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Actualités - CHRONOLOGIE

THÉÂTRE - « Défense de toucher », de Aïda Sabra et Zaki Mahfoud, au Monnot, ce soir et demain La condition féminine mimée et épinglée...

Sept ans après l’avoir présentée pour la première fois au Théâtre de Beyrouth, à l’occasion du lancement du collectif Chams, le duo Aïda Sabra et Zaki Mahfoud reprend, en la modifiant, sa pièce mimée, « Mamnouh al-Lamess » ou « Défense de toucher ». Un monodrame silencieux que le couple de comédiens donne à voir, jusqu’au 4 juin, sur les planches du théâtre Monnot*. Pour tout décor, deux fils rouges coulissants tendus de part et d’autre de la scène et, dans un coin, un tas de hardes. Aïda Sabra fait son entrée, en justaucorps noir, portée par Zaki Mahfoud, qui la dépose, droite, rigide comme... un paquet de lessive, dans la flaque de lumière qui délimite l’espace scénique. Seule, sous le cercle lumineux, elle pousse le cri primal, avant de commencer à s’animer. Gestes loufoques, doublés de drôles de sons, de rires syncopés, d’expressions cocasses, elle parodie, Aïda Sabra, le déroulement d’une vie de femme. Regards étonnés, mimiques, onomatopées... Elle bouge ses membres, s’étire, se déploie, chancelle, pousse de drôles de petits cris, dodeline de la tête, lance une jambe en arrière, une autre en avant... Elle figure, raconte sans un mot l’enfance et ses jeux innocents. Puis la puberté, l’éclosion de la curiosité sexuelle, ses pudeurs et ses tabous. Elle s’observe, se détaille... Mais attention, défense de toucher ! Elle attrape maladroitement dans le tas de linge de quoi se couvrir, cacher ses formes naissantes. Arrivent ensuite les rêveries amoureuses. Et, avec elles, le linge qu’elle étend comme autant d’étendards de ses attentes. C’est la valse des petites culottes qui se rapprochent dangereusement du caleçon d’homme ! Puis la concrétisation de l’amour, le mariage. Sur un air de tango, quelques pas de danse d’une magnifique souplesse. Et, derrière le drap tendu, une gestuelle frénétique enrobée d’envol de bulles de savons, images de la félicité conjugale. Période trop courte, rapidement effacée par les taches ménagères et les crises... Derrière le rideau, les sous-vêtements volent, les cris fusent, les rouleaux de papiers hygiéniques forment des salves d’insultes silencieuses... Jusqu’au drame. Celui qui fait perdre à la femme son statut traditionnel, qui la déchoit de son piédestal... Un final interprété sur le mode tragique par la mime émouvante, qui tombe ici le masque du burlesque. Pour révéler le fond amer de ce spectacle (conçu et signé Aïda Sabra et Zaki Mahfoud), qui épingle, au moyen de linge sur une corde tendue, la condition féminine. Une quarantaine de minutes de jeu captivant et d’expressions fortes. Défense de ne pas y assister ! Un duo à la ville et au théâtre Défense de toucher est le troisième travail en commun de Aïda Sabra et Zaki Mahfoud. Entre deux collaborations sur scène (avec notamment Roger Assaf, Yaacoub Chédraoui ou Boutros Rouhana... et – pour elle – à la télé, avec Marwan Najjar), ce duo à la ville forme également équipe dans la conception et la mise en scène de certains projets personnels qui leur tiennent à cœur. En 1997, ils avaient signé et interprété Halet Hobb, une adaptation d’Il est cinq heures, un texte de Paul Chaoul. L’année suivante, ils ont présenté À refaire, une interprétation mimée de poèmes de Prévert. Ils ont aussi à leur actif des participations à des Festivals d’art dramatique, dont dernièrement celui de Carthage pour Aïda (fin 2005) où elle avait présenté, avec Youmna Baalbacki, Khedlak Kadcheh, une réadaptation d’un texte de Strindberg. Une pièce qui avait été auparavant jouée à l’Acte du Monnot. Parallèlement à leur travail scénique, Zaki Mahfoud mène une carrière de journaliste, tandis que Aïda Sabra enseigne l’art dramatique à l’UL. Zéna ZALZAL Théâtre Monnot (rue de l’Université Saint-Joseph). Renseignements et réservations aux 01/320762 ou 202422.
Sept ans après l’avoir présentée pour la première fois au Théâtre de Beyrouth, à l’occasion du lancement du collectif Chams, le duo Aïda Sabra et Zaki Mahfoud reprend, en la modifiant, sa pièce mimée, « Mamnouh al-Lamess » ou « Défense de toucher ». Un monodrame silencieux que le couple de comédiens donne à voir, jusqu’au 4 juin, sur les planches du théâtre...