Même l’acte le plus banal possède des conséquences. » Rien ne se perd, tout se transforme. Maya GHANDOUR HERT
« Je suis un nomade des temps modernes », lance Waël Hattar sur un ton badin. Le jeune graphiste et vidéaste – dont l’installation vidéo « Omniscience » occupe le laboratoire de l’Espace SD jusqu’au 1er juillet – s’amuse de ses éternelles pérégrinations. Né à Dubaï d’une mère libanaise et d’un père jordanien, il a vécu aux Émirats, puis à Beyrouth pour faire...